Tertib ou la réforme fiscale azizienne 1901

Le tertib s ’ inscrit dans le cadre d ’ une réforme fiscale moderniste. Décidé par Moulay-Abdelaziz en 1901, cette réforme vise à instaurer un nouvel impôt sur les biens qui remplace l ’ ancien système basé sur la zakat, la dîme et les taxes makhzaniennes. Connu sous le nom de “ tertib ” ( = organisation), cette nouvelle réforme consistait à suivre une politique fiscale basée sur la justice et l ’ égalité, ne concédant à personne aucun privilège ni immunité des taxes locales, dont jouissaient auparavant grand nombre de personnes.

Dans le Dahir envoyé par Moulay-Abdelaziz aux gouverneurs et chefs de tribus, cette réforme visait à préserver les intérêts des sujets; améliorer leur situation et lever le mal infligé par les impôts excessifs; résoudre les différends entre gouvernés et gouvernants; abolir les privilèges de classe et soumettre chacun aux impôts y compris les gouverneurs, les notables et les dignitaires religieux; et restreindre les pouvoirs des gouverneurs quant à l ’ imposition des contributions sauf en cas d ’ un texte explicite émanant du sultan. Aussi, le “ tertib ” visait-il à assainir la société et l ’ économie marocaines qui connaissaient une crise financière grave due à l ’ aversion des sujets et à leur désintérêt pour verser leurs contributions à cause de l ’ abus de pouvoir des gouverneurs.

Ce climat de crise sociale et économique favorisait ainsi le désordre, et constituait un champ favorable à l ’ intervention étrangère dans les affaires du pays. Le “ tertib ” a été déclaré dans une conjoncture intérieure particulière, et à un moment où les pressions françaises sur les frontières Est du pays se faisaient de plus en plus sentir. Il était donc indispensable de trouver les moyens financiers adéquats qui feraient face aux pressions étrangères. Si le projet de réforme fiscale émanait d ’ une nécessité locale concernant les Marocains, il n ’ avait pas échappé aux influences étrangères, notamment françaises et anglaises.

Concernant l ’ application du tertib, des commissions spéciales constituées chacune de deux adouls, d ’ un amin et d ’ un représentant du caïd de la tribu, avaient pour mission de recenser les biens meubles et immeubles de chaque propriétaire et d ’ estimer sa contribution; et toute personne n ’ ayant pas déclaré ses biens en sera dépossédés. Si les masses avaient manifesté une attitude favorable au tertib azizien, perçu comme un système équitable et juste, ce n ’ était pas le cas pour l ’ élite (caïds, chef des zaouias, etc.) qui avait combattu cette réforme et l ’ ont fait échoué.


http://www.marocantan.com/
 
Retour
Haut