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PLD (Peace, Love and Diversity)
Sarkozy veut 30 % de boursiers dans les grandes écoles
Marie-Estelle Pech
12/01/2010 | Mise à jour : 12:37 | Commentaires 11 | Ajouter à ma sélection
Nicolas Sarkozy s'est attaqué à ce qu'il qualifie de véritable « défi pour la méritocratie républicaine », lundi à Saclay. Crédits photo : AFP
Le chef de l'État entend toutefois atteindre cet objectif sans passer par un système de quotas.
En déplacement lundi sur le plateau de Saclay (Essonne) pour présenter ses vux au monde de l'éducation et de la recherche, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté d'obtenir une plus grande diversité sociale dans les grandes écoles. Chacune d'entre elles, dit-il, doit accueillir 30 % de boursiers. Cet objectif doit être le même dans les études de droit et de médecine, «secteurs où la reproduction sociale est tout aussi importante».
«Les grandes écoles ont tout à gagner à diversifier leur recrutement. Un pays qui recrute ses élites dans 10 % de sa population se prive de 90 % de son intelligence», a martelé le président de la République. Il est toutefois revenu sur la polémique lancée la semaine dernière concernant les quotas, pour rejeter cette solution : «Je n'accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu'ils sont boursiers au détriment d'autres plus méritants et plus travailleurs.» L'idée de quotas avait exaspéré la conférence des grandes écoles qui se refuse à toucher aux sacro-saints concours d'entrée.
Épreuves spécifiques
Pour obtenir une augmentation du nombre de boursiers, Nicolas Sarkozy avance donc une solution plus consensuelle. Il suggère que les grandes écoles multiplient les admissions parallèles pour les élèves «non issus de classes prépas» et augmentent le nombre de places pour les bacheliers technologiques. Ces dispositifs existent déjà dans beaucoup d'entre elles. Environ 40 % des entrants en école supérieure de commerce (ESC) sont passés par des admissions parallèles en 2008. Mais ces taux d'admission varient de 0 % à 90 % d'une école à l'autre À l'ESC Rouen, il existe ainsi pas moins de quatre concours selon que l'on y entre en première année après une prépa, l'université, après un premier cycle, etc. À l'Essec, les 360 première année entrés sur concours sont rejoints en deuxième année par environ 120 étudiants «admis sur titre» ou «expérience». Entretiens, lettres de recommandation, engagement associatif, épreuve spécifique, oral de motivation : les modalités d'admissions, variées, ne comportent pas toujours un concours. De même, tous les diplômés de Sciences Po ne passent pas le concours de première année : sept possibilités d'admission existent. Le pourcentage de boursiers dans beaucoup de ces écoles reste pourtant faible. Le coût de la scolarité en rebute plus d'un. Valérie Pécresse réclame la gratuité de l'inscription pour ces derniers.
«Il y a du travail», concède Pierre Tapie, le président de la conférence des grandes écoles après le discours de Nicolas Sarkozy. Le sujet des boursiers reste cependant pour lui une «question technique délicate car, pour certaines écoles, il n'y a que 10 % ou 15 % de boursiers parmi les candidats. C'est un problème de vivier en amont». Pierre Tapie préfère donc mettre en avant des initiatives d'accompagnement qui concernent des lycéens, comme le dispositif «Pourquoi pas moi» à l'Essec.
Ces initiatives, Nicolas Sarkozy les a saluées lundi. Mais il les juge «isolées» et «trop modestes eu égard aux enjeux. Tout doit être mis en uvre pour faire comprendre à tous les jeunes que les grandes écoles ne sont pas réservées à quelques enfants de la grande bourgeoisie». Il s'agit, selon lui, d'un «défi pour la méritocratie républicaine». Un défi dont les modalités de réussite sont à inventer. Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on évoque la possibilité de faire évoluer les concours, en minorant la pondération de certaines épreuves, comme les langues, considérées comme très discriminantes socialement. L'idée d'introduire une épreuve sur le parcours personnel fait aussi son chemin.
Marie-Estelle Pech
12/01/2010 | Mise à jour : 12:37 | Commentaires 11 | Ajouter à ma sélection
Nicolas Sarkozy s'est attaqué à ce qu'il qualifie de véritable « défi pour la méritocratie républicaine », lundi à Saclay. Crédits photo : AFP
Le chef de l'État entend toutefois atteindre cet objectif sans passer par un système de quotas.
En déplacement lundi sur le plateau de Saclay (Essonne) pour présenter ses vux au monde de l'éducation et de la recherche, Nicolas Sarkozy a réaffirmé sa volonté d'obtenir une plus grande diversité sociale dans les grandes écoles. Chacune d'entre elles, dit-il, doit accueillir 30 % de boursiers. Cet objectif doit être le même dans les études de droit et de médecine, «secteurs où la reproduction sociale est tout aussi importante».
«Les grandes écoles ont tout à gagner à diversifier leur recrutement. Un pays qui recrute ses élites dans 10 % de sa population se prive de 90 % de son intelligence», a martelé le président de la République. Il est toutefois revenu sur la polémique lancée la semaine dernière concernant les quotas, pour rejeter cette solution : «Je n'accepterai jamais un système où certains candidats seraient reçus à un concours pour la seule raison qu'ils sont boursiers au détriment d'autres plus méritants et plus travailleurs.» L'idée de quotas avait exaspéré la conférence des grandes écoles qui se refuse à toucher aux sacro-saints concours d'entrée.
Épreuves spécifiques
Pour obtenir une augmentation du nombre de boursiers, Nicolas Sarkozy avance donc une solution plus consensuelle. Il suggère que les grandes écoles multiplient les admissions parallèles pour les élèves «non issus de classes prépas» et augmentent le nombre de places pour les bacheliers technologiques. Ces dispositifs existent déjà dans beaucoup d'entre elles. Environ 40 % des entrants en école supérieure de commerce (ESC) sont passés par des admissions parallèles en 2008. Mais ces taux d'admission varient de 0 % à 90 % d'une école à l'autre À l'ESC Rouen, il existe ainsi pas moins de quatre concours selon que l'on y entre en première année après une prépa, l'université, après un premier cycle, etc. À l'Essec, les 360 première année entrés sur concours sont rejoints en deuxième année par environ 120 étudiants «admis sur titre» ou «expérience». Entretiens, lettres de recommandation, engagement associatif, épreuve spécifique, oral de motivation : les modalités d'admissions, variées, ne comportent pas toujours un concours. De même, tous les diplômés de Sciences Po ne passent pas le concours de première année : sept possibilités d'admission existent. Le pourcentage de boursiers dans beaucoup de ces écoles reste pourtant faible. Le coût de la scolarité en rebute plus d'un. Valérie Pécresse réclame la gratuité de l'inscription pour ces derniers.
«Il y a du travail», concède Pierre Tapie, le président de la conférence des grandes écoles après le discours de Nicolas Sarkozy. Le sujet des boursiers reste cependant pour lui une «question technique délicate car, pour certaines écoles, il n'y a que 10 % ou 15 % de boursiers parmi les candidats. C'est un problème de vivier en amont». Pierre Tapie préfère donc mettre en avant des initiatives d'accompagnement qui concernent des lycéens, comme le dispositif «Pourquoi pas moi» à l'Essec.
Ces initiatives, Nicolas Sarkozy les a saluées lundi. Mais il les juge «isolées» et «trop modestes eu égard aux enjeux. Tout doit être mis en uvre pour faire comprendre à tous les jeunes que les grandes écoles ne sont pas réservées à quelques enfants de la grande bourgeoisie». Il s'agit, selon lui, d'un «défi pour la méritocratie républicaine». Un défi dont les modalités de réussite sont à inventer. Dans l'entourage de Valérie Pécresse, on évoque la possibilité de faire évoluer les concours, en minorant la pondération de certaines épreuves, comme les langues, considérées comme très discriminantes socialement. L'idée d'introduire une épreuve sur le parcours personnel fait aussi son chemin.