Suicide : Les psychiatres divisés

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Il y a eu 24 suicides en 18 mois chez France Télécom, donc 16 pour 100 000 employés. La moyenne en France est de 16,5 suicides pour 100 000 habitants.

Suicide : responsabilité individuelle ou collective ? Les 24 décès à France Télécom ne peuvent être réduits aux seules questions de gestion.


PSYCHIATRIE Certains sujets sont extrêmement délicats à aborder, car le fait même de les évoquer peut modifier leur cours. Mais il n’est pas question pour autant de les ignorer. Comment comprendre les 24 suicides en18 mois à France Télécom, suicides qui ont meurtri des familles, troublé les salariés de l’entreprise et ému le pays tout entier ? Peut-on parler d’une épidémie ? S’agit-il d’actes individuels ou faut-il y voir une réponse collective à des stratégies de gestion inhumaine de la firme, comme certains l’affirment ? Quelle prévention mettre en oeuvre pour cesser la spirale infernale de ces événements tragiques ?Les psychiatres que nous avons interrogés n’ont pas de réponse univoque, mais récusent les explications trop simplistes. Si l’on regarde froidement les statistiques,il n’y a pas plus de suicides à FranceTélécom que dans la population générale. En France, chaque année 11000 personnes mettent fin à leur jour, soit 16,5 suicides en moyenne pour 100 000 habitants.

Ce taux est de 27 pour 100 000 pour les 45-50 ans. Il y a eu 24 suicides en 18 mois, donc 16 pour 100 000 employés pour un an chez FranceTélécom.Il n’y a donc pas de surmortalité. Ce chiffre plutôt faible relativise le problème, même s’il doit être pondéré par deux facteurs. Le travail a un effet protecteur sur le suicide. Il faudrait donc comparer les données de France Télécom à celles d’autres grandes sociétés et non pas aux statistiques générales. Par ailleurs, plusieurs décès se sont produits sur le lieu de travail même, interpellant ainsi directement l’entreprise.« L’inactivité représente le risque principal de suicide,explique le professeur Françoise Façy (directrice de recherche à l’Inserm). Le secteur professionnel le plus touché est le monde agricole. S’il n’y a pas de sur représentation à France Télécom, le choix du lieu est l’expression d’un mal être qui vise à prendre la société à témoin.» Comment dès lors interpréter la situation actuelle ? « Le suicide est avant tout un acte individuel,même s’il peut bien sûr s’alimenter à une problématique collective.

On ne peut réduire le suicide à un acte désespéré face aux contraintes du management et on ne peut pas non plus extraire cet acte de son contexte. Si on dit : “L’entreprise maltraite et désespère les gens”, on transforme un acte désespéré en une action sociale. Avec le risque que le sens qu’on lui donne participe à l’incitation à le faire. Il n’empêche,on ne peut absolument pas ignorer le lien avec le travail ; mais il serait abusif de croire que l’on en comprend le sens », assure le docteur Michel Botbol (psychiatre, Paris).
 
Le suicide est un acte que l’on peut prévenir, si l’on en croit les recherches en santé publique, sur lequel l’impact social n’est donc pas négligeable. « Travailler est un facteur de protection contre le suicide,en procurant des revenus, mais aussi une identité professionnelle,un rôle social,une reconnaissance des compétences. Est-ce que ça ne l’est
plus ?Des salariés consciencieux peuvent-ils tirer ces bénéfices dans un travail qui non seulement perdrait son sens, mais imposerait aussi des objectifs impossibles à réaliser ? questionne Jean-Louis Terra (professeur de psychiatrie, Lyon).Près de 70 facteurs de risques suicidaire sont étédécrits, notamment la dépression,l’abus d’alcool,les troubles de la personnalité. Pour comprendre ce qui s’est passé réellement à France Télécom,il faudrait reprendre tous les dossiers des personnes décédées,analyser leur personnalité,leur fragilité, leurs points forts, faibles… »

Des épidémies de suicides par mimétisme ont déjà été recensées. Freud en a décrit dans des pensionnats de jeunes filles… « Oui, il peut y avoir des effets de contagion, de facilitation par l’exemple. La médiatisation peut avoir une certaine résonance chez des personnes plus fragiles. On ne peut pas négliger cet aspect des choses, soutient le docteur Charles Sebrien, psychiatre à Paris. Il est évident que les conditions de travail peuvent contribuer au passage à l’acte. Mais, pour moi, la plus grande prudence s’impose quant à attribuer la responsabilité de cet acte à telle ou telle personne. Il ne faut pas tomber dans le piège de “l’entreprise tue”. Cette explication simple ne peut satisfaire que les esprits simples. » D’autres experts sont plus tranchants. Oui, bien sûr, il y a la fragilité individuelle.

Mais le monde du travail peut être violent. « Ce n’est pas la charge de travail qui peut peser. Ni les contraintes horaires. Mais le fait que les salariés ont un sentiment de solitude.
Avec l’impression qu’ils n’intéressent personne et que seule prévaut la loi du marché, affirme un psychiatre qui préfère garder l’anonymat. Face à cela, la société ne joue
plus son rôle du fait du délitement des liens sociaux, syndicaux, familiaux, spirituels. » Le monde du travail plus dur qu’autrefois ? Pas forcément.Mais le soutien social,la fraternité et la solidarité familiale, supports absolus face aux difficultés du monde qui se dissolvent lentement au profit d’un individualisme triomphant, sont sans doute aussi en accusation

Source: Le figaro
 
l individualisme triomphant j adore cet expression.pour moi ce que dit le 2eme psy est plus credible.la pression au boulot et la solitude.france telecom est donc a moitie responsable.les chiffres sont quand mm impressionnant et que compte faire l employeur?
 
l individualisme triomphant j adore cet expression.pour moi ce que dit le 2eme psy est plus credible.la pression au boulot et la solitude.france telecom est donc a moitie responsable.les chiffres sont quand mm impressionnant et que compte faire l employeur?

Et dire qu’il y avait une cellule psychiatrique chez France Telecom…Mais à lire leur propos, tu comprends mieux d’où vient le problème



LA SÉRIE de suicides chez France Télécom conduit à s’interroger sur le rôle et l’efficacité de la médecine du travail. France Télécom compte un réseau de 70 praticiens qui sont salariés de l’entreprise. Mais la position de ces derniers est toujours compliquée, car le Code du travail les définit comme conseillers à la fois de la direction de l’entreprise, des salariés et de leurs représentants. « C’est une position difficile à tenir. Nous subissons parfois des pressions, tant de la part de la direction que des syndicats », explique Monique Fraysse, médecin du travail chez France Télécom en Auvergne. « Mais cela fait partie de notre travail. Finalement, le plus difficile c’est l’impression parfois de ne servir à rien, c’est l’indifférence de la direction par rapport à nos recommandations », poursuit Monique Fraysse. Neuf médecins du travail ont démissionné ces deux dernières années chez France Télécom. Certains pour raisons personnelles. D’autres parce qu’ils estimaient ne pas pouvoir exercer leur rôle.

« Le système de management de santé au travail de France Télécom me procure la pénible impression de jouer un rôle mineur comme acteur très secondaire de la démarche de prévention », expliquait l’un d’eux dans sa lettre de démission. Si le médecin du travail n’est pas légitime à se prononcer sur la stratégie de l’entreprise et ses choix économiques, il peut en revanche se prononcer sur toute mesure, y compris des restructurations, s’il considère qu’elles ont un impact sur la santé des salariés. « Il faut que nous écoutions davantage nos médecins, que nous les mettions plus en amont dans les processus », reconnaît Laurent Zylberberg, directeur des relations sociales. « Mais les médecins du travail ont un rôle de conseil. Il faut aussi qu’ils acceptent qu’on ne suive pas toujours leurs recommandations », ajoute-t-il.
 
Je me doutais un peu que tout ça était bizarre mais je n’avais pas de chiffres
Surtout que France télécom est loin d’etre l’entreprise de France ou le stress au travail est le plus répandu
Les médias quand il n’y a rien dans l’actualité en inventent une de manière totalement inconsciente et non coordonnée , quand on y réfléchis bien ça fait peur
 
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