Rentrée littéraire 2011

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Date limite de consommation : 26/01/2033
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Le livre à ne pas rater selon vous pour cette rentrée littéraire ?


Aprés avoir été impressionné par les réflexions de la vie , la mort , l'état , le débat bioéthique il y a deux ans , Mon choix s'est naturellement porté sur le nouvel ouvrage de Ruwen Ogien , qui sera publié aux Editions Grasset le 14 septembre.


Grand philosophe à contrecourant d’une forme de paternalisme moraliste dominant (voir le débat récent sur les lois bioéthiques), Ruwen Ogien creuse ses réflexions, déjà éprouvées, sur les questions de la pornographie, de la prostitution ou de la bioéthique, dans un essai drôle et profond, L’Influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale . A rebours de l’éthique des vertus telle qu’elle s’imprime dans les esprits nourris de Kant et des sages antiques, Ruwen Ogien déploie une magistrale réflexion pratique qui déconstruit les fondements d’une philosophie morale sûre d’elle-même. Par l’étude de cas concrets, de dilemmes et de paradoxes (est-il permis de tuer une personne pour prélever ses organes et sauver ainsi la vie de cinq autres personnes en attente de greffe ? Est-il immoral de nettoyer les toilettes avec le drapeau national ?), il rend honneur à un courant novateur de la pensée contemporaine : la philosophie morale expérimentale, qui mêle l’étude scientifique de l’origine des normes morales et la réflexion sur la valeur de ces normes. Un livre revigorant et déstabilisant.
 
Celui ci aussi a l'air intéressant .

Brut aux éditions seuil, 504 pages, 21 euros

"Ce n'est pas la nécessité mais son contraire, le luxe, qui pose à la matière vivante et à l'homme leurs problèmes fondamentaux." L'exergue, lapidaire, signé Georges Bataille, synthétise l'idéologie infusée dans Brut, sans se mouiller parfaitement : ici, nulle trace de SF, de fiction poussée dans la grosse machine à accélérer le temps, pas de catastrophe pétrolière imminente, de chaos économique dompté et profond - toutes ces pentes que ce premier roman au long cours dévale admirablement, gagnant ainsi ses galons d'or de roman d'anticipation sociale.

Dans Brut, le monde tel qu'on le pratique aujourd'hui a pris fin au début du troisième millénaire. Comme il existe déjà un "mardi noir", ou un Bloody Sunday, le livre s'ouvre sur un "Black February" et une série d'attentats terroristes visant, entre autres, des terminaux pétroliers. Monde choqué, CNN en panique, dirigeants de tous bords sur leur trente et un, le tout sous le regard pantois d'une top-modèle à la blondeur des blés vissée dans sa chambre d'hôtel milanaise.

C'est là que tout commence. Car loin de donner dans le postapocalyptique, Brut s'intéresse plutôt aux retombées positives du choc. Des années plus tard, la Norvège, premier producteur de pétrole (à la faveur d'une découverte miraculeuse de gisements), règne sur une planète en dèche. Son créneau : un capitalisme à visage humain, piloté par un fonds pétrolier philanthropique qui se préoccupe de" l'impératif éthique", des retraites, des microcrédits en Afrique, tout en s'octroyant la part des dieux.

Lutter contre la misère et voyager en première

En s'inspirant, en partie, du modèle scandinave, Frioux (né en 1970) teste en l'extrapolant un système aujourd'hui en vogue, descendu tout droit des théories d'Adam Smith : faire du fric et le bien en un clic. Sous la prose charnue et ultradocumentée de Frioux, les questions qui affleurent sont en vérité simples : peut-on vouloir lutter contre la misère tout en voyageant en première ? Prôner humanisme et éthique morale quand on s'applique par ailleurs à péter dans la soie ? Etre généreux selon une logique de riches ?

Confrontés à ce casse-tête philosophique, les personnages très VIP du livre n'en sont pas moins les acteurs d'une comédie politique grinçante, où le vice-président du fonds, "caricature du technocrate cosmopolite" se voyant bien figurer au comité du prix Nobel, Sigrid, une stagiaire, et Henryk Larsen, jeune philosophe trop tendre pour le monde des affaires, se livrent à une savoureuse pantomime du pouvoir.

Frioux invalide un système, via une technique du désastre (guérilla tchadienne contre "le projet d'agriculture pharaonique des Nordiques" au Niger, éclatement d'un scandale sur la toxicité des eaux liée au forage, montée du populisme xénophobe), puisant dans toutes les hantises de l'époque. La critique des années 2000 se fait habile, en creux, pointant rétrospectivement une force d'inertie, une opinion écolo-tiédasse, "l'ombre d'un passé orgiaque sur le présent frugal". Brut est bien l'opus d'un moraliste affûté ayant élu domicile dans le futur, mais heureux également dans la satire, voire le soap. De loin le premier roman le plus ample et inventif de cette rentrée.

Emily Barnett
 
Je viens de tomber sur celui-ci, il a l air intéressant

Bernard Lewis "Le pouvoir et la foi - questions d'Islam en Europe et Moyen Orient"

LES DÉBATS DE L'OBS. Le grand historien du monde musulman, Bernard Lewis, publie cette semaine «le Pouvoir et la Foi», dans lequel il s'interroge sur les rapports entre l'Islam et l'Occident, bousculés par le printemps arabe. Entretien :

Dans le monde islamique, écrivez-vous, la source de changement est souvent venue de l'Occident, soit par les invasions, la guerre ou les croisades, soit par la pénétration des idées. Ainsi, la culture de la révolution, l'idée même de socialisme, de nationalisme, voire de dictature, sont dans le monde arabe d'origine européenne. Qu'est-ce que cela implique?

C'est surtout vrai de la période moderne. Par le passé, l'idée d'une révolution au sein de leur propre société existait déjà dans le monde musulman. S'il y a eu propagation des idées, cela a plutôt été de l'Orient vers l'Occident, et non le contraire. En termes de savoir et de connaissances scientifiques, nous autres, Occidentaux, avons beaucoup emprunté à l'Orient. Mais le mouvement s'est inversé au fur à mesure que l'Occident s'est développé et que l'Orient a entamé son déclin. Le flux des idées a alors changé, et le concept même d'un nationalisme arabe est quelque chose qui est venu de l'Occident.

On peut dater ce bouleversement précisément avec l'expédition française en Egypte menée par un jeune général qui s'appelait encore Bonaparte. L'invasion de l'Egypte par les Français marque un tournant. Le monde arabe et islamique s'est trouvé contraint de faire face à l'Occident. Le fait qu'une armée occidentale puisse envahir l'un des berceaux de l'Islam sans difficulté a représenté un choc terrible. Lui-même suivi d'un second choc, à savoir le fait que le seul moyen de se débarrasser des Français ait été d'avoir recours à l'intervention d'une autre puissance occidentale: ni les potentats locaux ni leur suzerain ottoman n'ont été capables de les chasser, et il a fallu un corps expéditionnaire britannique pour le faire. La révélation a été douloureuse: les nouveaux maîtres du monde, ou en tout cas de leurs pays, venaient de cet Occident qu'ils avaient tant méprisé.

suite:

http://bibliobs.nouvelobs.com/essai...democratie-est-elle-soluble-dans-l-islam.html
 
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