Envers et contre tout - sa propre parole, l'opposition des partis politiques de tout bord, les pressions de la communauté internationale, notamment de la France, de l'Union européenne (UE) et de l'Union africaine - le président du Niger, Mamadou Tandja (71 ans), a organisé, mardi 4 août, un référendum constitutionnel. La consultation n'avait d'autre objectif que de permettre à cet ancien militaire de s'éterniser au pouvoir.
Plusieurs villes nigériennes ont été le théâtre d'affrontements entre policiers et opposants au référendum constitutionnel. Des rassemblements ont été dispersés, parfois violemment, dans plusieurs localités de la région de Tahoua, dans l'ouest du pays, selon les forces de l'ordre et des représentants de l'opposition. Les manifestants auraient tenté de bloquer l'accès au bureaux de vote en signe de protestation contre un scrutin qui doit permettre au président Mamadou Tandja de rester au pouvoir. (Avec AFP)
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Pour en arriver là, le président Tandja n'a pas lésiné sur les moyens. Début juillet, la Cour constitutionnelle s'était prononcée contre la validité du référendum. Il l'a donc dissoute, avant d'appliquer la même recette au Parlement qui se dressait contre lui.
L'appel à la grève générale lancé par les sept principales formations syndicales du pays pour faire plier Mamadou Tandja fut, quant à lui, déclaré illégal et la grève interdite. Le 26 juin, enfin, le président nigérien s'arrogeait des "pouvoirs exceptionnels" l'autorisant à gouverner par décret. "Il ne lui reste plus qu'à dissoudre le peuple", ironise-t-on à Niamey.
De même, M. Tandja est resté sourd aux pressions financières de l'UE, qui a suspendu ses programmes de financement. La France, ancienne puissance coloniale et partenaire économique de poids du Niger, n'a pas eu plus de succès. Le 5 juillet, Nicolas Sarkozy ne pouvait que déplorer une situation "à la fois inquiétante et décevante". Il dénonçait "un dévoiement de certaines dispositions constitutionnelles". En marge de la signature, en mars, d'un contrat prometteur sur l'extraction d'uranium nigérien par Areva, le président Tandja avait pourtant promis à son homologue français de quitter le pouvoir.
Cinq mois après, M. Tandja, élu une première fois à la présidence en 1999 mais qui promène sa longue silhouette dans le paysage politique nigérien depuis trente-cinq ans, s'apprête donc à faire modifier la Constitution. Ce qui lui permettra de prolonger jusqu'en 2012 son deuxième mandat présidentiel, qui arrive à échéance fin 2009. Puis de se représenter autant de fois qu'il l'entendra.
FORMALITÉ "DÉMOCRATIQUE"
Comme si de rien n'était, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) vient d'annoncer qu'elle proclamera les résultats dans les cinq jours suivant le référendum, auquel six millions d'électeurs sont appelés à participer. Selon la radio privée Anfani, des forces de l'ordre ont été déployées pour "assurer la sécurité" du vote. Mais l'ex-colonel Tandja, l'ancien ministre de l'intérieur qui noya dans le sang une manifestation de Touaregs à Tchintabaraden, en mai 1990 (63 morts), ne s'est pas donné autant de mal à organiser ce vote pour le perdre. D'autant, serine-t-il dans les médias publics aux ordres, que "c'est le peuple qui (lui) demande de parachever les chantiers de développement lancés dans ce pays". Le vote ne serait qu'une formalité "démocratique".
Mais après ? Si l'opposition, en recherche de crédibilité, ne semble pas peser lourd, rien ne dit que la rue, emmenée par les syndicats, acceptera sans broncher le scénario présidentiel.
Christophe Châtelot
Plusieurs villes nigériennes ont été le théâtre d'affrontements entre policiers et opposants au référendum constitutionnel. Des rassemblements ont été dispersés, parfois violemment, dans plusieurs localités de la région de Tahoua, dans l'ouest du pays, selon les forces de l'ordre et des représentants de l'opposition. Les manifestants auraient tenté de bloquer l'accès au bureaux de vote en signe de protestation contre un scrutin qui doit permettre au président Mamadou Tandja de rester au pouvoir. (Avec AFP)
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Pour en arriver là, le président Tandja n'a pas lésiné sur les moyens. Début juillet, la Cour constitutionnelle s'était prononcée contre la validité du référendum. Il l'a donc dissoute, avant d'appliquer la même recette au Parlement qui se dressait contre lui.
L'appel à la grève générale lancé par les sept principales formations syndicales du pays pour faire plier Mamadou Tandja fut, quant à lui, déclaré illégal et la grève interdite. Le 26 juin, enfin, le président nigérien s'arrogeait des "pouvoirs exceptionnels" l'autorisant à gouverner par décret. "Il ne lui reste plus qu'à dissoudre le peuple", ironise-t-on à Niamey.
De même, M. Tandja est resté sourd aux pressions financières de l'UE, qui a suspendu ses programmes de financement. La France, ancienne puissance coloniale et partenaire économique de poids du Niger, n'a pas eu plus de succès. Le 5 juillet, Nicolas Sarkozy ne pouvait que déplorer une situation "à la fois inquiétante et décevante". Il dénonçait "un dévoiement de certaines dispositions constitutionnelles". En marge de la signature, en mars, d'un contrat prometteur sur l'extraction d'uranium nigérien par Areva, le président Tandja avait pourtant promis à son homologue français de quitter le pouvoir.
Cinq mois après, M. Tandja, élu une première fois à la présidence en 1999 mais qui promène sa longue silhouette dans le paysage politique nigérien depuis trente-cinq ans, s'apprête donc à faire modifier la Constitution. Ce qui lui permettra de prolonger jusqu'en 2012 son deuxième mandat présidentiel, qui arrive à échéance fin 2009. Puis de se représenter autant de fois qu'il l'entendra.
FORMALITÉ "DÉMOCRATIQUE"
Comme si de rien n'était, la Commission électorale nationale indépendante (Céni) vient d'annoncer qu'elle proclamera les résultats dans les cinq jours suivant le référendum, auquel six millions d'électeurs sont appelés à participer. Selon la radio privée Anfani, des forces de l'ordre ont été déployées pour "assurer la sécurité" du vote. Mais l'ex-colonel Tandja, l'ancien ministre de l'intérieur qui noya dans le sang une manifestation de Touaregs à Tchintabaraden, en mai 1990 (63 morts), ne s'est pas donné autant de mal à organiser ce vote pour le perdre. D'autant, serine-t-il dans les médias publics aux ordres, que "c'est le peuple qui (lui) demande de parachever les chantiers de développement lancés dans ce pays". Le vote ne serait qu'une formalité "démocratique".
Mais après ? Si l'opposition, en recherche de crédibilité, ne semble pas peser lourd, rien ne dit que la rue, emmenée par les syndicats, acceptera sans broncher le scénario présidentiel.
Christophe Châtelot