Tunisie : « Les Siestes du grand-père » ou le récit autobiographique d’un inceste

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Alors que le débat sur l’inceste a ressurgi, en France, après la publication de La Familia grande, de Camille Kouchner, un ouvrage, publié en Tunisie début janvier, aborde lui aussi cette question, encore éminemment taboue dans le pays. Son autrice, Monia Ben Jemia, issue d’un milieu modeste et conservateur, a été l’une des premières de sa famille à faire des études et à s’engager dès 2004 au sein de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), dont elle a été la présidente de 2016 à 2018.

Dans Les Siestes du grand-père, récit d’inceste (Cérès éditions), elle raconte l’enfance de Nédra, une jeune fille originaire de Tataouine, qui grandit à Tunis, victime des agressions sexuelles de son grand-père maternel. Elle les subira en silence jusqu’à ses 11 ans. Monia Ben Jemia, aujourd’hui âgée de 62 ans, en parle pour la première fois dans ce roman autobiographique d’une centaine de pages, écrit en français et qui devrait être prochainement traduit en arabe.

Dans votre avant-propos, vous évoquez des événements qui se sont produits à Regueb, ville du centre de la Tunisie, en 2019 : une école coranique avait été fermée après des révélations d’embrigadement salafiste et d’abus sexuels sur les jeunes. Est-ce ce scandale qui vous a décidé à parler ?​

Monia Ben Jemia : J’ai commencé à écrire ce livre bien avant cette affaire, lorsque j’étais écoutante au centre des victimes de violences au sein de l’ATFD de 2004 à 2015. Je m’étais rendu compte que le phénomène de l’inceste était très répandu en Tunisie. De nombreuses femmes venaient nous voir pour des violences conjugales et finissaient par raconter qu’elles avaient été victimes dans leur enfance.

Beaucoup également ne décidaient de quitter leur mari qu’à partir du moment où il agressait sexuellement leurs enfants. Cela m’avait marquée. Sans compter toutes les affaires d’inceste que l’ATFD a suivies en justice et qui se sont malheureusement soldées par des acquittements. Dans tous ces cas, il y a eu un déni des politiques. Les affaires remuaient l’opinion au moment où elles éclataient, mais il n’y avait pas de suites concrètes. Aucune politique publique n’était mise en œuvre pour protéger les enfants.

Comment expliquez-vous que l’inceste fasse encore l’objet d’un tel déni en Tunisie ?​

Beaucoup considèrent l’inceste comme une violence sexuelle qui serait le fait d’obsédés vivant dans des sociétés occidentales dépravées, à l’inverse de la société dans laquelle nous vivons. Celle-ci, musulmane, conservatrice, aurait, elle, une morale et des valeurs empêchant ce type d’agressions. Evidemment, il n’en est rien. Les agresseurs sont souvent, sinon toujours, des gens ordinaires, au-dessus de tout soupçon, comme dans mon livre où le grand-père de Nédra est un homme pieux, respecté de tous. L’inceste existe dans tous les milieux, dans tous les types de familles.

C’est un roman autobiographique. Pourquoi avoir choisi de raconter votre vécu à la troisième personne ? Et d’avoir écrit en début du livre que « toute ressemblance avec des faits réels ne serait que pure coïncidence » ?​

L’aspect autobiographique du récit est sans intérêt, sinon pour dire que l’inceste est courant, tristement banal si j’ose dire. Mais aussi pour transmettre un message d’espoir aux victimes : on peut s’en sortir. Difficilement, avec beaucoup de souffrances, mais c’est possible. Cet avertissement en préambule était aussi un peu ironique : il s’agissait de dénoncer le déni, « l’invisibilisation » de l’inceste.
 

Dans le cas de Nédra, votre personnage, le traumatisme laisse des séquelles profondes. Elle n’a jamais pu en parler pour tenter de les soigner ?​

Nédra a été éduquée au silence. L’inceste subi dans sa famille la rend vulnérable et elle finit par penser que c’est une forme de normalité même si, dès la première fois, à un âge où elle ne parle pas encore, elle le ressent bien comme une agression. Le comportement du grand-père, qui lui fait subir des sévices sexuels dans des endroits clos et, ensuite, se comporte comme si de rien n’était en public, revient à lui intimer de se taire. Nédra souffre aussi du fait de n’en avoir jamais parlé avec sa mère, de ne jamais avoir pu lui demander si elle avait également été victime.

Vous parlez aussi dans le livre de vos difficultés à avoir pu trouver une aide psychologique adéquate. Etait-elle inexistante à l’époque ?​

Dans les années 1980, très peu de psychologues avaient reçu une formation sur la question des violences sexuelles, leurs mécanismes et leurs conséquences. Aujourd’hui, les recherches scientifiques ont avancé, les professionnels sont mieux formés et armés pour prendre en charge les enfants victimes.

Par ailleurs, la parole s’est libérée, pas seulement dans les cabinets des psychologues. Quand vous lisez les témoignages sous le hashtag #EnaZeda (le #metoo tunisien), vous vous rendez compte que la plupart sont des histoires d’inceste commis par des hommes de la famille et racontées sous le couvert de l’anonymat.

Dans mon cas, écrire ce livre a été salvateur. Je n’ai pu me débarrasser, au moins partiellement, de ce traumatisme qu’à travers l’écriture. C’était aussi un geste de solidarité envers toutes les autres victimes et une façon d’exprimer ma reconnaissance envers les femmes que j’avais rencontrées au centre d’écoute. D’une certaine façon, elles m’ont aidée à faire ce récit. Le sentiment d’injustice avec lequel j’ai grandi a forgé mon engagement féministe et mon militantisme. Je me suis battue notamment pour que l’inceste soit nommé dans le code pénal et dans la nouvelle loi sur les violences faites aux femmes adoptée en 2017.

 
C'est une énorme monstruosité !
L'inceste comme la pédophilie restent un tabou dans l'humanité tout entière.
Je comprends Monia, ces images sont dures, je pense que les filles qui ont subit cela, restent traumatisées à vie. Etla mort reste pour elles la seule délivrance!
Mais ici en Europe, on peut toujours trouver pire :
Pappelez-vous de ce pére qui a séquèstré pendant 24 ans dans la cave sa propre fille et a eu 6 enfants en la violant, les enfants qui sont nés de cette liaison incestueuse, le pére et à la foi pére et grand-pére !

cette malheureuse, accouchant dans un local d'1,70 m de large....ces trois enfants qui n'ont jamais connu la lumière du jour....même dans les scenarii gore de chez gore on n'imagine pas ça....

Et la mère, qui n'a pas mis les pieds dans sa propre cave pendant 24 ans??

Et les chiens policiers, ya pas en Autriche??

A part cela je n'aurais pas été contre un certain "huis clos" de la part des médias....beaucoup de personnes vont être traumatisées de par le monde d'avoir pris connaissance d'une horreur pareille....
 
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Comment expliquez-vous que l’inceste fasse encore l’objet d’un tel déni en Tunisie ?​

Beaucoup considèrent l’inceste comme une violence sexuelle qui serait le fait d’obsédés vivant dans des sociétés occidentales dépravées, à l’inverse de la société dans laquelle nous vivons. Celle-ci, musulmane, conservatrice, aurait, elle, une morale et des valeurs empêchant ce type d’agressions. Evidemment, il n’en est rien. Les agresseurs sont souvent, sinon toujours, des gens ordinaires, au-dessus de tout soupçon, comme dans mon livre où le grand-père de Nédra est un homme pieux, respecté de tous. L’inceste existe dans tous les milieux, dans tous les types de familles.

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Une pierre dans le jardin de(s) l'obsédé(s) du slip dans les sociétés occidentales.

Voilà qui remet l'mizan à l'horizontale.

M'est avis qu'on ne verra pas ici le cracheur de haine spécialisé occident. C'est partout pareil, du schnock !!
 
Triste et Révoltant tout ça !!! Ça me dégoûte et me fais rendre encore plus méfiante que je ne le suis déjà.. Aucune Confiance en personne, des fois tu te demandes même s'il faut aussi se méfier de son propre mari.. mmerde alors.
 



Baz bcp trop d'hommes son tarés ss pitié et font des dégâts incommensurables. Dieu merci j' ai ds mon entourage des hommes formidables sinon il y aurait de quoi avoir une haine contre .
 
Baz bcp trop d'hommes son tarés ss pitié et font des dégâts incommensurables. Dieu merci j' ai ds mon entourage des hommes formidables sinon il y aurait de quoi avoir une haine contre .

Hélas... dans la vie rien n'est garanti.. Ce sont souvent des gens qui paraissent nickels.


" Evidemment, il n’en est rien. Les agresseurs sont souvent, sinon toujours, des gens ordinaires, au-dessus de tout soupçon, comme dans mon livre où le grand-père de Nédra est un homme pieux, respecté de tous. L’inceste existe dans tous les milieux, dans tous les types de familles. "
 
Hélas... dans la vie rien n'est garanti.. Ce sont souvent des gens qui paraissent nickels.


" Evidemment, il n’en est rien. Les agresseurs sont souvent, sinon toujours, des gens ordinaires, au-dessus de tout soupçon, comme dans mon livre où le grand-père de Nédra est un homme pieux, respecté de tous. L’inceste existe dans tous les milieux, dans tous les types de familles. "
Rien n'est garanti mais je peux m'avancer à 100 % pour ceux que je connais bien et j'aime. Je n'ai aucun doute à ce sujet.
 
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