amsawad
Tayri nem tuder g-ul inu
Ce sont des comédiens extrêmement soulagés et satisfaits qui viennent de quitter la scène de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, après avoir présenté une pièce que les Tiziouzéens ont admirée et applaudie. Il était difficile de deviner quelle serait la réaction du public devant un spectacle produit dans une variante amazighe quil ne saisirait pas forcément. Finalement, le théâtre est un art qui joint véritablement le geste à la parole. Aucun signe dennui nest apparu chez les spectateurs qui ont suivi silencieusement la pièce et qui ont ri quand il fallait le faire. A la fin de la présentation, les membres de la troupe théâtrale de lassociation Tifsiwin du théâtre dEl Hoceïma ont rejoint modestement la salle afin de suivre, à leur tour, une autre pièce en chaoui du théâtre de Batna. Ahmed Sammar, responsable de la troupe est comblé davoir réussi cette mission car cest la première fois quils participe à un festival en Algérie. Interrogé, il revient sur les origines de la création de cette troupe amazighophone. Cétait en 2004. Des militants de la cause berbère des universités de Fès et de Oujda avaient conclu quil était nécessaire de créer des activités théâtrales à El Hoceïma. Avant cette année, des troupes théâtrales dexpression amazighe existaient notamment à Nador, à Tanger et à Casablanca. Deux troupes ont ainsi été créées à El Hoceïma, lune pour les enfants et lautre pour les adultes. Aujourdhui, cette dernière a à son actif pas moins de quatre pièces de théâtre dont lune porte sur le thème de lémigration clandestine: Soughir Khek à Ziane. Les efforts de ce groupe de théâtre ont été gratifiés par le Grand Prix professionnel lors du Festival de Casablanca. Ahmed Sammar précise que sa troupe bénéficie de quelques subventions de la part du ministère de la Culture marocain et de celle de lInstitut royal de culture amazighe (Ircam) ainsi que de la mairie dEl Hoceïma. Mais lapport financier le plus important dont bénéficie la troupe, cest celui des investisseurs de leur région, lesquels, selon notre interlocuteur, ne ménagent aucun effort afin de leur prêter main forte. Grâce aux efforts conjugués de tous, il a été organisé le premier festival de théâtre amazigh à El Hoceïma, en 2008. Une grande première, comme celle de Tizi Ouzou. Sauf quà El Hoceïma, le festival avait une dimension méditerranéenne. Selon Ahmed Sammar, le public marocain est très réceptif au théâtre dexpression amazighe. A chaque fois quils se produisent, les salles sont archicombles. Au Maroc aussi, le théâtre avait connu une période de clandestinité. La première troupe théâtrale clandestine, dans ce pays voisin, est née en 1978 dans la région berbérophone de Nador. Ce nest quen 2003 que le théâtre professionnel dexpression amazighe y a vu le jour. La première pièce est même passée à la télévision marocaine. Elle sintitule Argaz n wuwragh (lhomme en or).
Aomar MOHELLEBI
source :L'Expression
Aomar MOHELLEBI
source :L'Expression