Une association mauritanienne exige des poursuites judiciaires contre des dirigeants

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Une association mauritanienne exige des poursuites judiciaires contre des dirigeants du
Front Polisario dans les cas de torture de mauritaniens dans ses prisons.[/b]

26.11.09

La naissance de l’Association Mémoire et Justice a été annoncée aujourd'hui à Nouakchott, qui s’intéresse aux victimes mauritaniennes de torture dans les prisons du Polisario.

Les responsables de cette ONG ont annoncé lors d'une conférence de presse aujourd'hui que les prisonniers mauritaniens dans les geôles du Polisario : "ont subis de graves tortures physiques et psychologiques et beaucoup d’entre eux ont perdu la vie sous le fouet des bourreaux."

L’Association a publié dans une déclaration que "des centaines de Mauritaniens ont été jetés en prison sans raison, ce qui a été reconnu lors du sixième congrès du Polisario. Ils ont été le maillon faible qui a été sélectionné par la direction du Front comme bouc émissaire pour masquer les conditions politiques et sociales qui étaient explosives et dont la responsabilité incombait à des hauts dirigeants du Polisario lui-même" ajoute la déclaration.

L'Association a exigé qu’un certain nombre de dirigeants du Polisario, qu’elle accuse d'être derrière les actes de torture subis par les prisonniers mauritaniens, soient jugés, ainsi que :

- La constitution d'un tribunal international indépendant pour enquêter sur ce dossier,

- Traduire en justice les auteurs de ces crimes odieux pour qu’ils reçoivent une juste punition

- La reconnaissance du Front Polisario de tous les crimes inhumains commis contre tous les Mauritaniens, tant ceux qui ont rejoint ses rangs par conviction ou ceux qui ont été emmenés de force et détenus dans les camps.

- Révéler le sort de tous les disparus mauritaniens dans les prisons du Polisario,

- Remettre les restes de ceux qui sont morts sous la torture à leurs proches

- Indemniser les victimes à un niveau qui doit être en fonction du crime.

M. Mohamed Abdarrahmane Ould Mohamed Moussa, Président l’ONG Mémoire et Justice, a expliqué que cette association est « un cadre structuré pour rechercher les disparus mauritaniens dans les geôles du Polisario, ainsi que d'identifier ceux qui sont morts pendant leur période de détention dans les prisons et camps de détention de Tindouf, et ceci loin de tout engagement politique et de toute escalade ».

M. Mann Ould El Khaliss, l’un des responsables de l’ONG Mémoire et Justice et victime de la torture dans les prisons du Polisario a déclaré que leur Association exigeait que des dirigeants du Polisario soient entendus dans une enquête, tant ceux qui ont rejoint le Maroc ou la Mauritanie, que ceux qui sont encore dans les rangs du Front.

Il est à noter que cette ONG est dirigée par M. Mohamed Abdarrahmane Ould Mohamed Moussa, qui est le frère de Mohamed Moussa Ould Mohamed Moussa, un des prisonniers martyr dans les geôles du Polisario.

L’ONG regroupe également des victimes de la torture dans les prisons du Polisario entre 1982 1988 parmi lesquelles Mohamed Vall Ould El Qadhi, Mann Ould El Khaliss, Sid’Ahmed Ould Achleychil et Mokhtar Ould Ali.


Info source :Temine Moctar (cridem.com)
 
Témoignages.

Mohamed Vall Ould Ghadi.

Celui-ci a indiqué qu’il serait “injuste” de parler des expériences inhumaines et amères vécues par les ex-détenus en cinq minutes. «Il faudrait encore beaucoup plus de temps pour exprimer la souffrance que nous avons endurée des années durant, jetés dans des trous qui tenaient lieu de prisons. Sept et parfois huit ans d’affilée». «Nous étions jeunes et nourris à la philosophie des ordres établis ».

«Nous étions ensevelis dans des tombes qui servaient de lieu d’emprisonnement. Un trou creusé à même le sol et couvert d’un morceau de zinc». «J’ai y passé huit ans personnellement avec pour toute compagnie des tortionnaires qui me torturaient pour avouer une incrimination créée de toutes pièces ». «Voyez Ould Achleychil, pendant sept ans, il était ligoté. Les tortionnaires lui avaient noué les mains derrière le dos. Et certains dirigeants prenaient plaisir à le voir souffrir. J’en témoigne aussi ».

«Les conditions carcérales étaient dégradantes, inhumaines et pardessus tout la violence était gratuite » assure le secrétaire général de l’association qui a précisé « ce que nous voulons aujourd’hui est une reconnaissance, nous appelons nos compatriotes à porter ce message ». «Malgré toute la description que je pourrais donner, elle ne reflètera jamais la réalité vécue dans ces prisons »a-t-il conclu.

Sid’Ahmed Ould Achleychil.

Celui-ci a rappelé qu’il fut cadre au ministère de l’intérieur et à l’éducation au Front Polisario. «Un décor de film Frankenstein n’exprimerait pas l’horreur dans les prisons du Polisario ». Il a souligné que c’est en raison de cette réalité qu’ils ont murement réfléchi avant de fonder leur association pour dénoncer la pratique de la torture systématique dans les prisons du Polisario. «Les prisonniers étaient présentés pour des condamnés à mort. Ressusciter dans les conditions de notre séquestration était inattendu. Certains ont même vu leurs épouses se remarier sûres qu’elles étaient qu’on était morts dans ces prisons » indique Ould Achleychil.

Mane Ould Khaless.

«Je suis né en 1963. J’ai rejoint dans les mêmes conditions le Polisario en mars 1979. En novembre 1982, on m’a arrêté. J’occupai la cellule N°85. J’ai été libéré en septembre 1988. Le Polisario m’accusait d’être formé par la France pour le compte de la Mauritanie. On m’accusait également d’avoir été formé à Atar. Imaginez quelqu’un né en 1963 et qui suit toute formation pour rejoindre le Polisario en 1979 ? ». «En fait, il était clair pour nous qu’il s’agissait d’une purge savamment orchestré par l’appareil répressif du Polisario ».

«Nous avions rejoint cette organisation et l’avions servi de toutes notre conviction.Pour nous remercier de nos loyaux services alors que nous n’avions franchement rien à voir avec eux, n’eut été la philosophie ambiante à l’époque, nous avons tous été jetés en prison et avons subi les affres d’une torture physique et morale sans commune mesure avec les pouvoirs les plus dictatoriaux ». «Pour ma part, j’ai passé sept ans consécutifs dans les mêmes conditions d’emprisonnement alors que j’ai été reconnu plusieurs fois par le Polisario lui-même pour les services rendus à l’éducation ».

«Si j’ai survécu c’est parce que chaque soir, je nourrissais l’espoir de retrouver les miens. Pendant sept ans j’ai fait face à deux défis énormes l’endroit était exigu au point que je ne pouvais faire mes prières et le jour où j’étais sûr que l’on ne me relâchera pas ». «Chaque fois que j’entendais un bruit de botte, le soir, je me disais que c’était la délivrance. Pour seule compagnie pendant ces sept ans, je n’avais que celle de mes tortionnaires. Si psychologiquement, j’en suis sorti indemne, physiquement j’ai été éprouvé ».

Mohamed El Mokhtar Ould Alioune.

“Malgré la fidélité des témoignages qui m’ont précédé, aucun d’entre eux n’est assez explicite pour faire part de la souffrance que nous avons subie. J’ai été jeté en prison pendant huit ans. On me torturait à volonté ». «Aujourd’hui, nous réclamons que la justice soit rendue dans cette affaire ».
 
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