Bien triste anniversaire : 23 mars 1965, manifestation de lycéens réprimée dans le sang à casa .

ould khadija

fédalien
Contributeur
Le 23 mars 1965, le pavé de plusieurs rues de Casablanca a été entaché par du sang.

Non pas celui des martyrs ou des éléments des forces coloniales mais celui de jeunes élèves marocains ayant investi les rues de la capitale économique pour dire "non" à toute atteinte au droit à l’enseignement.

Retour sur un fait historique douloureux de l’histoire du Maroc.

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Certaines dates de l’histoire du Maroc sont tellement sombres qu’elles n’avaient pas pu trouver chemin vers les livres d’histoire et les manuels scolaires.

Preuve en est la date du 23 mars 1965 lorsque les pavés de plusieurs rues de Casablanca ont été entachés par du sang.

Le Maroc venait à peine de décrocher son indépendance lorsque l’opinion publique marocaine a été choquée d’apprendre qu’une révolte des élèves a été lourdement réprimée par les balles des éléments des Forces armées royales (FAR).

Plusieurs disparitions et décès étaient alors à déplorer.

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L’UNEM et l’appel au «renversement du régime et la reprise du pouvoir»

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Sur un autre front, l’Union national des étudiants du Maroc (UNEM) avait, elle aussi, choisi de se ranger du côté de l'opposition.

C’est en août 1963 que le syndicat estudiantin organisait un congrès durant lequel les militants appelaient explicitement au renversement du pouvoir de Hassan II.

«Aujourd’hui, après les expériences qu’a connu notre pays comme la bataille pour le boycott de la Constitution royale, la répression générale dans les campagnes contre toutes les forces de l'opposition et le coup contre le Parti progressiste, l'Union nationale des forces populaires, il est claire que l'existence du système constitue elle-même un obstacle à la réalisation des aspirations des masses populaires et une entrave à toute possibilité de progrès», indiquait l’UNEM dans son communiqué final.


Le même texte va encore plus loin, estimant que «l’abolition du système est une condition sine qua non pour que le pays sorte de la crise ouverte ou constante où il patauge depuis l'indépendance».

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L'activité syndicale estudiantine a été étendue aux lycées et a agrandi le militantisme chez les élèves. La monarchie, consciente du danger, devait réagir.

En juin 1963, un Dahir est alors émis par le roi, interdisant à l’UNEM d’encadrer des élèves.

Les choses semblaient s'être calmées pendant presque deux ans lorsqu’une circulaire du ministère de l’Education nationale ravive les revendications du passé.

Le 19 février 1965, Youssef Belabbès, alors ministre de ce département, signe une circulaire ministérielle interdisant aux élèves âgés de plus de 16 ans l’accès aux classes du lycée.

«Il est nécessaire que seuls les élèves en mesures de suivre leur études dans l’une des branches du lycée puissent y accéder», estimait ce département.

Lorsqu’il signait ce document, le ministre qui occupait auparavant le même poste dans le département de la Santé, n’imaginait certainement pas que cette circulaire sera la goutte de trop.


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Nous sommes lundi 22 mars 1965 lorsque les élèves de 13 lycées avaient choisi Casablanca pour la toute première protestation. Les autorités avaient alors procédé à plusieurs arrestations.

Une tentative avortée pour calmer les élèves qui tourne au vinaigre.

Le lendemain, soit le 23 mars, les collégiens s’organisent et partent dans une large manifestation en direction de Derb Soltan, fief de la classe ouvrière casablancaise où des milliers de travailleurs et de chômeurs rejoignent le mouvement pour défendre un droit national inaliénable, à savoir le droit à un enseignement public.

Le cortège se dirige ensuite vers le cœur de la ville Blanche au moment où les forces de l’ordre s’invitent aussi à la manifestation.

Les policiers et les éléments des FAR décident d’abord d’intervenir pour disperser les manifestants.

Face à l’échec de ces tentatives, ils reçoivent l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestations vers le coup de 15h.

Les manifestants, majoritairement constitués de jeunes adolescents, sont gravement touchés, l’un après l’autre.

Les pavés des rues de Casablanca sont alors entachés par le sang de jeunes marocains dont le nombre n’a jamais été établi.





YOUSSEF DAHMAN
.https://www.yabiladi.com/articles/details/52156/mars-1965-lorsque-forces-l-ordre.html
 

ould khadija

fédalien
Contributeur
C'est le genre d'anniversaire qui ne sera pas évoqué par les médias ...makhzéniens, bien évidemment.

La "boucherie" se serait soldée par plus de 2 000 victimes (morts et disparus) en majorité des adolescents , selon la presse étrangére de l'époque .

Le boucher : le Général Oufkir .

Allah yrham les courageuses victimes .

On peut se demander ce qui se serait passé si, à l'époque, Youtube et les réseaux sociaux étaient développés .
 
Justement, cet après midi, quand il a fallu mettre une date sur un document à imprimer, un collègue casablancais jusqu'à l'os, et sexagénaire ayant vécu ces événements m'a dit: cette date me dit quelque chose....:)
 
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