FINI LA SCHIZOPHRÉNIE DES LANGUES?
UNE CIRCULAIRE RÉINTRODUIT LE FRANÇAIS DANS LES BRANCHES SCIENTIFIQUES
7 LYCÉES RETENUS POUR CETTE OPÉRATION PILOTE
CRÉATION D’UNE FILIÈRE QUI VA DÉBOUCHER SUR LE BAC INTERNATIONAL
Est-ce le retour à la case de départ? Après 30 ans d’arabisation, la langue française revient-elle dans les branches scientifiques? En tout cas, une nouvelle circulaire ministérielle laisserait entendre que le retour à l’ancien système d’enseignement, qui a fait ses preuves jusqu’au milieu des années 80, est en phase d’expérimentation. En effet, la circulaire en question préconise la réintroduction de la langue française dans les filières scientifiques (sciences naturelles, physiques et mathématiques), à partir de cette rentrée, et ce, dans quelques établissements triés sur le volet. Sept lycées-pilotes ont été sélectionnés dans plusieurs académies pour expérimenter la nouvelle formule.
Officiellement, il s’agit d’une mesure qui permettra de créer une filière qui va déboucher sur le bac international. Mais officieusement, il pourrait s’agir d’une expérimentation du retour au français pour l’enseignement de ces matières, notamment après le discours royal du 20 août dernier qui a fustigé le système éducatif, souligne un cadre de l’Education nationale. «En fait, il s’agit d’un ancien projet qui a coïncidé avec la polémique sur la qualité de l’enseignement», nuance une source au MEN. Pour elle, une telle décision, lourde de conséquences, nécessite un consensus politique: «Faut-il arabiser les universités ou franciser les lycées?».
Le Souverain avait, rappelons-le, insisté sur les «dysfonctionnements consécutifs au changement de la langue d’enseignement dans les matières scientifiques». En cause, l’arabisation du cycle secondaire, décidée du temps d’Azzeddine Laraki, ministre istiqlalien de l’Education (1986-1992). L’arabisation de l’enseignement était donc un choix politique. Un choix qui a eu de lourdes incidences sur la qualité de la formation des jeunes. Il n’y a qu’à voir les performances de nos élèves dans les classements internationaux. Les élèves de la 4e année du primaire ont été classés derniers par une étude internationale portant sur 25 pays (TIMSS 2003), en mathématiques, et 24e en sciences. Les élèves du collège ont, quant à eux, été classés 40e, sur 45 pays testés. Plus de la moitié d’entre eux (sur un total de 3.000) n’ont pas obtenu la note de référence la plus basse. En lecture, les élèves ne sont pas mieux lotis non plus. Les écoliers de la 4e année du primaire sont classés 43e sur 45 pays traités dans un classement pour le test PIRLS.
Handicapés par les lacunes de langue, beaucoup de bacheliers scientifiques du système public se tournent vers les filières littéraires, le droit en langue arabe ou abandonnent en cours de route. La situation est pire à l’arrivée sur le marché du travail. «Pour moi, c’est une aberration d’enseigner les filières scientifiques en arabe dans les collèges et lycées, pour revenir au français dans le supérieur!», déplore un ex-directeur d’Académie régionale d'éducation et de formation. Des experts pédagogiques appellent encore les pouvoirs publics à «refranciser» les matières scientifiques, tout en renforçant l’enseignement de l’arabe et des langues étrangères, en l’occurrence le français comme langue de travail et l’anglais comme langue d’ouverture. «Un système d’enseignement en français permettra de multiplier le nombre d’étudiants africains au Maroc et renforcer notre présence dans le continent noir», renchérit un professionnel de l’éducation.
L'economiste
UNE CIRCULAIRE RÉINTRODUIT LE FRANÇAIS DANS LES BRANCHES SCIENTIFIQUES
7 LYCÉES RETENUS POUR CETTE OPÉRATION PILOTE
CRÉATION D’UNE FILIÈRE QUI VA DÉBOUCHER SUR LE BAC INTERNATIONAL
Est-ce le retour à la case de départ? Après 30 ans d’arabisation, la langue française revient-elle dans les branches scientifiques? En tout cas, une nouvelle circulaire ministérielle laisserait entendre que le retour à l’ancien système d’enseignement, qui a fait ses preuves jusqu’au milieu des années 80, est en phase d’expérimentation. En effet, la circulaire en question préconise la réintroduction de la langue française dans les filières scientifiques (sciences naturelles, physiques et mathématiques), à partir de cette rentrée, et ce, dans quelques établissements triés sur le volet. Sept lycées-pilotes ont été sélectionnés dans plusieurs académies pour expérimenter la nouvelle formule.
Officiellement, il s’agit d’une mesure qui permettra de créer une filière qui va déboucher sur le bac international. Mais officieusement, il pourrait s’agir d’une expérimentation du retour au français pour l’enseignement de ces matières, notamment après le discours royal du 20 août dernier qui a fustigé le système éducatif, souligne un cadre de l’Education nationale. «En fait, il s’agit d’un ancien projet qui a coïncidé avec la polémique sur la qualité de l’enseignement», nuance une source au MEN. Pour elle, une telle décision, lourde de conséquences, nécessite un consensus politique: «Faut-il arabiser les universités ou franciser les lycées?».
Le Souverain avait, rappelons-le, insisté sur les «dysfonctionnements consécutifs au changement de la langue d’enseignement dans les matières scientifiques». En cause, l’arabisation du cycle secondaire, décidée du temps d’Azzeddine Laraki, ministre istiqlalien de l’Education (1986-1992). L’arabisation de l’enseignement était donc un choix politique. Un choix qui a eu de lourdes incidences sur la qualité de la formation des jeunes. Il n’y a qu’à voir les performances de nos élèves dans les classements internationaux. Les élèves de la 4e année du primaire ont été classés derniers par une étude internationale portant sur 25 pays (TIMSS 2003), en mathématiques, et 24e en sciences. Les élèves du collège ont, quant à eux, été classés 40e, sur 45 pays testés. Plus de la moitié d’entre eux (sur un total de 3.000) n’ont pas obtenu la note de référence la plus basse. En lecture, les élèves ne sont pas mieux lotis non plus. Les écoliers de la 4e année du primaire sont classés 43e sur 45 pays traités dans un classement pour le test PIRLS.
Handicapés par les lacunes de langue, beaucoup de bacheliers scientifiques du système public se tournent vers les filières littéraires, le droit en langue arabe ou abandonnent en cours de route. La situation est pire à l’arrivée sur le marché du travail. «Pour moi, c’est une aberration d’enseigner les filières scientifiques en arabe dans les collèges et lycées, pour revenir au français dans le supérieur!», déplore un ex-directeur d’Académie régionale d'éducation et de formation. Des experts pédagogiques appellent encore les pouvoirs publics à «refranciser» les matières scientifiques, tout en renforçant l’enseignement de l’arabe et des langues étrangères, en l’occurrence le français comme langue de travail et l’anglais comme langue d’ouverture. «Un système d’enseignement en français permettra de multiplier le nombre d’étudiants africains au Maroc et renforcer notre présence dans le continent noir», renchérit un professionnel de l’éducation.
L'economiste