Selon le Dr. Fadl, ben Laden et Al-Zawahiri devraient comparaître devant la justice i

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Selon le Dr. Fadl, ben Laden et Al-Zawahiri devraient comparaître devant la justice islamique.

Le journal Asharq Alawsat a publié entre le 25 janvier et le 2 février une série d'articles qui sont un condensé d'un nouveau livre du Dr. Sayyid Imam Abdul Aziz Al-Sharif, plus connu sous le nom de Dr. Fadl, un éminent théoricien du djihad.

Ses ouvrages ont été utilisés par al-Qaida pour former et éduquer ses membres en matière de jurisprudence et de principes religieux islamiques. Dans son livre intitulé "L'Avenir du conflit entre les Talibans et l'Amérique en Afghanistan", le Dr. Fadl poursuit ses attaques contre le leader d'al-Qaida, Ossama ben Laden, et son commandant en second, Ayman Al-Zawahiri.

Il les accuse tous deux d'être totalement responsables des "catastrophes" qui affligent les Musulmans en Afghanistan et en Irak.

Ce nouveau livre du Dr. Fadl, emprisonné en Egypte depuis 2002 après avoir été remis aux autorités égyptiennes par le Yémen, poursuit dans la lignée de sa précédente série d'ouvrages publiés ces dernières années, à commencer par son "Document d’orientation pour l’activité djihadiste en Egypte et dans le monde" (2007), dans lequel il apportait des arguments juridiques islamiques qui, à ses yeux, retirent aux actions d'al-Qaida leur aspect "djihadiste".

Au vu de l'influence de ce chirurgien égyptien qui avait dirigé le Djihad islamiste égyptien avant que celui-ci ne tombe entre les mains du Dr. Al-Zawahiri en 1994, et qui avait écrit deux ouvrages, "Principe de base pour le passage à l'action" et "Quête de la connaissance divine", deux manuels de formation importants dans les camps d'entraînement d'al-Qaida, il est naturel que ses critiques de ben Laden et d'Al-Zawahiri provoquent des remous dans les milieux djihadistes.

Certains de leurs membres ont lancé de virulentes attaques contre celui qui était autrefois qualifié de "moufti des djihadistes dans le monde entier". Mais c'était avant qu'il ne change d'attitude vis-à-vis de ceux qui détiennent la nouvelle direction, sous la conduite de son collègue et compatriote, le Dr. Al-Zawahiri.

La critique faite par le Dr. Fadl des actions qu'il considère comme ne représentant pas le djihad - et, par voie de conséquence, l'Islam lui-même – ont perdu leur crédibilité d'un point de vue juridique islamique lorsqu'il s'est engagé dans un conflit personnel avec le Dr. Al-Zawahiri. Ce dernier a publié un livre qui réfute le "Document d’orientation pour l’activité djihadiste" du Dr. Fadl, intitulé "L'Absolution : Lettre absolvant l'oumma de la plume et du sabre des allégations injustes de fébrilité et de faiblesse", dans lequel il défend les actions d'al-Qaida.

Le Dr. Fadl a alors publié une contre-réfutation intitulée "Explication de l'absolution". Dans son ouvrage "L'Avenir du conflit entre les Talibans et l'Amérique en Afghanistan" (dans lequel il estime que la victoire reviendra aux Talibans), le Dr. Fadl tente apparemment de réajuster la boussole – qui s'était affolée par suite des conflits de personnes entre lui et Al-Zawahiri lors de l'arrivée de ce dernier à la direction de la mouvance, reléguant ses arguments légaux selon lesquels les actions d'al-Qaida ne peuvent être attribuées à l'Islam.

Il s'y attachait cette fois aux actions de ben Laden et d'Al-Zawahiri et montrait comment ces actions avaient porté préjudice à la communauté islamique qu'ils affirment défendre. Une fois encore, Al-Zawahiri ne laissa pas passer les attaques du Dr. Fadl, alors que celui-ci renouvelait ses accusations contre lui pour avoir conduit les jeunes du Djihad islamique égyptien à l'emprisonnement et à la mort dans leur lutte contre le gouvernement égyptien.

Il accusait Al-Zawahiri de procéder ainsi pour plaire aux services de renseignements soudanais qui lui avaient accordé l'asile dans les années 1990. (Il affirmait qu'Al-Zawahiri lui avait dit en personne avoir reçu de l'argent des forces de sécurité soudanaises pour mener des attaques contre le gouvernement égyptien du Président Hosni Moubarak.)

Dans son nouveau livre, le Dr. Fadl accuse les deux leaders d'al-Qaida, ben Laden et Al-Zawahiri, de tenter d'obtenir le soutien populaire des Musulmans en affirmant que leur organisation se bat pour la Palestine et lutte contre l'Amérique. Le Dr. Fadl réfute cet argument, et explique que leur but est en réalité la direction totale de la mouvance islamiste.

Ce médecin égyptien a consacré une partie importante de sa nouvelle étude à condamner personnellement ben Laden pour ce qui se passe en Afghanistan, affirmant qu'il aurait lancé les attaques du 11 septembre 2001 sans en avoir informé les Talibans, ce que ben Laden a d'ailleurs lui-même reconnu. Il explique que ben Laden aurait fait venir les Américains pour renverser le régime en place, qui refusait de se soumettre à lui.
 
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Il explique également que ben Laden est responsable d'avoir amené les Américains en Irak parce qu'après les attaques du 11 septembre, Washington avait adopté une stratégie de guerre préemptive, consistant à attaquer des ennemis potentiels avant qu'ils ne puissent lancer une attaque, ce qui se produisit en Irak en 2003.

Le Dr. Fadl explique que ben Laden et Al-Zawahiri n'avaient pas la capacité à résister aux Américains à la fois en Irak et en Afghanistan. Pour lui, ce qu'ils ont fait révèle l'étendue de leur mépris des gens en général et des Musulmans en particulier, qu'ils ont réduit à l'état de souris de laboratoire pour expérimenter leurs idées de manière à pouvoir résoudre leure difficile équation : comment obtenir des gains importants avec des ressources limitées ?

Il ajoute que "l'idée selon laquelle ils auraient monté un front de résistance contre les Américains et les Juifs est un mensonge. Ils ont tué les faibles et n'ont pas osé affronté les forts. Ils ont amené l'Amérique en Afghanistan puis se sont enfuis, laissant la lutte aux Afghans.

En Irak, ils ont tué des centaines de milliers d'Irakiens, et entraîné des conflits sectaires. Il y avait 21 000 prisonniers dans les prisons américaines et ils n'ont pu en libérer aucun, parce qu'ils ne s'en sont pas pris à des cibles militaires, mais ont visé des mosquées et des marchés,[/b] jusqu'à ce que l'opposé de ce qu'attendait Al-Zawahiri se produise, à savoir que le peuple irakien se retourne contre eux pour leur barbarie et leur préfère les Américains."

Sayyid Imam ouvre une parenthèse dans son analyse, affirmant que "ce qui s'est passé en Irak ces deux dernières années ne s'était jamais produit auparavant dans aucun mouvement de résistance contre un quelconque occupant. Les gens se sont retournés contre les membres d'al-Qaida -- leurs coreligionnaires, leurs frères arabes et leurs frères résistants.

Ils ont préféré l'occupant au vu des atrocités sans précédent commises par al-Qaida contre le peuple irakien, des tueries de masse et de la destruction aux enlèvements et aux demandes de rançons, en imposant des taxes exorbitantes, en commettant le vol, en criminalisant des actions légitimes et en imposant des punitions sans aucun fondement dans la loi islamique. Chaque fois que l'armée américaine les a pourchassés dans une quelconque région, ils se sont enfuis."

Le Dr. Fadl renouvelle son argument du droit islamique selon lequel les Musulmans ne sont pas autorisés à commettre des attentats à la bombe dans les pays occidentaux. Il explique qu'un Musulman ne peut entrer dans un pays occidental sur la base d'un contrat de sécurité (Aman) – comme celui que constitue un visa – puis s'engager dans une action offensive contre ce pays, parce que cela constitue une forme de tricherie, ce qu'interdit formellement l'Islam.

Il explique : "Même si un Musulman entre dans un pays non musulman et y est à l'abri et non menacé, mais que ce pays porte atteinte à d'autres Musulmans, il n'a pas le droit de trahir ce pays."

Articles liés Quand les stratégies d'Al-Qaida se retournent contre elles-mêmes et tuent des musulmans Et d'ajouter : "Après avoir commis toutes ces atrocités et apporté ces calamités sur les Musulmans, s'être opposés aux règles de l'Islam et à la parole d'Allah et de son Prophète, que la paix soit sur lui, affiché leur faiblesse et s'être enfuis, on est en droit de se demander ce qu'ils feraient s'ils parvenaient à contrôler un pays."

Il appelle à la mise en place d'un tribunal islamique pour le procès de ben Laden et de "tous ceux qui le soutiennent, approuvent ses actes et les justifient. Ben Laden a pris de lui-même la décision d'ordonner les attentats du 11 septembre et d'autres, et il a été le premier à les justifier. Puis il s'est enfui, laissant les autres payer les conséquences."

Ce nouvel ouvrage du Dr. Fadl ne devrait pas changer fondamentalement la donne dans les esprits des partisans d'al-Qaida. Tout comme ses prises de position antérieures n'ont pu s'imposer au sein de la mouvance, ces dernières devraient également être vouées à l'échec.

Camille Tawil est un journaliste libanais spécialisé dans les groupes islamistes. Il est l'auteur de deux livres, "L'Histoire des Djihadistes Arabes" et du "Mouvement Islamique Armé en Algérie - du FIS au GIA". Il a écrit cette analyse pour Al-Shorfa.



source :Magharebia|
 
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