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PLD (Peace, Love and Diversity)
Notre approche matérialiste de lantiracisme agace les « conservateurs de la diversité »
Radouane Bouhlal Président du Mrax (Mouvement contre le racisme, lantisémitisme et la xénophobie)
jeudi 20 mai 2010, 10:25
facebookdel.icio.usmyspacewindows livewikiotwitter
Les subalternes peuvent-elles parler ? Cest à ce remarquable ouvrage de lindienne Gayatri Chakravorty Spivak (1) que nous avons immédiatement pensé en lisant, avec surprise, les deux articles consacrés la semaine dernière aux Assises de lInterculturalité articles qui présentent le président du Mrax comme un acteur « très controversé » qui, de ce fait, vicie en quelque sorte le Comité de pilotage desdites Assises, ainsi entaché dun « casting qui fait grincer des dents » (2). Le Comité serait même carrément condamné par avance pour ses « erreurs de casting » (3), avec, pour illustration, le fait que le Grand Rabbin et lEvêque de Tournai collaborent à la Commission Gouvernance, comme si seuls les laïquo-athées étaient autorisés à traiter de cette question. Cest probablement pour ce motif quil nest pas mentionné quun membre du Centre dAction Laïque y siège également.
Mais à qui appartiennent ces dents qui grincent ? Qui sont pour paraphraser Christine Delphy (4) ces personnes « légitimes » qui, sans quon en entende jamais « parler », « parlent » tout le temps des « Autres » dont on entend « parler » sans arrêt, sans jamais leur permettre de « parler ».
Cest lune des questions posées par le fameux texte précité, lun des piliers des études postcoloniales : les subalternes ne peuvent pas parler delles-mêmes, non pas quelles nen soient pas capables, mais elles ne bénéficient pas de lespace pour ce faire.
Puisque lespace nous est ici donné, relevons que sil est curieux de condamner les Assises à cinq mois de la remise du rapport final, lon peut en revanche dores et déjà constater que sur les 14 francophones du Comité de pilotage, seuls deux (!) sont issus des immigrations prolétaires extra-européennes de laprès-guerre.
Au regard du nouveau visage de la Belgique, cest fondamentalement à ce niveau que résident les « erreurs de casting ». Faut-il en conclure que le gouvernement fédéral a fait preuve de profilage ethnique dans les nominations ? Non, serait-on tenté de dire, le Gouvernement fédéral nest pas raciste, notre société nest pas raciste, seuls les partis dextrême droite le sont. Pourtant, et pour prendre lexemple du marché du travail, force est de constater quil est organisé en différentes strates ethniques où les « Mahmadou », « Asiyé » et « Mohamed » sont les plus exposé(e)s aux mauvaises conditions de travail, aux faibles salaires et au chômage. Et cette précarité se constate dans tous les secteurs professionnels, en ce compris celui de linterculturalité. Du coup, lorsquil sagit de nommer des personnes dorigine étrangère à des postes à responsabilité, il ne reste, parmi elles, que les personnes « très controversées ». Cest-à-dire celles qui sont assez insensées ou audacieuses pour porter une parole franche, donc forcément dure à admettre, sur la réalité discriminatoire quelles et leurs « semblables » vivent quotidiennement, et que les collègues issus de la société dominante, qui ont déployé moins defforts et supporté moins daccusations en tous genres pour siéger autour de la même table, ne peuvent rêver toucher des doigts quen
fermant les yeux bien fort.
Radouane Bouhlal Président du Mrax (Mouvement contre le racisme, lantisémitisme et la xénophobie)
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Les subalternes peuvent-elles parler ? Cest à ce remarquable ouvrage de lindienne Gayatri Chakravorty Spivak (1) que nous avons immédiatement pensé en lisant, avec surprise, les deux articles consacrés la semaine dernière aux Assises de lInterculturalité articles qui présentent le président du Mrax comme un acteur « très controversé » qui, de ce fait, vicie en quelque sorte le Comité de pilotage desdites Assises, ainsi entaché dun « casting qui fait grincer des dents » (2). Le Comité serait même carrément condamné par avance pour ses « erreurs de casting » (3), avec, pour illustration, le fait que le Grand Rabbin et lEvêque de Tournai collaborent à la Commission Gouvernance, comme si seuls les laïquo-athées étaient autorisés à traiter de cette question. Cest probablement pour ce motif quil nest pas mentionné quun membre du Centre dAction Laïque y siège également.
Mais à qui appartiennent ces dents qui grincent ? Qui sont pour paraphraser Christine Delphy (4) ces personnes « légitimes » qui, sans quon en entende jamais « parler », « parlent » tout le temps des « Autres » dont on entend « parler » sans arrêt, sans jamais leur permettre de « parler ».
Cest lune des questions posées par le fameux texte précité, lun des piliers des études postcoloniales : les subalternes ne peuvent pas parler delles-mêmes, non pas quelles nen soient pas capables, mais elles ne bénéficient pas de lespace pour ce faire.
Puisque lespace nous est ici donné, relevons que sil est curieux de condamner les Assises à cinq mois de la remise du rapport final, lon peut en revanche dores et déjà constater que sur les 14 francophones du Comité de pilotage, seuls deux (!) sont issus des immigrations prolétaires extra-européennes de laprès-guerre.
Au regard du nouveau visage de la Belgique, cest fondamentalement à ce niveau que résident les « erreurs de casting ». Faut-il en conclure que le gouvernement fédéral a fait preuve de profilage ethnique dans les nominations ? Non, serait-on tenté de dire, le Gouvernement fédéral nest pas raciste, notre société nest pas raciste, seuls les partis dextrême droite le sont. Pourtant, et pour prendre lexemple du marché du travail, force est de constater quil est organisé en différentes strates ethniques où les « Mahmadou », « Asiyé » et « Mohamed » sont les plus exposé(e)s aux mauvaises conditions de travail, aux faibles salaires et au chômage. Et cette précarité se constate dans tous les secteurs professionnels, en ce compris celui de linterculturalité. Du coup, lorsquil sagit de nommer des personnes dorigine étrangère à des postes à responsabilité, il ne reste, parmi elles, que les personnes « très controversées ». Cest-à-dire celles qui sont assez insensées ou audacieuses pour porter une parole franche, donc forcément dure à admettre, sur la réalité discriminatoire quelles et leurs « semblables » vivent quotidiennement, et que les collègues issus de la société dominante, qui ont déployé moins defforts et supporté moins daccusations en tous genres pour siéger autour de la même table, ne peuvent rêver toucher des doigts quen
fermant les yeux bien fort.