Etreinte par l’enjeu et l’émotion dans un premier temps,
la jeune femme a fini, peu à peu, par se libérer à la barre de la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris, mercredi, pour expliquer en quoi le fait d’avoir déposé plainte pour « viol » contre le prédicateur musulman, fin 2017, avait « bousillé » sa vie.
Pour la justice, l’heure n’est pas encore venue d’examiner les accusations les plus graves qui valent aujourd’hui quatre mises en examen à Tariq Ramadan.
Mais bien de déterminer s’il avait le droit de diffuser le véritable nom de Christelle* dans son livre
Devoir de vérité**.
A 84 reprises. Et ce, alors qu’elle souhaitait justement que son identité reste secrète
comme la loi le lui permet.
Christelle accusée d’avoir balancé des photos d’elle aux médias
Tentant de renverser l’accusation, il a expliqué qu’il n’avait diffusé le véritable nom de Christelle dans son livre que parce qu’elle l’avait elle-même révélé auparavant sur les réseaux sociaux,
véritable champ de bataille des pro et anti-Ramadan.
« Elle était en recherche d’exposition et de reconnaissance. Dans son attitude, ce n’est pas la figure de l’anonymat. “Non, je veux qu’on sache qui je suis. Je suis Christelle. Je ne me cache plus” », a-t-il même mimé, comme pour mieux se justifier.
Et comme toujours dans ce genre d’affaire, tout n’est jamais tout noir ou tout blanc.
Les avocats du théologien ont donc pris un malin plaisir à demander à Christelle* pourquoi elle avait diffusé elle-même des photos d’elle sur Internet et aux médias si elle voulait vraiment rester anonyme.
Et pourquoi aussi elle imputait sa contamination au coronavirus à Tariq Ramadan, laissant ainsi entendre qu’elle n’a plus toute sa tête.
Embêtée à la barre ce moment-là, la jeune femme a fini par expliquer son étrange raisonnement.
A savoir qu’elle avait fait une tentative de suicide en décembre dernier en raison de cette affaire, ce qui avait diminué ses défenses immunitaires et, in fine, contribué à sa contamination au Covid-19.
Le procureur requiert une peine de 8.000 € d’amende
« On est face à deux blocs, a logiquement résumé Pascal Garbarini à l’heure de plaider pour le prédicateur musulman.
Je comprends tout à fait que Christelle assène ses vérités.
J’entends sa douleur. Son émotion est criante.
Mais il faut des preuves.
Des éléments. On est devant une juridiction tout de même. Si son interphone est cassé, qu’on nous le démontre… »
Raison pour laquelle il a réclamé la relaxe « pure et simple » de Tariq Ramadan.
Avant lui, le procureur avait, de son côté, réclamé une peine de 8.000 € d’amende dont 4.000 € avec sursis.
Mis en examen pour viols, Tariq Ramadan a été jugé, ce mercredi, pour avoir répété dans son livre à 84 reprises le véritable nom d’une de ses accusatrices qui souhaitait rester anonyme
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