un petit texte que j'ai pris ailleurs et que jte restitue tel quel ..il me semble qu'il répond bien à la question : par exemple entre mille bladinautes c'est ce qu'on écrit qui nous différencie
Celle quon ne doit nommer
Thème 3 - Texte 6
mercredi 12 octobre 2005, par Lapinchien
Je rentre enfin du turbin ! Le devoir est rempli. Quelle joie, quel goût de liberté : je peux mener ce que bon me semble ! Nest vérité que celle des textes que je compose. Nest soif dont je doive me délier réellement que celle des histoires qui sédimentent en mon être. Le reste nest nullement dévouement, le reste nest nullement conséquent, le reste nest que dette dont je dois rembourser lintérêt. Le groupe, jen suis un élément, il mengendre et me nourrit, je ne peux lui être quitte, il invente de nouvelles dettes tout le temps, je ne peux donc men exclure pour me concentrer sur mes tourments. Je dois continuellement me prosterner, quotidiennement lui prouver que juvre en son sens, quil est mon centre.
Seule lécriture compte, toutefois. Lorsque je men retourne chez moi, je suis délivré un moment de cette peine collective perpétuelle. Je me délecte de mon unique joie : pondre du texte, gicler du ressenti, conglomérer des mots. Cest souvent une torture, quon ne sy trompe point, contre toute logique, une torture consentie et dès lors elle en devient jouissive. Théoriser mes pensées, cest forcément les simplifier. Jédifie des monolithes, ils sont poreux et destructibles. Une pensée nest belle quen mouvement. Rigide et froide, nimporte qui peut en démontrer les limites, interpréter le contenu et le détourner. Toutefois je nécris point pour le groupe. Le nimporte qui mindiffère. Je rembourse mes dettes consciencieusement lorsque juvre publiquement, que ce nimporte qui sen contente ! En privé, non, je nécris point pour être lu, jécris égoïstement pour moi. Cest un privilège que je me réserve. Pour extérioriser mes pensées et tourments, il me suffit de les projeter, de les convertir en fichiers texte. Que toutes mes peurs et intuitions sont belles et horribles lorsquelles sont unidimensionnelles, quelles ne forment quune ligne ponctuée ! Elles me nourrissent comme je les gerbe, les structure et les ingurgite encore, elles mènent vers de nouvelles réflexions, de nouvelles questions. Je peux enfin voir ce merdier en mon cortex de lextérieur... Comment en être témoin sinon ? Peut être mexploser le ciboulot un de ces jours ?
Je nen peux plus... Je possède mon coin chez moi, le reste nest quustensile, je peux men délivrer simplement si besoin... Le reste ne me sert que pour rester crédible, près du groupe. Sont superflus : les pièces, entrée, cuisine, séjour, dortoir comme tous les meubles et objets quelles contiennent. Je peux toutefois inviter des gens chez moi. Ils peuvent croire que si je les côtoie, que si je les reçois, juvre pour cette norme pestilentielle qui les compte en son sein. Je me dois dêtre comédien pour survivre. Ce coin est humble, toutefois cest mon coin, mon réel chez moi : Un siège molletonné, un petit meuble sur lequel trône mon PC. Je my roule en boule le reste de mon temps libre et jécris frénétiquement, jécris hystériquement, jécris et je ne cesse point lorsque mes doigts se couvrent de cloques, que mes ongles se déchiquètent sur les touches, que lhémoglobine coule. Pourquoi fermer les yeux ? Pourquoi dormir ? Léternité nous guète... Je profite de ces moments réservés pour le repos... Ils me permettent de tendre vers lépuisement complet.
Je suis déprimé. Toutefois je ne suis point une victime, cette déprime, je prétends même bénéficier de ses vertus. Je veux être déprimé. En quoi doit-on me montrer du doigt ? Je ne vise ni le bonheur ni léquilibre. Je veux végéter et me morfondre sous le siège de mes doutes. Le groupe trouve que je joue trop près du feu ? Je men fous complètement. Je ne souffre point de cette déprime intensionnelle. Jy trouve mon oxygène, jy reprends mon souffle. Pourquoi tendre comme tout le monde vers le bonheur ? Les crétins heureux sont plus tolérés que les dépressifs. Le groupe les intègre tout simplement. Des types comme moi sont refoulés... Je ne me regrette rien, même que jen rigole plutôt.
Je suis content dêtre tourmenté. Ce petit univers-île est le mien et jy vis tout confort essentiel compris. Tous mes besoins sont comblés... Toutefois il subsiste un problème insoluble qui mempêche de mener mes quêtes correctement. Une phobie incohérente est venue perturber ce mode de vie que je me suis choisi. Comme toute peur infondée et purement psychologique, cette phobie est ridicule. Je ne peux rien contre elle... Jespère quelle ne déteint ni sur mon écriture, ni sur votre lecture... Toutefois jen doute... Elle est présente continuellement... Cette vermine pourrit mes textes, oriente mes pensées, infléchit le cours des choses... Cest une phobie orpheline, vous en rirez sûrement...