Ils avaient beau s’appeler Zdeno Chara, Hayley Wickhenheiser ou Aksel Lund Svindal, un adolescent de 18 ans de Charlesbourg leur a donné fièrement la réplique, vendredi, dans le défilé des porte-drapeaux de la cérémonie d’ouverture.
Lorsqu’il a fait son entrée dans le stade, Adam Lamhamedi a incité le premier ministre du Maroc à se lever pour le saluer.
DOSSIER : Sotchi 2014
Rien de moins. Né d’un père marocain et d’une Québécoise pure laine de Thetford Mines, le jeune skieur alpin ne s’est jamais tant justifié d’avoir entretenu son rêve un peu fou.
«Pour tout jeune qui fait du sport, il y a évidemment le rêve de participer aux Jeux olympiques. Mais moi en plus, j’ai toujours eu le rêve d’y aller pour le Maroc. Je me suis toujours dit: ce serait fou!», racontait le jeune homme, rencontré après son entraînement à la station de Rosa Khutor avant qu’il ne file vers Sotchi pour la soirée.
Déjà champion olympique
Après avoir fait ses classes avec le club Skibec Alpin de Québec, Lamhamedi a vu ses espoirs s’accélérer après avoir remporté la médaille d’or en super-G aux Jeux olympiques de la jeunesse, il y a deux ans, à Innsbruck.
Il venait ainsi de donner raison à une de ses tantes au Maroc qui avait entrepris des démarches à son insu, quelques années plus tôt, pour que son pays lui dégote une licence marocaine auprès de la Fédération internationale de ski.
Depuis, le skieur formé dans les pentes de Stoneham a rempli les critères olympiques requis grâce à différentes courses en Amérique du Nord.
Son frère Sam, de deux ans plus jeune, a aussi récolté les points nécessaires, mais il doit se résigner au rôle de skieur substitut à Sotchi en raison du seul poste accordé au Maroc
«Je me suis dit que j’allais vivre chaque moment présent pour mieux savourer. Là, je viens de skier à l’entraînement et, plus tard, je penserai à la cérémonie. Je fais comme ça parce que je veux tout retenir de cette expérience», explique Adam, considéré comme l’un des meilleurs skieurs de son âge au Canada, mais projeté soudainement dans la cour des grands.
«Je côtoie et je m’entraîne avec les plus grandes vedettes de mon sport ici. C’est quand même incroyable. C’est comme si on demandait à un joueur de la Ligue midget AAA de jouer contre le trio à Sidney Crosby!», illustre le skieur, qui participera aux épreuves de slalom géant et de slalom durant la dernière semaine des Jeux.
Ambassadeur
Reçu lors d’une cérémonie officielle par le roi du Maroc, au mois d’août suivant sa victoire aux Olympiques de la jeunesse, le jeune Québécois avait alors été décoré du titre d’officier dans ce pays.
Des journalises du Maroc l’ont joint à Sotchi cette semaine pour raconter son histoire. Ce qu’il vit depuis quelques jours ne l’incite pas à vouloir quitter son nuage.
Le drapeau rouge marqué d’une étoile verte qu’il affiche sur les pentes a incité le royaume à défrayer le salaire de son entraîneur québécois, Martin Côté. Cette foulée coïncide même avec un projet d’une station de ski aux abords de Marrakech.
«Il y a bel et bien du ski au Maroc», témoigne l’entraîneur, qui a visité le pays de son «employeur» à quelques reprises.
«Pis on ne remonte pas en haut de la pente en chameau!», rajoute le jeune frère du skieur, avec une phrase qu’on devine toute prête.
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