(Les echos)La question de la nouvelle norme de la TNT agite le paysage audiovisuel
Le président de NRJ a écrit au Premier ministre, craignant une mise en oeuvre immédiate de la norme DVB-T2, ce qui aurait pour conséquence de geler le paysage pour plusieurs années. Rien n'est arbitré, rétorque-t-on à l'Elysée.
Le gouvernement s'apprête-t-il à faire basculer la télévision numérique terrestre (TNT) dans une nouvelle norme permettant de diffuser plus de chaînes en haute définition, le DVB-T2 ? Le groupe NRJ en est convaincu et il ne cache pas son inquiétude car il redoute que personne ou presque ne puisse pendant de longues années être en mesure de regarder de nouvelles chaînes lancées sur une telle norme. A l'heure ou les Français finissent à peine de s'équiper en téléviseurs TNT de première génération, ils risquent en effet d'hésiter avant d'investir dans de nouveaux boîtiers ou téléviseurs de deuxième génération. Résultat, si techniquement les nouvelles chaînes pourraient se lancer, elles ne trouveraient ni leur public... ni donc leur rentabilité économique.
Vendredi dernier, le président de NRJ, Jean-Paul Baudecroux, a adressé une lettre au Premier ministre François Fillon. Tout en reconnaissant dans son courrier qu'aucune « prise de position officielle » n'est encore intervenue, il évoque des « informations convergentes » qui lui sont parvenues. « Il semblerait que les pouvoirs publics s'apprêteraient à mettre à l'étude un schéma pour le moins déroutant, consistant à prévoir le lancement d'appels à candidatures en TNT gratuite sous la nouvelle norme DVB-T2 (qu'aucun téléspectateur ne peut recevoir) [...] », écrit Jean-Paul Baudecroux.
Du côté du gouvernement, on assure qu'aucune décision n'est prise. « Rien n'a encore été arbitré », assure-t-on. Pourtant, certaines sources assurent que le ministère de l'Industrie est favorable à un passage immédiat au DVB-T2 et qu'un projet d'arrêté ministériel est en préparation. Avant de trancher, les pouvoirs publics attendraient juste l'avis de la Commission européenne sur les chaînes compensatoires, attribuées par la loi à TF1, M6 et Canal+. Une fois cet avis rendu, ce qui devrait être le cas en juin, ils en sauront plus sur la physionomie du paysage à venir, puisque la Commission validera, ou non, les canaux compensatoires. Si elle donnait son feu vert, le gouvernement pourrait en dernier recours utiliser l'arme du DVB-T2 pour que les chaînes ne puissent pas perturber le marché trop tôt.
Derrière le passage à la norme DVB-T2, se cache en fait un débat fondamental. Le DVB-T2 sera nécessaire à moyen terme, pour faire passer faire passer les 29 chaînes de la TNT - gratuites et payantes -en haute définition sur une même bande de fréquences, compte tenu du manque de place sur les multiplex (voir encadré). « Si on ne commence pas à amorcer la pompe du DVB-T2, on ne pourra pas faire passer tout le monde à la haute définition », estime un observateur.
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