Vu du Sénégal, les expulsions de Roms par la France sont choquantes. Mais on s'étonne que les même mesures prises contre des Africains n'aient pas provoqué la même vague d'indignation.
Les expulsions de Roms par le gouvernement de Sarkozy lui valent une volée de bois vert. De quasiment partout, les critiques fusent et s'abattent violemment sur le président français et son porte-flingue Brice Hortefeux : un prêtre de Lille, le père Arthur, a rendu sa médaille de l'Ordre national du mérite en signe de solidarité avec les 200 Roms expulsés vers la Roumanie et la Bulgarie. Il n'est jusqu'à la Commission des droits de l'homme de l'ONU et même le souverain pontife Benoît XVI pour s'être émus du sort fait à ces pauvres hères, populations impécunieuses éparpillées dans différents pays européens. De Rome, le pape a demandé à la France d'"accueillir les légitimes diversités humaines" et de faire preuve de "fraternité universelle".
Ces réactions outrées, diplomatiques ou religieuses, pour honorables qu'elles soient, n'en sont pas moins déséquilibrées eu égard à d'autres épisodes d'expulsions d'étrangers. L'on peut en effet se sentir solidaire des Roms, sans manquer de remarquer que leurs expulsions ont suscité des réactions d'une rapidité sans commune mesure avec celles que suscitent les mêmes pratiques à l'égard des Africains. Dans des camps de reconduite à la frontière, véritables prisons qui ne disent pas leur nom, des milliers d'êtres humains, tout aussi éligibles à la "fraternité universelle" croupissent, laissés à une administration plus soucieuse de statistiques d'expulsions que d'"accueillir les légitimes diversités humaines". A l'époque, le Vatican ne s'était pas autant indigné... Parce qu'ils ne sont pas roms, donc européens ?
Combien sont-ils à être l'objet de contrôles intempestifs quotidiens, d'humiliations policières dans les rues, sur le seul critère de la couleur de la peau, sans que cela émeuve la Commission des droits de l'homme de l'ONU ? Quel est le nombre des expulsés, menottés et rudoyés, vers l'Afrique, sans que cela émeuve outre mesure ? En Italie même, il y a quelques mois, des groupes armés de fusils s'en sont pris à des Africains, qui furent tirés comme des lapins : l'affaire n'a pas 
pris plus d'envergure qu'un banal incident. Rome n'a pas élevé la voix.
En 1996, le 23 août, 200 Africains à la recherche de travail, certains avec des enfants nés en France, avaient été assaillis par un millier de CRS qui ont fracassé à coups de hache les portes de l'église Saint-Bernard, à Paris, où ils s'étaient réfugiés. On le voit donc, ce n'est pas seulement aujourd'hui que la France, "patrie des droits de l'homme" se signale par un comportement coupable. Certains semblent le découvrir.

Courrier international
Les expulsions de Roms par le gouvernement de Sarkozy lui valent une volée de bois vert. De quasiment partout, les critiques fusent et s'abattent violemment sur le président français et son porte-flingue Brice Hortefeux : un prêtre de Lille, le père Arthur, a rendu sa médaille de l'Ordre national du mérite en signe de solidarité avec les 200 Roms expulsés vers la Roumanie et la Bulgarie. Il n'est jusqu'à la Commission des droits de l'homme de l'ONU et même le souverain pontife Benoît XVI pour s'être émus du sort fait à ces pauvres hères, populations impécunieuses éparpillées dans différents pays européens. De Rome, le pape a demandé à la France d'"accueillir les légitimes diversités humaines" et de faire preuve de "fraternité universelle".
Ces réactions outrées, diplomatiques ou religieuses, pour honorables qu'elles soient, n'en sont pas moins déséquilibrées eu égard à d'autres épisodes d'expulsions d'étrangers. L'on peut en effet se sentir solidaire des Roms, sans manquer de remarquer que leurs expulsions ont suscité des réactions d'une rapidité sans commune mesure avec celles que suscitent les mêmes pratiques à l'égard des Africains. Dans des camps de reconduite à la frontière, véritables prisons qui ne disent pas leur nom, des milliers d'êtres humains, tout aussi éligibles à la "fraternité universelle" croupissent, laissés à une administration plus soucieuse de statistiques d'expulsions que d'"accueillir les légitimes diversités humaines". A l'époque, le Vatican ne s'était pas autant indigné... Parce qu'ils ne sont pas roms, donc européens ?
Combien sont-ils à être l'objet de contrôles intempestifs quotidiens, d'humiliations policières dans les rues, sur le seul critère de la couleur de la peau, sans que cela émeuve la Commission des droits de l'homme de l'ONU ? Quel est le nombre des expulsés, menottés et rudoyés, vers l'Afrique, sans que cela émeuve outre mesure ? En Italie même, il y a quelques mois, des groupes armés de fusils s'en sont pris à des Africains, qui furent tirés comme des lapins : l'affaire n'a pas 
pris plus d'envergure qu'un banal incident. Rome n'a pas élevé la voix.
En 1996, le 23 août, 200 Africains à la recherche de travail, certains avec des enfants nés en France, avaient été assaillis par un millier de CRS qui ont fracassé à coups de hache les portes de l'église Saint-Bernard, à Paris, où ils s'étaient réfugiés. On le voit donc, ce n'est pas seulement aujourd'hui que la France, "patrie des droits de l'homme" se signale par un comportement coupable. Certains semblent le découvrir.

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