Tariq Ramadan sur la situation des enfants de la rue : Une réalité indigne des sociétés musulmanes
Le professeur Tariq Ramadan a tenu une conférence publique, mercredi dernier, dans le cadre des activités du mouvement Jama atou ibadou rahmane. Une occasion pour le spécialiste en théologie de dénoncer la situation des enfants de la rue qu'il qualifie de phénomène scandaleux dans une société musulmane.
C'est un plaidoyer très virulent qui a été présenté par le professeur Tariq Ramadan sur la situation des enfants de la rue ou Taalibe. Selon lui, le décor qu'offre notre pays dès que l'on débarque à l'aéroport Léopold Sédar Senghor est indigne d'un pays à forte composition musulmane. Les enfants de la rue en Afrique, c'est tout simplement scandaleux, s'indigne-t-il. D'ailleurs, il ne devrait pas y avoir d'enfants de la rue si l'on se base sur les recommandations islamiques de solidarité et de protection des enfants, poursuit le professeur de l'université d'Oxford. Mais, en dehors de la responsabilité des Etats, Ramadan ne manque pas de décrier les règles établies par les sociétés musulmanes et qui confinent les jeunes Taalibe dans une spirale de dépendance et de soumission. Le guide (religieux) n'est pas destiné à être adoré, soutient également Tariq Ramadan qui se dit heurté par les interprétations déformées des préceptes islamiques. Et c'est comme pour exhorter les pays musulmans à réaliser d'énormes efforts allant dans le sens de mieux garantir aux couches vulnérables une plus grande protection. Car, le même plaidoyer a été utilisé en faveur des femmes vivant dans les sociétés musulmanes. Toutes nos sociétés africaines doivent reconsidérer leurs cultures vis-à-vis des femmes, prêche-t-il avec une ferme volonté de voir cette couche vulnérable de la société profiter des retombées économiques.
Mettant en rapport l'évolution des femmes et des enfants avec le thème axé sur les exigences de la globalisation, le conférencier dénonce l'acculturation sous toutes ses formes. La globalisation est un fait et elle touche aussi bien l'économie, le fait culturel que le processus d'exploitation de l'information, explique l'auteur de l'ouvrage L'autre en nous qui prône la valorisation des acquis culturels en Afrique. A son avis, les musulmans africains ne sont pas obligés de s'arabiser pour prétendre à de meilleures dispositions de pratique de la religion islamique. Mais, il n'empêche que face aux mutations édictées par la mondialisation, une ouverture s'impose dans le cadre d'une reconnaissance de l'autre. Il faut rompre avec le principe d'exclusivisme de la peur qui, selon le spécialiste en théologie, entraîne un dogmatisme potentiel. Cette thèse de la reconnaissance de l'autre et de ses croyances est assise sur le fait que les musulmans ne doivent pas se réclamer de l'exclusivité de la seule religion légitime sur terre.
Pour le professeur Tariq Ramadan, l'éthique en nation constitue un des principaux défis à relever pour le monde musulman. Autrement dit, la résolution des conflits internes d'interprétation et d'idéologie qui déchirent les rapports entre les musulmans. Une donne regrettable qui pousse le conférencier à militer pour un Islam d'ouverture et de tolérance. Il faut que nous renouons avec la conscience de l'universel ; et il suffit d'être de bons compétiteurs et ne pas raisonner sur le nombre, reprend le conférencier, comme pour dénoncer cette forme d'uniformisme qui soustrait les libertés. Mais dans une approche d'ouverture, qui expose les musulmans face aux aléas du monde occidental, le professeur de théologie recommande d'importer les technologies et les performances et non les goûts culturels. Et pour mieux étayer ses propos, le célèbre défenseur des valeurs islamiques résume en ces termes : Dieu a voulu que tout le monde ne soit pas musulman. Des propos qui mettent à nu sa volonté de favoriser l'érection d'un monde islamique conscient de ses valeurs, tout en allant dans le sens d'évoluer dans une sphère cosmopolite faite de reconnaissance de l'autre et de ses croyances.
Abdoul Aziz AGNE
Le professeur Tariq Ramadan a tenu une conférence publique, mercredi dernier, dans le cadre des activités du mouvement Jama atou ibadou rahmane. Une occasion pour le spécialiste en théologie de dénoncer la situation des enfants de la rue qu'il qualifie de phénomène scandaleux dans une société musulmane.
C'est un plaidoyer très virulent qui a été présenté par le professeur Tariq Ramadan sur la situation des enfants de la rue ou Taalibe. Selon lui, le décor qu'offre notre pays dès que l'on débarque à l'aéroport Léopold Sédar Senghor est indigne d'un pays à forte composition musulmane. Les enfants de la rue en Afrique, c'est tout simplement scandaleux, s'indigne-t-il. D'ailleurs, il ne devrait pas y avoir d'enfants de la rue si l'on se base sur les recommandations islamiques de solidarité et de protection des enfants, poursuit le professeur de l'université d'Oxford. Mais, en dehors de la responsabilité des Etats, Ramadan ne manque pas de décrier les règles établies par les sociétés musulmanes et qui confinent les jeunes Taalibe dans une spirale de dépendance et de soumission. Le guide (religieux) n'est pas destiné à être adoré, soutient également Tariq Ramadan qui se dit heurté par les interprétations déformées des préceptes islamiques. Et c'est comme pour exhorter les pays musulmans à réaliser d'énormes efforts allant dans le sens de mieux garantir aux couches vulnérables une plus grande protection. Car, le même plaidoyer a été utilisé en faveur des femmes vivant dans les sociétés musulmanes. Toutes nos sociétés africaines doivent reconsidérer leurs cultures vis-à-vis des femmes, prêche-t-il avec une ferme volonté de voir cette couche vulnérable de la société profiter des retombées économiques.
Mettant en rapport l'évolution des femmes et des enfants avec le thème axé sur les exigences de la globalisation, le conférencier dénonce l'acculturation sous toutes ses formes. La globalisation est un fait et elle touche aussi bien l'économie, le fait culturel que le processus d'exploitation de l'information, explique l'auteur de l'ouvrage L'autre en nous qui prône la valorisation des acquis culturels en Afrique. A son avis, les musulmans africains ne sont pas obligés de s'arabiser pour prétendre à de meilleures dispositions de pratique de la religion islamique. Mais, il n'empêche que face aux mutations édictées par la mondialisation, une ouverture s'impose dans le cadre d'une reconnaissance de l'autre. Il faut rompre avec le principe d'exclusivisme de la peur qui, selon le spécialiste en théologie, entraîne un dogmatisme potentiel. Cette thèse de la reconnaissance de l'autre et de ses croyances est assise sur le fait que les musulmans ne doivent pas se réclamer de l'exclusivité de la seule religion légitime sur terre.
Pour le professeur Tariq Ramadan, l'éthique en nation constitue un des principaux défis à relever pour le monde musulman. Autrement dit, la résolution des conflits internes d'interprétation et d'idéologie qui déchirent les rapports entre les musulmans. Une donne regrettable qui pousse le conférencier à militer pour un Islam d'ouverture et de tolérance. Il faut que nous renouons avec la conscience de l'universel ; et il suffit d'être de bons compétiteurs et ne pas raisonner sur le nombre, reprend le conférencier, comme pour dénoncer cette forme d'uniformisme qui soustrait les libertés. Mais dans une approche d'ouverture, qui expose les musulmans face aux aléas du monde occidental, le professeur de théologie recommande d'importer les technologies et les performances et non les goûts culturels. Et pour mieux étayer ses propos, le célèbre défenseur des valeurs islamiques résume en ces termes : Dieu a voulu que tout le monde ne soit pas musulman. Des propos qui mettent à nu sa volonté de favoriser l'érection d'un monde islamique conscient de ses valeurs, tout en allant dans le sens d'évoluer dans une sphère cosmopolite faite de reconnaissance de l'autre et de ses croyances.
Abdoul Aziz AGNE