Tunisie:Malgré les clichés tenaces: La caravane passe...

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Pour appréhender les réalités tunisiennes, on a plutôt intérêt à se séparer des réflexes habituels vis-à-vis de Carthage. En Tunisie, on a abandonné depuis belle lurette la fausse fierté, toujours mauvaise conseillère. Au pays de Ben Ali, on travaille beaucoup et on parle beaucoup moins.
Le 31 octobre 2009

Il arrivera un jour où les intellectuels marocains auront à revoir leur copie en matière de droits humains. en effet, que signifie une dignité infectée de misère, une liberté noyée dans l'irresponsabilité, ou encore le pluralisme frappé du sceau de l'inefficience? Que vaut notre galerie d'une trentaine de partis face à l'analphabétisme qui se refuse à l'éradication? que pèsent nos cris droits-de-l'hommistes face à l'insécurité qui a infesté nos rues? il est temps d'examiner de plus près l'expérience tunisienne au lieu de persévérer dans l'opporbre, comme le pratique périodiquement la "parisianosphère" anti-benaliste. La paresse intellectuelle voudrait que l'on se cantonne dans cette posture simiesque qui tient mordicus à refuser de reconnaître que la quasi-totalité des agrégats de la modernité ont été bel et bien satisfaits par la Tunisie en cette fin de décennie.

Qu'on enjuge: le taux de pauvreté a été ramené à 3,8%; le taux des logements rudimentaires n'est plus que de 0,69%, d'autant que 80% de Tunisiens sont propriétaires de leurs logements; l'espérance de vie à la naissance a atteint près de 75 ans; la part des transferts sociaux dans le budget de l'Etat est de 61%, tandis que le taux de couverture sociale approche vertigineusement les 100% (93,3%). Dans le pays de Zine Zl Abidine Ben Ali, la promotion de la femme n'est pas une vue de l'esprit, puisque les filles représentent aujourd'hui près de 60% des étudiants. Elles représentent 72% des pharmaciens, 42% des médecins, 40% des universitaires. De plus, la Tunisie peut aujourd'hui afficher près de 18.000 femmes chefs d'entreprises. Au chapitre de l'alphabétisation, on a atteint 97% chez les 15-24 ans. Le taux de scolarisation des enfants âgés de 6 ans a plafonné en 2008 à 99,2%! Sur le plan de l'emploi, le taux de couverture de la demande additionnelle d'emplois dépasse les 90%. Au registre de l'économie proprement dite, qui plus est par ces temps de cris, point besoin de s'étaler sur des réussites sectorielles bien insolantes, notamment avec un service de la dette qui n'a point dépassé les 7,8% en 2008 et un taux d'endettement ramené autour de 40%. Ces données s'imposent par leur éloquence. Les instances internationales les plus prestigieuses les authentifient et les saluent. D'autant que la bonne gouvernance n'est pas une formule vaseuse en Tunisie. Le Forum mondial de Davos n'a-t-il pas classé le pays en 5ème rang mondial en matière de bonne gestion des dépenses publiques, au 16ème rang mondial pour la confiance du public envers les dirigeants et au 18ème rang universel au titre de l'impartialité des décisions gouvernementales?

Droits sociaux et économiques avant le reste
En vérité, ceux qui se font briefer périodiquement sur les carences tunisiennes en matière de droits humains par des ONG souvent en mal de notoriété zappent allègrement les droits économiques et sociaux qui constituent le socle de toute dignité humaine... digne de ce nom. Offrir à un peuple le droit de s'indigner face aux seules atteintes aux droits politiques n'est assurément pas suffisant. De ce point de vue, le fait de traiter le pouvoir tunisien de "régime policier" s'apparente à une façon pour le moins légère d'examiner la question dans sa globalité. quand dans les rues des autres pays maghrébins, on réfléchit à dix fois avant de sortir ses enfants et son épouse, on ne peut reprocher à la Tunisie d'avoir été labellisée par "international living" comme le pays arabe où il fait le mieux vivre et, par "Global Peace Index 2007" comme étant le plus paisible d'Afrique! "La sécurité est la première des libertés", dit-on. Aucun Etat de droit ne peut se passer du respect de l'ordre public sous peine d'altérer ses propres fondements.
 
Se nourrir correctement, engendrer sans risque, se soigner dans des conditions comparables à celle de l'Europe, bénéficier du meilleur système éducatif arabe et africain, se faire prévaloir d'une condition féminine unique dans l'ensemble de la sphère islamique et dans le tiers-monde... n'est-ce pas cela l'essentiel d'une vie digne ici-bas? L'Algérie peut s'enorgueillir - à juste titre- d'abriter une presse plus ou moins libre. Le Maroc affiche un paysage éditorial fougueux où certains titres peuvent pousser l'irresponsabilité jusqu'à la diffamation de la Personne Royale. Mais ces deux pays demeurent dans un état de délabrement social avancé. L'initiative marocaine en cette matière (INDH) tarde, malgré l'implication dynamique et quotidienne du Souverain et faute de suivi local minutieux, à livrer toutes ses promesses. Le Maroc a perdu beaucoup de temps et autant d'énergie durant quatre décennies, essentiellement dans les palabres et les luttes de légitimité du pouvoir. Aujourd'hui, bien que démuni de l'implication dynamique de la classe politique, Mohammed VI engage une course pratiquement solo contre les tares structurelles (IER, Code de la famille, grands projets structurants, INDH, etc). En Tunisie, en 1987, au moment où les fondations de l'Etat tunisien menaçaient ruine, un homme s'est refusé à la fatalité. Deux décennies plus tard, il peut présenter un bilan incontestable aux plans socioéconomique et culturel: la mendicité est inconnue; la gabegie dans la gestion des collectivités locales n'existe pas; la connexion entre politique et milieux mafieux est impensable. Avec neuf partis dont le plus costaud d'entre eux n'a rien de fantoche, la Tunisie a su fixer les priorités et neutraliser le plus gros des turpitudes si chères à nos ridicules "hizbicules" comme aux formations "historiques" qui frôlent aujourd'hui la faillite. Le Rassemblement Constitutionnel et Démocratique (RCD), une formation qui émane du Destour historique, sert de puissant relais d'encadrement, de mobilisation et de motivation. Tout cela au service de plans économiques ficelés au Dinar près et, surtout, d'une cohérence dans les choix stratégiques d'une Tunisie qui n'a pour seule richesse, tout compte fait, que les Tunisiens eux-mêmes: plus de sept millions de touristes pour une dizaine de millions d'habitants; 80% de tunisiens appartiennent à la classe moyenne; un envol fulgurant des services dans la répartition du PIB (58%) avec une valeur ajoutée qui a littéralement explosé (2403 MD en 1987, 19.305,2 MD en 2008!); une part des exportations de 61% dans le PIB, un nombre d'entreprises à participation étrangère dépassant les trois milliers... Voici donc une cascade de conquêtes qu'on ne doit qu'à la créativité et au dynamisme de citoyens éduqués et responsables. Les faits sont têtus. si têtus que Zine El Abidine Ben Ali en a fait l'épine dorsale de sa campagne électorale pour un nouveau quinquennat. d'ailleurs les 24 points du programme du candidat-président n'ont d'autre ambition que celle de consolider les acquis et asseoir définitivement un jeu démocratique dont la construction s'est faite jusqu'à maintenant (comme disait feu Hassan II) "à doses homéopathiques". "D'ores et déjà, nous sommes considérés comme un pays dont le degré de développement est comparable à la Grèce, au Portugal etc. En 2014, nous offrirons à notre environnement régional,arabe, africain, méditerranéen et musulman, un pays enfin développé, prospère, démocratique, moderne et respectueux de l'ensemble des droits humains", nous confie un collaborateur du président. Amen.
 
Il y a certes beaucoup à dire sur la Tunisie si l'on se limite à parler de Ben Ali et sa conception dictatoriale du pouvoir. Mais dans le secteur de l'avancée des droits sociaux et des statuts individuels dans le monde musulman, la Tunisie peut se targuer de disposer d'un des projets de société les plus modernes.
 
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