Sécurité routière : La première enquête mondiale

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· 1,2 million de morts et 518 milliards de dollars de pertes annuelles, selon l’OMS

· Des expériences réussies à dupliquer



Les accidents sont un problème de santé et de développement partout dans le monde. C’est le constat de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui vient de publier le résultat de la première étude réalisée dans ce sens. Intitulé «il est temps d’agir», ce rapport brosse le bilan de la sécurité routière dans 178 pays, dressé à partir des données tirées d’une enquête standardisée menée en 2008.
Selon le rapport, plus d’1,2 million de morts et 50 millions de blessés seraient victimes chaque année d’accidents de route, dont plus de 90 % survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Et Près de la moitié des morts sont des piétons, des motocyclistes, des cyclistes et des usagers des transports publics.
La situation est accentuée par une absence de fiabilité au niveau des chiffres et données concernant le fléau. «Pour évaluer l’ampleur du problème, pour cibler leurs interventions et pour contrôler et évaluer l’efficacité des mesures prises, les pays doivent disposer de données fiables sur les accidents de la route, mortels ou non», souligne Margaret Chan, directeur général de l’OMS. Des données fiables permettront donc une meilleure approche du problème pour mieux le contrecarrer. Si l’on ajoute à cela, une législation efficace et surtout applicable qui prend on compte les principales victimes qui sont «les usagers vulnérables», le nombre d’accidents pourrait baisser dans les années à venir. Cela «suppose bien évidemment l’implication de tous les acteurs de la santé, des transports, de la police…», ajoute le rapport. Sans cela, les accidents de circulation continueront de massacrer et traumatiser des millions de personnes annuellement en grimpant ainsi de la 9e cause de décès de par le monde à la 5e.
Outre leur aspect sinistre, les accidents de la route ont aussi de lourdes conséquences sur l’économie de nombreux pays. Ceux à revenu faible ou intermédiaire, et qui luttent souvent pour satisfaire d’autres besoins de développement, sont d’ailleurs les plus concernés. «On estime qu’au niveau mondial, les accidents de la circulation entraînent 518 milliards de dollars de pertes et coûtent aux pays entre 1 et 3% de leur produit national brut, soit plus que ce qu’ils reçoivent au titre de l’aide au développement», précise l’organisation.
Certains pays se démarquent de ce sombre tableau. En effet, l’Inde, la Colombie ou encore le Nigeria présentent des expériences réussies en matière de sécurité routière. L’Inde, par exemple, vient d’achever l’aménagement de couloirs séparés pour les piétons, les cyclistes et les autobus sur la principale artère de Delhi. La voie a été conçue en tenant compte des besoins des usagers vulnérables (enfants, handicapés, personnes âgées..). un espace a été spécialement réservé aux vendeurs ambulants. Résultat du dispositif, aucun mort pendant les dix premiers mois de mise en service des couloirs.


Priorité aux piètons


Le modèle suédois mérite aussi d’être relevé. Il y a 10 ans, le pays a adopté une politique de sécurité routière baptisée «vision zéro». Cette stratégie vise donc à modifier l’environnement tout en protégeant les usagers de la route d’un niveau de risque inacceptable. Des pistes cyclables, des chemins piétonniers et des aires de jeux sans voitures sont aménagés, des tunnels on été creusés. La stratégie admet qu’il faut donner la priorité à la sécurité des piétons par rapport aux voitures, notamment en abaissant les limitations de vitesse. L’exemple colombien n’en est pas moins inspirant. A Bogota, on a pris conscience de l’importance de la question de la sécurité routière au début des années 90. En 1995, une batterie de mesures a été adoptée. Des pistes cyclables et des chemins piétonniers, y compris une voie sans voitures, ont été aménagés. Les voitures ont été interdites de circuler en centre-ville aux heures de pointe. Aussi, un système d’autobus à grande capacité pouvant transporter environ 700.000 personnes par jour a été mis en service, pour un coût de 300 millions de dollars. Ces mesures ont contribué à ramener le nombre de décès par accident de la route de 1.387 en 1995 à 697 en 2002 (soit plus de la moitié) et d’améliorer l’accès à l’emploi et de rendre l’environnement urbain plus vivable.

B.A.I
 
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