Un tiers des agences d’intérim continuent à discriminer

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Un tiers des agences d’intérim continuent à discriminer

Rédaction en ligne

lundi 02 juillet 2012, 07:51

Près d’un tiers des agences d’intérim se livrent à de la discrimination à la demande de leurs clients, ressort-il d’une enquête menée par le secteur et rapportée lundi par plusieurs quotidiens flamands.


©Thomas Blairon - Le Soir


Il y a deux ans, un reportage en caméra cachée de la VRT avait démontré que six agences d’intérim sur huit avaient accepté la demande de leurs clients de recruter des candidats exclusivement blancs. Adecco avait ainsi été condamné pour avoir établi une liste d’entreprises qui ne voulaient engager que des Belges. La discrimination liée à l’âge semblait également être une pratique régulière.

La fédération du secteur, Federgon, a mené elle-même des contrôles anonymes pour tenter de corriger cette image négative. Selon le premier d’entre eux, 28 % des agences étaient en faute.

La situation pourrait être meilleure, mais il y a néanmoins des progrès, selon le directeur de Federgon, Herwig Muyldermans. Les grandes et moyennes entreprises ont amélioré leur résultat, avec des baisses respectives de la discrimination de 6 à 4 % et de 33 à 27 %. La hausse concerne principalement les petites entreprises, qui passent de 35 à 40 %.

Les entreprises en faute doivent élaborer un plan d’action. Si des pratiques discriminatoires sont encore constatées au sein d’une société lors d’un troisième contrôle, celle-ci risque de perdre son label de qualité de Federgon.

Belga
 
http://archives.lesoir.be/le-racism...utre-mal-belge_t-20110616-01FN8U.a.html?&v5=1



Le racisme à l’embauche, un autre mal belge

DEMONTY,BERNARD

Jeudi 16 juin 2011

La discrimination à l’embauche, c’est comme le harcèlement. On sait que certains en sont victimes, on sait les maux sociaux que cela provoque, mais bonne chance pour apporter des preuves et obtenir une condamnation en justice.

L’affaire Adecco vient aujourd’hui démontrer avec fracas que le phénomène peut prendre des allures de système. Certes, les faits sont vieux de 10 ans, les mentalités ont évolué depuis, et Adecco a multiplié les signes apaisants ces dernières années. Mais cette affaire, par le nombre d’entreprises qu’elle a impliquées, démontre qu’en Belgique, des candidats à l’emploi motivés, parfois multilingues sont priés de rester dans les rangs du chômage, et de subir, du même coup, la nauséabonde accusation de fainéantise et de non-intégration.

On aura beau jeu de dire que les faits sont anciens, que les mentalités ont évolué et que le problème est effacé.

Lourde erreur : plusieurs indices, précis et concordants, démontrent que la tâche reste énorme. Les statistiques des offices de l’emploi démontrent, encore aujourd’hui, que le taux de chômage des personnes de nationalité étrangère est le double de celui des Belges. Les chiffres démontrent aussi que le phénomène ne régresse pas avec l’acquisition de la nationalité, preuve qu’il s’agit d’un rejet opéré sur la base de la couleur de la peau.

Le diplôme n’est pas davantage un sésame absolu : à formation égale, les étrangers occupent des postes inférieurs.

Dernier indice, de poids : une étude européenne démontre qu’en Belgique l’écart entre le taux d’emploi des Belges et des étrangers atteint 30 %, contre 10 % seulement dans l’ensemble de l’Union.

Bref, un constat s’impose : en Belgique, la discrimination à l’embauche a encore de beaux jours devant elle… et elle est plus grave qu’ailleurs, malgré les efforts des autorités, des syndicats et d’une partie du patronat pour endiguer ce problème.

Seule lueur d’espoir : avec la reprise économique, les entreprises commencent à avoir du mal à trouver de la main-d’œuvre. Une chance unique pour les travailleurs étrangers. Maigre consolation, qui postule qu’on engage des étrangers quand on n’a pas d’autre choix… On en est là.
 
http://archives.lesoir.be/le-centre...-aurait-du-att_t-20110621-01FWR1.a.html?&v5=1


Le Centre pour l’égalité des chances « aurait dû » attaquer Adecco

n.c.

Mardi 21 juin 2011


Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme a reconnu s’être trompé de « voie stratégique » dans le dossier Adecco.

Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR) a avoué mardi ne pas avoir emprunté la bonne « voie stratégique » dans l’affaire Adecco, la société d’intérim condamnée pour pratiques de discrimination à l’embauche. Le CECLR avait opté, en 2001, pour un audit de la société d’intérim, à défaut de poursuites judiciaires.

L’affaire remonte à 2001. Un collaborateur d’Adecco avait dénoncé le fait que des postes pour des missions dans certaines entreprises qui ne souhaitaient pas recruter des personnes étrangères étaient pourvues du code BBB, pour « Blanc Bleu Belge ».

Le CECLR avait alors effectué un audit auprès d’Adecco, mais n’avait pas entamé d’actions judiciaires à l’égard de la société d’intérim. Interrogé par Belga, Edouard Delruelle avoue que le CECLR « n’aurait pas dû prendre cette voie stratégique-là ».

En 2007, SOS Racisme, une association française, s’était alors emparée de l’affaire, avec la FGTB, le syndicat socialiste, introduisant une action au civil en dommages et intérêts devant le tribunal de première instance de Bruxelles pour discrimination à l’embauche et violation de la loi contre le racisme.

La société d’intérim Adecco a été condamnée, en juin 2011, à verser 25.000 euros à SOS Racisme, à titre de dommages et intérêts pour pratiques illégales de discrimination à l’embauche.Edouard Delruelle assure que le CECLR a certes toujours « soutenu SOS Racisme et la FGTB ».

(belga)
 
http://archives.lesoir.be/l-8217-interview_t-20110620-01FUAQ.a.html?&v5=1


GUTIERREZ,RICARDO

Lundi 20 juin 2011

Une discrimination massive »

Edouard Delruelle lance un appel à l’Inspection sociale et à la Justice du travail. Pour lui, il faut


Edouard Delruelle lance un appel à l’Inspection sociale et à la Justice du travail. Pour lui, il faut lutter plus fermement contre la discrimination à l’embauche. Elle reste « massive » en Belgique.

entretien La discrimination à l’embauche sévit toujours. Le Parti du travail de Belgique (PTB) a relancé

entretien

La discrimination à l’embauche sévit toujours. Le Parti du travail de Belgique (PTB) a relancé le débat en publiant, mercredi, la liste des entreprises citées dans le dossier judiciaire qui s’est soldé par la condamnation de la société d’intérim Adecco, le 31 mai dernier, devant le tribunal civil de Bruxelles. Des révélations que commente Edouard Delruelle, codirecteur du Centre pour l’égalité des chances.

Les sociétés Delhaize, Electrabel, Inbev et C&A se déclarent « surprises » de figurer sur cette liste, soulignant qu’elles combattent la discrimination à l’embauche…

Ce n’est pas neuf. Nous avons interpellé par écrit, voici deux ans, un certain nombre des entreprises citées. Toutes assuraient évidemment qu’elles ne pratiquaient pas de discrimination. Nous avons également passé un accord de collaboration avec la fédération des entreprises d’intérim, Federgon, afin de lutter contre une discrimination incontestable dans le secteur.

Avec quel bilan ?

Mitigé. Un reportage en caméra caché diffusé par la VRT, le 15 septembre 2010, a montré que six agences d’intérim, sur un total de huit testées, donnaient suite aux souhaits discriminatoires de leurs clients de ne pas recruter des candidats d’origine étrangère.

Nous avons suggéré à Federgon d’organiser elle-même des tests téléphoniques auprès des agences. Résultat : 28 % d’entre elles acceptaient d’appliquer la fausse injonction de discrimination à l’embauche. Plus d’une agence sur quatre : c’est énorme !

Comment l’expliquer, alors que le discours officiel vante les vertus de la diversité au travail ?

Le secteur de l’intérim est plus exposé que d’autres : c’est un marché très concurrentiel, soumis à une forte pression de clients très puissants.

Par ailleurs, les intérimaires sont souvent des travailleurs peu qualifiés, jeunes, d’origine étrangère… Toutes les conditions sont réunies pour alimenter les pratiques discriminatoires.

Mais quelle en est l’ampleur ?

En Belgique, la discrimination à l’embauche reste massive et structurelle. Elle prend deux formes : une discrimination organisée, d’abord, comme dans le cas d’Adecco, condamnée à juste titre pour avoir tenu des fichiers, en 2001, qui excluaient explicitement les candidats étrangers ; et une discrimination involontaire, fondée sur les clichés, les stéréotypes, les peurs ou la pression des clients. Des recruteurs sans la moindre intention raciste ou homophobe en arrivent ainsi à opérer une sélection discriminatoire.

Les patrons en sont conscients ?

Oui. D’ailleurs, certains directeurs des ressources humaines s’adressent à nous pour que nous les aidions à éliminer les biais discriminatoires cachés, dans les procédures de recrutement.

Nous avons mis au point, par exemple, une « check list » qui permet de vérifier si une offre d’emploi est discriminatoire ou pas.
 
Des entreprises incriminées « surprises » Delhaize, Electrabel GDF Suez, AB Inbev et C&A réagissent

Des entreprises incriminées « surprises »

Delhaize, Electrabel GDF Suez, AB Inbev et C&A réagissent avec surprise à la publication de la liste des entreprises qui auraient donné instruction de recruter des travailleurs BBB (« blanc bleu belge ») à la société d’intérim Adecco, en 2001. Cette liste, tirée d’un dossier d’instruction pénale, a été rendue publique, mercredi, par le PTB.

Delhaize rappelle qu’elle compte 28 nationalités parmi les membres de son personnel, composé à 58 % de femmes.

Electrabel GDF Suez précise qu’elle a « depuis longtemps, mis en place un guide de recrutement qui rend toute discrimination impossible, y compris pour nos intérimaires ».

Chez AB Inbev, on assure que « la société ne tient pas compte de l’origine ou du sexe de ses employés, mais uniquement de leurs qualités ».

Enfin, C&A avance qu’elle ne tolère aucune forme de discrimination.

Au PTB, on s’étonne de… l’étonnement des entreprises, rappelant qu’Adecco a été condamnée, ce 31 mai, sur base de la liste discriminatoire de 2001 citant ces mêmes sociétés.

Edouard Delruelle

Codirecteur du Centre pour l’égalité des chances.

Professeur ordinaire de philosophie à l’Université de Liège. Il y enseigne la philosophie morale, politique et du droit.
 
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