Qui sont ces djihadistes que la Turquie expulse vers la France ?
Une "recruteuse" franco-britannique, trois épouses de combattants et sept enfants font partie des personnes renvoyées ce lundi 9 décembre par les autorités turques vers l’Hexagone. Cette expulsion s’inscrit dans le cadre d’un protocole dit "Cazeneuve" signé en 2014 par l’ancien ministre de l’Intérieur.
Toutes les quatre, avec leurs enfants, étaient détenues dans le camp kurde d'Aïn Issa, en Turquie. Photo archives AFP
Combien sont-ils, en six années, ces Européens ayant voulu rejoindre Daech sur le territoire syro-irakien, à avoir transité par la Turquie ? Sans doute des milliers, peut-être des dizaines de milliers. Des combattant(e)s, des épouses, des enfants, adolescents ou bébés.
Certains ont réussi à rejoindre le "califat", sont parfois morts sur place, ou sont aujourd’hui prisonniers dans les camps du nord de la Syrie, tenus par des Kurdes. D’autres ont tenté de fuir et, en tentant de revenir dans leurs pays européen d’origine, ils ont été rattrapés par les autorités turques.
Quel est le profil des onze expulsés français ?
Parmi ces quatre femmes/mères de famille expulsées de Turquie, trois ont des profils connus :
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Tooba Gondal, 25 ans, de nationalité française, mais ayant vécu une grande partie de sa jeunesse au Royaume-Uni. Elle a rejoint les rangs de l'organisation terroriste Etat islamique en 2015, où elle a été mariée trois fois. Certains observateurs, dont
le Centre d’analyse du terrorisme (Cat), l’ont surnommée la "marieuse de Daech", pour avoir recruté des jeunes filles en Europe via les réseaux sociaux. "C'est une personne qui est très connue des milieux djihadistes, c'était une recruteuse de Daech, elle a fait beaucoup parler d'elle", expliquait début novembre Jean-Charles Brisard, le président du Cat. Elle fait l'objet d'une interdiction de séjour des autorités britanniques depuis novembre 2018.
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Amandine Le Coz, 29 ans, originaire de Domont (Val d’Oise), a rejoint Raqqa en 2014 avec Yacine Rettoun, un Marocain mort au combat. Elle a un enfant de 2 ans.
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Sarah Ali Mehenni, 23 ans, originaire de Lézignan-Corbières (Aude), s’est rendue, mineure, en Syrie en 2014, et a épousé un djihadiste tunisien. Sa famille avait porté plainte contre l'État contre une circulaire de novembre 2012 qui a autorisé "un mineur français à franchir les frontières sans autorisation de sortie du territoire mais muni de son seul passeport ou avec sa carte d'identité en cours de validité".
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Nawel Hassani dont on sait peu de choses…
Toutes les quatre, avec leurs enfants, étaient détenues dans le camp kurde d'Aïn Issa. Elles auraient profité de l'offensive turque dans le nord de la Syrie, pour s'échapper vers la Turquie.
D’autres djihadistes, notamment un Américain, un Danois, deux Allemands et deux Irlandais, sont également expulsés vers leurs pays d’origine, critiqués à la fois par Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, le président turc, pour ne pas vouloir les récupérer.
Il resterait encore plusieurs milliers de djihadistes dans les geôles kurdes, dont plusieurs centaines de combattants français. Certains au profil jugé très dangereux par les autorités françaises, qui souhaiteraient, et ne s’en cachent pas, les voir périr sur place que les rapatrier.
Pourquoi sont-ils renvoyés vers la France ?
"En ce qui concerne les (djihadistes) étrangers, nous allons les garder sous notre contrôle pendant encore un certain temps. Ensuite, nous les renverrons dans leurs pays",
avait déclaré début novembre le ministre turc de l'Intérieur Süleyman Soylu. "Nous n'allons pas pouvoir les garder jusqu'à la fin des temps. Nous ne sommes pas un hôtel pour les membres de Daech", avait-il insisté devant la presse.
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