S
Soomy
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Fin juin, des hélicoptères ont déversé des herbicides dans la région du Rif afin de détruire des champs de cannabis. Une intervention mal préparée qui a contaminé les autres cultures.
Boulizem, dans la commune de Beni Ahmed Charquia, cest un peu le bout du monde. En partant de Chefchaouen, lendroit est accessible par une nouvelle route, dans un état de délabrement avancé, et de mauvaises pistes. Avant dy accéder, il faut faire une pause pour abreuver le véhicule en essence de contrebande dans un village misérable et poussiéreux, véritable bidonville rural. Ici, on plante le cannabis depuis peu et les paysans nont pas encore engrangé assez dargent pour construire en dur à côté de leurs bicoques en tôle. Enfin, au détour dun virage, la cuvette de Boulizem apparaît telle une oasis vert tendre au creux dune vallée aride. Sauf que le tapis vert des plants de kif [haschich] est parsemé dimpressionnantes taches brunes comme si la moitié du douar avait brûlé. Après deux heures et demie de route, nous arrivons à destination. A dautres il aura suffi de quelques minutes en hélicoptère.
Une vidéo montre bien lambiance dApocalypse now
http://www.youtube.com/watch?v=CBo1fXG98PM
Mardi 29 juin, trois engins ont décollé dun terrain de foot transformé en héliport près de Bab Taza. Vers 13 heures, ils ont survolé la zone et piqué du nez vers les cultures pour asperger le sol dune substance blanche. Dans le village, cétait la panique ! Les femmes criaient, les enfants, qui navaient jamais vu dhélicoptère de leur vie, se sont mis à pleurer. Une vidéo réalisée par un habitant [consultable sur le site www.actuel.ma] résume bien lambiance dApocalypse Now quils ont vécue ce jour-là. Sans le napalm, mais avec ce satané herbicide.
Ce jour-là, comme chaque mardi, la plupart des paysans étaient au souk. Zakaria*, lui, est resté. Assoupi dans une cabane, il a été réveillé par le vacarme assourdissant des rotors. Le cultivateur sest alors précipité à lextérieur avant de sécrouler : un hélicoptère venait de larroser dherbicide. Choqué, il est resté prostré trois jours, incapable de se relever. Lhomme ne parvient toujours pas à raconter son calvaire. Le mal est dans le cur, se contente-t-il de dire dun air désolé.
[...]
* Les prénoms ont été changés.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/09/02/raid-sur-le-kif-et-sur-les-paysans
Boulizem, dans la commune de Beni Ahmed Charquia, cest un peu le bout du monde. En partant de Chefchaouen, lendroit est accessible par une nouvelle route, dans un état de délabrement avancé, et de mauvaises pistes. Avant dy accéder, il faut faire une pause pour abreuver le véhicule en essence de contrebande dans un village misérable et poussiéreux, véritable bidonville rural. Ici, on plante le cannabis depuis peu et les paysans nont pas encore engrangé assez dargent pour construire en dur à côté de leurs bicoques en tôle. Enfin, au détour dun virage, la cuvette de Boulizem apparaît telle une oasis vert tendre au creux dune vallée aride. Sauf que le tapis vert des plants de kif [haschich] est parsemé dimpressionnantes taches brunes comme si la moitié du douar avait brûlé. Après deux heures et demie de route, nous arrivons à destination. A dautres il aura suffi de quelques minutes en hélicoptère.
Une vidéo montre bien lambiance dApocalypse now
http://www.youtube.com/watch?v=CBo1fXG98PM
Mardi 29 juin, trois engins ont décollé dun terrain de foot transformé en héliport près de Bab Taza. Vers 13 heures, ils ont survolé la zone et piqué du nez vers les cultures pour asperger le sol dune substance blanche. Dans le village, cétait la panique ! Les femmes criaient, les enfants, qui navaient jamais vu dhélicoptère de leur vie, se sont mis à pleurer. Une vidéo réalisée par un habitant [consultable sur le site www.actuel.ma] résume bien lambiance dApocalypse Now quils ont vécue ce jour-là. Sans le napalm, mais avec ce satané herbicide.
Ce jour-là, comme chaque mardi, la plupart des paysans étaient au souk. Zakaria*, lui, est resté. Assoupi dans une cabane, il a été réveillé par le vacarme assourdissant des rotors. Le cultivateur sest alors précipité à lextérieur avant de sécrouler : un hélicoptère venait de larroser dherbicide. Choqué, il est resté prostré trois jours, incapable de se relever. Lhomme ne parvient toujours pas à raconter son calvaire. Le mal est dans le cur, se contente-t-il de dire dun air désolé.
[...]
* Les prénoms ont été changés.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/09/02/raid-sur-le-kif-et-sur-les-paysans