Roschdy Zem : le Maroc dans la peau

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Casablanca d'antan
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C’est ce qu’on appelle un mec qui a de la gueule. En attendant de se faire un nom, il avait déjà un prénom. Prédestiné. Il nous dira que c’est sa mère, amoureuse d’une grande star du cinéma égyptien de la grande époque, Roschdy Abaza, qui a craqué pour ce prénom. Roschdy est né. Nous sommes en 1965 en France, quelque part à Bobigny, le père immigré, la mère, digne épouse au foyer. Le cinéma, on en est encore loin. Très loin. Sauf sur petit écran, où maman dévore tout ce qui est égyptien. Et si on avait prédit à Roschdy qu’il allait devenir l’un des plus gros cachets du cinéma français à 40 piges, il aurait dit, “pas possible”. Surtout que le bonhomme a passé une partie de sa vie à vendre des fringues pour manger. Il prend aussi des cours de théâtre, joue au foot (on ne sait jamais!) et tourne un peu en rond jusqu’au jour où il est repéré par un assistant d’André Téchiné.

Rôles de composition
Mais ce n’est pas encore son grand début au cinéma. On le voit jouer les figurants dans les Keufs en 1987 avant de tourner dans J’embrasse pas et dans Ma maison préférée en 1991. Il fera aussi quelques sauts sur les planches. Rien de bien marquant. C’est à ses 30 ans que le cinéma français découvre en lui un futur gros calibre de l’acting. Dans la lignée des grands acteurs à composition, il livre une prestation coupée au hachoir dans N’oublie pas que tu vas mourir, de Xavier Beauvois. Un rôle de camé, toxico à en mourir, où Roschdy déploie une aisance qui lui prédit une place de choix dans le septième art à la française. Puis il enchaîne avec un autre morceau de choix dans En avoir ou pas, de Laetitia Masson.
C’est le sésame qui lui ouvre grandes les portes devant un certain cinéma d’auteur qui en fait sa vedette. Patrice Chéreau le fait tourner dans Ceux qui m’aiment prendront le train. C’est la consécration. La suite en devient presque facile. Suivent alors L’Autre côté de la mer et Vivre au Paradis, deux grands films sur la guerre d’Algérie. Roschdy, qui voit sa cote grimper, garde la tête froide. Le cinéma est un métier où jamais rien n’est acquis.

Derrière la caméra
L’acteur veut varier les rôles, toucher à plusieurs registres. On le voit dans Sauve-moi, mais surtout dans Ma petite entreprise, pour lequel il est nominé au César du meilleur second rôle. Il joue aussi dans Le Raid, Blanche et partage l’affiche avec un ami et compatriote, Gad El Maleh, avant de croiser les armes avec une bande de copains dans Indigènes, de Rachid Bouchareb.
Il obtient alors le prix d’interprétation à Cannes, en 2006, qu’il partage avec Jamel Debbouze, Sami Bouajila et Sami Naciri. La frénésie des tournages suit son cours puisque l’acteur ajoute son nom à Betty Fisher et Ordo avant de camper les indics dans 36 ou alors le flic dans Le Petit lieutenant, de son vieux complice Beauvois, avec à la clé une nouvelle nomination au César.
Son souci de la composition le pousse alors à apprendre l’hébreu pour Va, vis et deviens et à prendre l’accent serbe pour La Californie.
Après le sacre cannois, Roschdy Zem a atteint l’âge de raison au cinéma. A 41 ans, il décide de passer derrière la caméra. Il signe Mauvaise foi, où il joue aux côtés de Cécile de France. C’est l’histoire typique d’un couple mixte. La femme juive, l’homme musulman face aux traditions, aux hypocrisies et à la difficulté d’être. Le film est juste, tourné avec tendresse et sensibilité. Bref, une comédie de mœurs qui augure d’autres réalisations sur lesquelles il travaille déjà.
Il faut attendre l’année 2008 pour le voir dans un beau rôle où il donne la réplique au grand Fabrice Lucchini dans La Fille de Monaco. Il crèvera aussi l’écran en flic surentraîné dans Go Fast, avant de re-signer avec Jolivet pour La très très grande entreprise.
Mais Roschdy l’homme est aussi un gars au grand cœur. Toujours engagé pour les enfants au Maroc et ailleurs, il se lie à l’association Un Cœur pour la Paix en Palestine et prend en charge l’intervention chirurgicale au profit d’enfants palestiniens atteints de malformations cardiaques congénitales.

Un homme au grand coeur
Les petits sont opérés par des médecins israéliens et palestiniens travaillant main dans la main, à l’hôpital Hadassah de Jérusalem. Une action humaine qui vient consolider l’image d’un gars décrit par ses amis comme un type habité par le destin de l’Homme et qui rêve de paix dans le monde. «Même si aujourd’hui, il est un peu utopique de parler de paix dans cette région, le fait même de sauver des vies au cœur du Moyen-Orient est à la fois courageux et intelligent (…) Les ambitions d’un Cœur pour la Paix sont saines et les résultats probants. L’action de cette association est une des choses les plus intéressantes que j’ai vues sur place. Des actions telles que celles-ci peuvent vraiment aider ces deux pays.»

Maroc hebdo
 
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