L'affaire du massacre des moines de Tibéhirine en 1996 en Algérie a pris un tour politico-diplomatique mardi, Nicolas Sarkozy réclamant la "vérité", après un nouveau témoignage de poids évoquant une "bavure" de l'armée algérienne.
Le chef de l'Etat a exhorté l'Algérie à collaborer, affirmant que "les relations entre les grands pays s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge". Il a aussi annoncé qu'il lèverait le secret défense "sur tout document que nous demandera la justice", car "il n'y a rien à cacher".
Les magistrats français, qui instruisent ce dossier depuis 2004, "continueront de disposer de tous les moyens pour mener à bien leur enquête, y compris en matière de coopération internationale", a promis de son côté la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie.
Le GIA (Groupe islamique armé) avait revendiqué le 26 avril 1996 l'enlèvement des sept religieux et proposé de les échanger contre ses militants détenus. Le 23 mai, l'organisation annonçait avoir décapité les captifs en accusant le gouvernement français d'avoir "trahi" les négociations. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30.
Révélations de François Buchwalter
Alger a toujours dénoncé une action des djihadistes, mais des thèses ont vite circulé incriminant l'armée algérienne ou un groupe du GIA manipulé par les autorités.
C'est le récent témoignage du général François Buchwalter, ancien attaché de Défense français à Alger, devant le juge antiterroriste chargé de l'enquête qui a relancé le dossier.
Selon l'officier, qui dit tenir ses informations d'un militaire algérien, les moines cisterciens ont été tués par des tirs d'hélicoptères militaires algériens, qui avaient ouvert le feu sur ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.
"Black-out"
L'officier assure en avoir informé les autorités françaises: le chef d'état-major des armées et l'ambassadeur. Selon lui, "il n'y a pas eu de suite, ils ont observé le 'black-out' demandé par l'ambassadeur".
Un témoignage qui prouverait qu'il y a eu "dissimulation" des autorités françaises et algériennes, selon l'avocat des parties civiles, Patrick Baudouin.
François Buchwalter a aussi indirectement mis en cause les autorités algériennes dans l'assassinat de l'évêque d'Oran, Mgr Pierre Claverie, tué le 1er août suivant par une charge explosive, juste après avoir rencontré le chef de la diplomatie française Hervé de Charette.
Un évêque mort parce qu'il en savait trop ?
Selon l'officier, cité par des sources proches du dossier, Mgr Claverie "pensait à l'implication du pouvoir algérien" dans la mort des moines.
L'ancien juge anti-terroriste et ex-député UMP Alain Marsaud a jugé mardi que l'affaire de Tibéhirine avait été "enterrée volontairement", assurant "avoir l'impression maintenant" que les autorités françaises "étaient complètement au courant de ce qui c'était passé".
Il a assuré avoir demandé sans succès l'ouverture d'une information judiciaire après avoir reçu dès 1996 des informations sur une possible implication des services ou de l'armée algériennes.
Juppé et de Charette nient avoir su
Alain Juppé comme Hervé de Charette, à l'époque respectivement Premier ministre et chef de la diplomatie, on pour leur part assuré n'avoir rien su d'une éventuelle "bavure".
Le dernier rebondissement dans l'affaire Tibéhirine intervient alors que les relations entre la France et l'Algérie, marquées par la colonisation et la guerre d'indépendance, sont toujours difficiles.
Depuis l'élection de M. Sarkozy, qui se refuse à toute idée de "repentance", une visite d'Etat en France du président algérien Abdelaziz Bouteflika est ainsi sans cesse repoussée.
"C'est toujours compliqué, toujours sensible avec l'Algérie," relevait fin mai Nicolas Sarkozy.
Jeune Afrique
Le chef de l'Etat a exhorté l'Algérie à collaborer, affirmant que "les relations entre les grands pays s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge". Il a aussi annoncé qu'il lèverait le secret défense "sur tout document que nous demandera la justice", car "il n'y a rien à cacher".
Les magistrats français, qui instruisent ce dossier depuis 2004, "continueront de disposer de tous les moyens pour mener à bien leur enquête, y compris en matière de coopération internationale", a promis de son côté la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie.
Le GIA (Groupe islamique armé) avait revendiqué le 26 avril 1996 l'enlèvement des sept religieux et proposé de les échanger contre ses militants détenus. Le 23 mai, l'organisation annonçait avoir décapité les captifs en accusant le gouvernement français d'avoir "trahi" les négociations. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30.
Révélations de François Buchwalter
Alger a toujours dénoncé une action des djihadistes, mais des thèses ont vite circulé incriminant l'armée algérienne ou un groupe du GIA manipulé par les autorités.
C'est le récent témoignage du général François Buchwalter, ancien attaché de Défense français à Alger, devant le juge antiterroriste chargé de l'enquête qui a relancé le dossier.
Selon l'officier, qui dit tenir ses informations d'un militaire algérien, les moines cisterciens ont été tués par des tirs d'hélicoptères militaires algériens, qui avaient ouvert le feu sur ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.
"Black-out"
L'officier assure en avoir informé les autorités françaises: le chef d'état-major des armées et l'ambassadeur. Selon lui, "il n'y a pas eu de suite, ils ont observé le 'black-out' demandé par l'ambassadeur".
Un témoignage qui prouverait qu'il y a eu "dissimulation" des autorités françaises et algériennes, selon l'avocat des parties civiles, Patrick Baudouin.
François Buchwalter a aussi indirectement mis en cause les autorités algériennes dans l'assassinat de l'évêque d'Oran, Mgr Pierre Claverie, tué le 1er août suivant par une charge explosive, juste après avoir rencontré le chef de la diplomatie française Hervé de Charette.
Un évêque mort parce qu'il en savait trop ?
Selon l'officier, cité par des sources proches du dossier, Mgr Claverie "pensait à l'implication du pouvoir algérien" dans la mort des moines.
L'ancien juge anti-terroriste et ex-député UMP Alain Marsaud a jugé mardi que l'affaire de Tibéhirine avait été "enterrée volontairement", assurant "avoir l'impression maintenant" que les autorités françaises "étaient complètement au courant de ce qui c'était passé".
Il a assuré avoir demandé sans succès l'ouverture d'une information judiciaire après avoir reçu dès 1996 des informations sur une possible implication des services ou de l'armée algériennes.
Juppé et de Charette nient avoir su
Alain Juppé comme Hervé de Charette, à l'époque respectivement Premier ministre et chef de la diplomatie, on pour leur part assuré n'avoir rien su d'une éventuelle "bavure".
Le dernier rebondissement dans l'affaire Tibéhirine intervient alors que les relations entre la France et l'Algérie, marquées par la colonisation et la guerre d'indépendance, sont toujours difficiles.
Depuis l'élection de M. Sarkozy, qui se refuse à toute idée de "repentance", une visite d'Etat en France du président algérien Abdelaziz Bouteflika est ainsi sans cesse repoussée.
"C'est toujours compliqué, toujours sensible avec l'Algérie," relevait fin mai Nicolas Sarkozy.
Jeune Afrique