A propos du décès de la première femme fédayine européenne Yvonne Sterk
![Décès de la première femme fedayin européenne Décès de la première femme fedayin européenne](https://charleroi-pourlapalestine.be/wp-content/uploads/2019/12/yvonnesterk.jpg)
Yvonne Sterk
En 1970, la Limbourgeoise Yvonne Sterk avait attiré l’attention de la presse mondiale en étant la toute première Européenne à s’engager comme fedayine dans la résistance palestinienne. Elle est décédée le 27 juillet 2012, à l’âge de 92 ans, dans un home pour personnes âgées.
A Beyrouth, tout le monde la connaissait sous le surnom de « rafiqa Yvon’ », camarade Yvonne.
J’avais fait sa connaissance en 1975, à Beyrouth, où elle était alors secrétaire personnelle de Kamal Joumblat, le dirigeant socialiste du front libanais qui soutenait la résistance palestinienne.
Elle-même était membre du Front Démocratique communiste pour la libération de la Palestine.
En fait, elle était poétesse et journaliste.
Elle était née en 1920, dans la Campine limbourgeoise. Son père travaillait dans l’administration du charbonnage d’Eisden. C’est là qu’elle était allée à l’école, à l’époque encore en français. C’est également dans cette langue qu’elle écrira. Aussi bien la nature de la Campinne que les nombreuses nationalités qu’on y rencontre illustreront ses premiers poèmes.
(extrait de « Opgrimbie en Campine” )« Parfois la nuit est espagnole. Elle conduit ses guitares de par le paysage violet de l’automne. La pleine lune, cet œil d’Andalousie, se lève ici tout comme jadis. Federico Garcia Lorca, tel l’amour d’alors… La nuit pique une rose rouge, du même rouge que la chanson, dans la chevelure sombre du vent. »
Ses premiers recueils lui valurent une reconnaissance littéraire. Par hasard, en 1964, elle entra en contact avec un poète absolument remarquable, l’émir de Sharja (l’un des Emirats du Golfe). Ce fut le début d’une grande amitié littéraire. Le cheikh Saqr al-Qasimi était, d’une tout autre sorte que les actuels émirs du Golfe. Il fut déposé par les Britanniques, du fait qu’il était trop nationaliste et il partit en exil pour l’Égypte de Nasser (en 1966). Le résultat de leur rencontre fut son recueil Sabil al Ayun, Les Désirs de Fontaine.
Elle découvrit la cause palestinienne en avril 1967 au cours d’un congrès international d’écrivains à Beyrouth, où étaient également présents des poètes palestiniens comme Fadwa Tuqan et Ghassan Kanafani.
A l’instar d’Yvonne, ce dernier était communiste. Après la longue guerre des Six Jours, au cours de laquelle Israël conquit le reste de la Palestine, elle se rendit à Jérusalem. Dans l’un de ses poèmes, elle décrit comment les Israéliens avaient complètement rasé le quartier arabe faisant face au Mur des Lamentations afin d’en faire une vaste place :
Ensuite, elle revient en Belgique. Elle y travaille au sein du premier Comité Palestine : Paix et Justice au Moyen-Orient, en compagnie de Marcel Liebman, Luc Sommerhausen et Isabelle Blume, des socialistes de gauche et des communistes qui avaient été dans la résistance durant la Seconde Guerre Mondiale et qui avaient soutenu ensuite le Front algérien de libération, le FLN, dans sa lutte anticolonialiste contre les Français. Quand, en France, la répression devint trop forte contre la direction du FLN, celle-ci se réfugia en Belgique et, grâce aux personnes précitées et au bourgmestre socialiste de gauche de Saint-Josse-ten-Noode, Guy Cudell, ils purent se cacher à Saint-Josse.“Les tailleurs de pierre travaillent sous les branches d’olivier dans un jardin dynamité. Pierre après pierre, les siècles tombent pour la prière introuvable de Lévi (1). Sous ton foulard, sous ton chapeau, tu chantes faux, Jérusalem, mais la balance des temps ne pourra te contrefaire. »