Sarkozy bafoue une nouvelle fois la laicité

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L’amitié avec Moscou vaut bien une messe et même une cathédrale. En 2012, une grande cathédrale orthodoxe commencera à être construite à Paris sur le quai Branly, d'où va déménager le siège de Météo France. Le projet comporte aussi un séminaire et un centre culturel. Son architecture sera plus qu'ostentatoire : le site sera coiffé de cinq bulbes dorés et d’un toit en verre de 3000m2. Le tout à deux pas de la Tour Eiffel. Les architectes des Bâtiments de France devront d’ailleurs examiner le projet afin de garantir l’harmonie avec l’environnement urbain. Les travaux sont censés finir en 2014. Le projet est évalué à 34,5 millions d’euros… financés par l’Etat russe et des généreux mécènes. Voilà une vision étrange de la laïcité. Mais bizarrement cette affaire a pris peu de place dans les médias, à l’inverse de la polémique sur les minarets. On compte quelques articles sur le Web, Le Parisien a traité l’affaire en pages locales. C’est pourtant tout une intrigue diplomatique que l'on retrouve à l'origine de ce chantier.

En octobre 2007, lorsque le patriarche de Moscou (décédé en décembre 2008) rencontre Nicolas Sarkozy à Paris. Le religieux réclame que ses ouailles aient un lieu de culte digne de ce nom dans la capitale. Il existe bien une cathédrale orthodoxe sur la rue Daru (8e arrondissement) mais elle dépend du patriarche de Constantinople, autre courant de l’orthodoxie. L’affaire est prise très au sérieux par Moscou, ce qui n'est guère étonnant dans un pays où l’Eglise orthodoxe reste très puissante.
En septembre 2009, le ministère du Budget lance un appel d’offres pour vendre le site du Quai Branly. Le Canada et surtout l’Arabie Saoudite sont aussi en lice aux côtés de Moscou. Lors du Sommet de Copenhague en décembre 2009, Nicolas Sarkozy et Dimitri Medvedev discutent du sujet. Le président russe lui fait alors part du projet de cathédrale orthodoxe.

Moscou sort le chéquier

Medvedev a-t-il essayé de forcer la main à son homologue français ? Toujours est-il que, selon Le Nouvel Observateur, le chef de l’Etat appelle directement depuis Copenhague Eric Woerth, encore ministre du Budget. Contactés par Marianne2, l’Elysée et le ministère du Budget n’ont pas répondu à nos questions. Finalement, en février 2010, Bercy annonce que l’Etat russe remporte la partie. Il n'existe aucune communication officielle sur le prix mais on parle d’une somme de 60 millions d’euros au bénéfice du désendettement et du ministère de l’Ecologie. Histoire de remplir ses caisses, l’Etat a ainsi vendu plusieurs de ses bâtiments. Pour 2011, il espère gagner ainsi 400 millions d’euros .
 
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