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Polisario : la coûteuse imposture algérienne
Saâd Lounès
Deux événements sont venus secouer linconfortable statu quo du Sahara Occidental. Au moment où le 12ème congrès du Front Polisario à Tifariti menace dune «guerre de longue durée», une «erreur diplomatique» marocaine provoque le rappel de lambassadeur sénégalais.
Ce conflit artificiel est odieusement coûteux pour le Maroc mais aussi tout le Maghreb et toute lAfrique de lOuest. Comment en est-on arrivé là ? Cest la faute dun coupable et dun imposteur. Le coupable cest évidemment le colonialisme français et espagnol. Limposteur cest le pouvoir militaire algérien qui a fait du Polisario une marionnette dont il ne peut plus se débarrasser, et des camps de Tindouf une prison à ciel ouvert et un camp de tortures.
La gourmandise coloniale sur le Sahara a élargi au maximum les frontières de la colonie algérienne au détriment des protectorats marocain et tunisien qui les ont vainement contestées. Si ce nétait loccupation espagnole du Sahara Occidental, les frontières de lAlgérie française auraient certainement été poussées jusquà la côte Atlantique.
Après lindépendance de lAlgérie en 1962, le «contentieux territorial» algéro-marocain débuta par la guerre des sables de 1963 et se termina par lAccord frontalier du 15 juin 1972, signé par Bouteflika, ministre des AE. Affaibli par deux tentatives de coups dEtat, le roi Hassan II reconnut les frontières algériennes en échange dun soutien du président Boumediene pour la récupération du Sahara Occidental encore occupé par lEspagne.
Lentente pacifique qui régnait entre les deux pays frères ne résista pas à lesprit de la guerre froide, alors à son apogée, lorsque lEspagne décida de quitter les territoires sahraouis en 1976. Linfluence soviétique, les formateurs du KGB et lactivisme cubain ont considérablement radicalisé les contradictions algériennes écartelées entre la révolution socialiste antimonarchiste et lunité maghrébine. Mais ce nest pas une excuse. Le pouvoir algérien, qui a su tenir tête à la puissance française, aurait pu aussi résister au bloc socialiste en mettant lintérêt commun de la paix au Maghreb au-dessus de tout.
Cest ainsi que la SM infiltra le Front Polisario fondé par des sahraouis comme El Ouali Mohamed Essayed (mort au combat le 9 juin 1976) et des étudiants opposants comme Mohamed Ben Abdelâaziz, dont le père était sous-officier marocain. Indéboulonnable SG du Polisario et président du sigle RASD, il a fait le vide autour de lui. La majorité des fondateurs sahraouis du mouvement ont déserté et rejoint le Maroc, comme Mustapha Barazani pour qui «les intérêts de lAlgérie préconisent que le conflit séternise elle ne veut même pas lindépendance du Sahara, elle veut que le Sahara reste un problème pour le Maroc». Cest exactement ce que lex-chef détat-major Khaled Nezzar avait déclaré à La Gazette du Maroc en 2003 : "LAlgérie na pas besoin dun nouvel Etat à ses frontières."
Lentêtement marocain à refuser le référendum dautodétermination neffacera pas le rôle négatif du régime algérien que des dirigeants historiques du FLN nont pas hésité à condamner. Comme lancien président du GPRA Ferhat Abbès : «Ce poignard planté dans le dos de la communauté maghrébine est la plus scandaleuse des aventures. Cest un crime perpétré contre lunité et la paix nord-africaines». (Lindépendance confisquée, 1984).
Ainsi que lancien président Ben Bella : «Du point de vue historique, le Sahara Occidental est le prolongement historique du Maroc. Toutes les dynasties du Maroc ont eu des liens avec le Sahara LAlgérie na aucun intérêt à faire éclater le Maroc» (Journal marocain LOpinion du 24 janvier 1987).
Le 5 octobre 1963, Bouteflika, alors ministre des AE déclarait à Oujda sa ville natale : «Le peuple algérien na pas oublié lattitude du Maroc lors de la guerre dAlgérie. Chaque algérien se considère au Maroc comme chez lui, tout comme chaque marocain est chez lui en Algérie». Cest le même Bouteflika, aujourdhui président-otage du pouvoir militaire depuis 9 ans, qui est incapable de rouvrir les frontières terrestres fermées depuis 1994. Cest cela limposture algérienne !
Saâd Lounès
Saâd Lounès
Deux événements sont venus secouer linconfortable statu quo du Sahara Occidental. Au moment où le 12ème congrès du Front Polisario à Tifariti menace dune «guerre de longue durée», une «erreur diplomatique» marocaine provoque le rappel de lambassadeur sénégalais.
Ce conflit artificiel est odieusement coûteux pour le Maroc mais aussi tout le Maghreb et toute lAfrique de lOuest. Comment en est-on arrivé là ? Cest la faute dun coupable et dun imposteur. Le coupable cest évidemment le colonialisme français et espagnol. Limposteur cest le pouvoir militaire algérien qui a fait du Polisario une marionnette dont il ne peut plus se débarrasser, et des camps de Tindouf une prison à ciel ouvert et un camp de tortures.
La gourmandise coloniale sur le Sahara a élargi au maximum les frontières de la colonie algérienne au détriment des protectorats marocain et tunisien qui les ont vainement contestées. Si ce nétait loccupation espagnole du Sahara Occidental, les frontières de lAlgérie française auraient certainement été poussées jusquà la côte Atlantique.
Après lindépendance de lAlgérie en 1962, le «contentieux territorial» algéro-marocain débuta par la guerre des sables de 1963 et se termina par lAccord frontalier du 15 juin 1972, signé par Bouteflika, ministre des AE. Affaibli par deux tentatives de coups dEtat, le roi Hassan II reconnut les frontières algériennes en échange dun soutien du président Boumediene pour la récupération du Sahara Occidental encore occupé par lEspagne.
Lentente pacifique qui régnait entre les deux pays frères ne résista pas à lesprit de la guerre froide, alors à son apogée, lorsque lEspagne décida de quitter les territoires sahraouis en 1976. Linfluence soviétique, les formateurs du KGB et lactivisme cubain ont considérablement radicalisé les contradictions algériennes écartelées entre la révolution socialiste antimonarchiste et lunité maghrébine. Mais ce nest pas une excuse. Le pouvoir algérien, qui a su tenir tête à la puissance française, aurait pu aussi résister au bloc socialiste en mettant lintérêt commun de la paix au Maghreb au-dessus de tout.
Cest ainsi que la SM infiltra le Front Polisario fondé par des sahraouis comme El Ouali Mohamed Essayed (mort au combat le 9 juin 1976) et des étudiants opposants comme Mohamed Ben Abdelâaziz, dont le père était sous-officier marocain. Indéboulonnable SG du Polisario et président du sigle RASD, il a fait le vide autour de lui. La majorité des fondateurs sahraouis du mouvement ont déserté et rejoint le Maroc, comme Mustapha Barazani pour qui «les intérêts de lAlgérie préconisent que le conflit séternise elle ne veut même pas lindépendance du Sahara, elle veut que le Sahara reste un problème pour le Maroc». Cest exactement ce que lex-chef détat-major Khaled Nezzar avait déclaré à La Gazette du Maroc en 2003 : "LAlgérie na pas besoin dun nouvel Etat à ses frontières."
Lentêtement marocain à refuser le référendum dautodétermination neffacera pas le rôle négatif du régime algérien que des dirigeants historiques du FLN nont pas hésité à condamner. Comme lancien président du GPRA Ferhat Abbès : «Ce poignard planté dans le dos de la communauté maghrébine est la plus scandaleuse des aventures. Cest un crime perpétré contre lunité et la paix nord-africaines». (Lindépendance confisquée, 1984).
Ainsi que lancien président Ben Bella : «Du point de vue historique, le Sahara Occidental est le prolongement historique du Maroc. Toutes les dynasties du Maroc ont eu des liens avec le Sahara LAlgérie na aucun intérêt à faire éclater le Maroc» (Journal marocain LOpinion du 24 janvier 1987).
Le 5 octobre 1963, Bouteflika, alors ministre des AE déclarait à Oujda sa ville natale : «Le peuple algérien na pas oublié lattitude du Maroc lors de la guerre dAlgérie. Chaque algérien se considère au Maroc comme chez lui, tout comme chaque marocain est chez lui en Algérie». Cest le même Bouteflika, aujourdhui président-otage du pouvoir militaire depuis 9 ans, qui est incapable de rouvrir les frontières terrestres fermées depuis 1994. Cest cela limposture algérienne !
Saâd Lounès