Retour des talibans au pouvoir : trois ans de répression et de désespoir pour les Afghanes
Trois ans après le retrait américain d’Afghanistan et le retour des talibans au pouvoir, de graves abus sont commis contre les détracteurs du régime, mais avant tout sur les femmes, alors que la crise humanitaire menace des millions de personnes.
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Trois ans après le retrait américain d’Afghanistan et le retour des talibans au pouvoir, de graves abus sont commis contre les détracteurs du régime, mais avant tout sur les femmes, alors que la crise humanitaire menace des millions de personnes. Article réservé aux abonnés
Sous les talibans, l’Afghanistan est le seul pays où il est interdit aux filles et aux femmes de fréquenter l’école secondaire et l’université.
Ce 15 août 2024 marque le troisième anniversaire du retour des talibans au pouvoir en Afghanistan. Si la sécurité est revenue dans ce pays d’Asie du sud après 40 ans de guerres, et que biens et personnes circulent désormais sans danger à Kaboul et dans le reste du pays, cette date représente un sombre anniversaire pour les Afghanes.
« Depuis leur retour au pouvoir, les talibans ont créé la pire crise du monde dans le domaine des droits des femmes », écrit Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué de presse daté du 12 août. « Ces trois années ont été marquées par d’innombrables décrets, directives et déclarations visant les femmes et les jeunes filles, les privant de leurs droits fondamentaux », appuie Alison Davidian, la cheffe d’ONU Femmes en Afghanistan. Le rapporteur spécial des Nations Unies sur l’Afghanistan, Richard Bennett, décrit, lui, un « système institutionnalisé de discrimination, de ségrégation, de non-respect de la dignité humaine ».
Victoria Fontan, Rectrice de l’université Américaine d’Afghanistan=:
« L’étau s’est considérablement resserré sur les femmes. Beaucoup sont vendues ou échangées et mariées de force. Elles sont corvéables à merci, de plus en plus enfermées chez elles », relate Victoria Fontan rectrice de l’université Américaine d’Afghanistan. « Il leur est interdit de fréquenter l’école secondaire et l’université, de se promener dans les parcs, de pratiquer du sport, de se déplacer à plus de 70 kilomètres de leurs foyers sans être accompagnées de leur mari, frère ou père », explique celle qui enseigne à distance depuis le Qatar pour des raisons évidentes. « Elles sont complètement exclues de la vie publique », ajoute Alison Davidian.
Depuis janvier 2024, selon HWR, « les talibans ont arrêté des femmes et des filles à Kaboul et dans les provinces afghanes, pour avoir porté un “mauvais hidjab”. Des experts de l’ONU ont affirmé que certaines de ces femmes avaient été détenues en secret pendant plusieurs jours et avaient subi “des violences physiques, des menaces et des actes d’intimidation” ». Ce système de discrimination a de graves répercussions sur la santé des Afghanes tant les minces protections dont elles bénéficiaient avant le retour des talibans ont été supprimées. Outre la perte de ces droits fondamentaux, le bureau d’ONU Femmes en Afghanistan alerte sur la crise de santé mentale qui frappe de plus en plus d’Afghanes. 68 % des femmes consultées par l’office onusien font état d’une santé mentale « mauvaise » ou « très mauvaise ». Et 8 % d’entre elles ont indiqué connaître au moins une femme ou une jeune fille ayant tenté de se suicider.