Réactions indiennes à la crise de Gaza

Réactions indiennes à la crise de Gaza

le 21/1/2009 à 11h58 par Hélène Agelou


Le 27 décembre 2008, l’armée israélienne a attaqué la bande de Gaza. Pendant près d’un mois, les combats ont été quotidiens. Depuis dimanche, ils sont arrêtés grâce à un cessez-le-feu décrété des deux côtés. L’Inde est historiquement un grand défenseur de la cause palestinienne, mais son récent rapprochement avec Israël complique la position du sous-continent.



L'université musulmane de New Delhi solidaire des Palestiniens
"Palestine, l'Inde est avec vous" pouvait-on lire sur les banderoles "Palestine : l'Inde est avec vous". C'était l'un des slogans de la marche en solidarité aux victimes des attaques israéliennes, le 14 janvier, à l'Université Jamia Millia Islamia de New Delhi.

"Ce n'est pas un problème musulman, mais de dignité humaine", explique Seema Mustafa, militante. Dans un pays comme l'Inde, où règne le prisme communautaire, il lui semble important d'insister sur ce point.

Abu Farhan, avocat et membre du forum Muslim intellectuals, appelle a une nouvelle mobilisation a Jantar Mantar, haut lieu de protestation à New Delhi. Dans les tracts qu'il distribue figure des citations du Prophète Mahomet : "Un musulman est le frère d'un musulman, il ne l'oppresse pas, ne l'abandonne pas".

Rakshanda Jalil, la coordinatrice media de l'Université Jamia, se réjouit que "tant de gens, venant parfois de loin, se soient rassemblés par cette froide nuit d'hiver pour soutenir la cause".

Ils étaient environ un millier à participer à cette marche. Un nombre modeste comparé aux manifestations européennes, mais en Inde, la crise de Gaza n'occupe pas la une des medias. Les militants regrettent le manque de couverture médiatique. Aban, étudiante, l'explique par le fait que "les medias indiens sont pro-américains".

L'Inde est un défenseur historique de la Palestine. Elle a refusé la résolution onusienne 181 de 1947, créant l'Etat d'Israël. Elle a été le premier pays non arabe à reconnaître l'Organisation de Libération de la Palestine comme "l'unique représentant légitime du peuple palestinien". Dans les années 1980, l'Inde a reconnu l'Etat de Palestine et ouvert une ambassade palestinienne à New Delhi.

"L'Inde a toujours soutenu la Palestine. Nous n'avons pas de pétrole, nous ne sommes pas un marché économique, elle n'y gagne rien, mais l'Inde croit en la justice", explique Osama Musa, l'ambassadeur palestinien en Inde.

Les liens indo-palestiniens s'inscrivent dans le contexte de la guerre froide où l'Inde était plus proche de l'URSS que des États-Unis. Après la partition indo-pakistanaise, l'Inde veilla à entretenir de bonnes relations avec les pays musulmans.

1992 marque le début des véritables relations indo-israéliennes, encouragées sous le gouvernement du BJP, parti nationaliste hindou, de 1998 a 2004. Il s'agit notamment de coopération militaire et nucléaire. Sandeep Singh, président du syndicat étudiant de l'Université J.Nehru, s'insurge contre le fait que l'Inde est l'un des plus gros acheteurs d'armes israéliennes. "Israël doit être en train d'utiliser l'argent indien pour financer cette guerre".

Toutefois, l'ambassadeur palestinien ne constate pas de changements dans la position indienne vis-à-vis de la Palestine. Au contraire, il insiste sur les derniers cadeaux de l'Inde. "Elle a offert à l'Etat palestinien le meilleur terrain du quartier des ambassades, Chanakyapuri, et y construit une nouvelle ambassade", se réjouit-il. S'y ajoute une récente aide économique : 10 millions de dollars pour le budget palestinien et 10 millions pour la construction d'infrastructures. Le 2 janvier dernier, l'Inde a répondu a l'appel des Nations Unies par l'offre d'un million de dollars supplémentaires pour Gaza.

Osama Musa ne trouve rien a redire aux messages officiels du ministère indien des Affaires Étrangères concernant les attaques israéliennes. Dans trois messages, dates du 2, 4 et 9 janvier, l'Inde s'est pourtant gardée de condamner trop violemment les attaques israéliennes, ne faisant référence a Israël qu'une fois dans ces trois messages.

Entre son nouvel allié israélien et son vieux protégé palestinien, l'Inde s'adonne donc aujourd'hui à un double jeu diplomatique.


Sources: Aujourd'hui l'Inde.
 
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