"Merah a tout filmé. Le 11 mars 2012 à 16 heures, Mohamed Merah a rendez-vous à Toulouse avec Imad Ibn Ziaten pour lui acheter sa moto. Il a fixé sur lui une caméra, dirigée sur le guidon de son scooter. Les premières images montrent son arrivée sur le lieu du rendez-vous.
Imad Ibn Ziaten se gare devant le scooter de Merah. Tous deux portent un casque. "Allo ? T'es là pour la moto ?", demande le tueur. "Ouais", répond Imad."Ouais parce que là j'ai pas pris le camion. J'ai pris le scooter aujourd'hui. Vas-y, suis moi, on va à droite (...) hein. Tu veux te mettre où, là ? On s'y met", lui dit ensuite Mohamed Merah.
Le parachutiste semble alors s'interroger sur la présence d'un autre homme. "C'est un pote à toi ?", demande-t-il. "Hein ? c'est mon frère", répond Merah. Personne d'autre n'apparaît sur les images. Des sources proches de l'enquête se montrent très prudentes quant à l'interprétation à donner à cet échange entre le tueur et sa victime. D'autant que des témoignages versés au dossier affirment qu'Abdelkader, le frère de Mohamed Merah, soupçonné de complicité, jouait à la même heure au foot.
Bruits de moteur en arrière plan, Mohamed Merah insiste ensuite pour avoir des détails sur son interlocuteur. "T'es à l'armée, t'es militaire ?", demande-t-il à plusieurs reprises à Imad qui n'entend pas parce qu'"il y a de la musique dans le casque". Les questions de Merah sont "accompagnées d'un bruit de 'clic'", notent les enquêteurs.
Merah demande des précisions sur la caserne et le nombre d'années que Imad Ibn Ziaten y a passées. "Mets-toi à plat-vente. Je rigole pas, mets-toi à plat-ventre", ordonne-t-il alors en sortant une arme. Il la montre à sa victime puis l'insère dans un sac avant de la pointer sur Imad. La caméra enregistre un "clic double", notent les enquêteurs. "Le chien du pistolet a été armé", écrivent-ils.
"Tu ranges ça tout de suite", réagit Imad. "Je ne me mettrai pas à plat ventre. Tu dégages. Je ne me mettrai pas à plat ventre, je reste". Merah réitère son ordre, le militaire lui fait front : "Tu vas tirer ? Vas-y, ben tire", lui lance-t-il. Une détonation retentit. Le soldat s'écroule. "Au nom d'Allah est grand", dit plusieurs fois Merah en réarmant son arme. Une nouvelle détonation retentit, puis le scooter redémarre.
"C'est ça l'islam". Mais le meurtrier revient, à la recherche d'une douille. "Elle est où ? Là, elle est là". Il la ramasse et lance à sa victime qui gît : "C'est ça l'islam mon frère : tu tues mes frères, moi je te tue". Avant de conclure : "il a rejoint l'ange de la mort, je n'ai pas peur de la mort". Il est 16h04, Merah repart à toute allure."