L’égyptologue espagnole Marina Escolano-Poveda a percé le mystère d’un papyrus qu’on pensait définitivement incompréhensible. Cette dernière a découvert que des bribes de parchemin conservées au Musée biblique de Majorque, et datées d’au moins 4000 ans, étaient en réalité la partie manquante d'un trésor préservé par le Musée égyptien de Berlin : Ce Dialogue entre un homme et son Ba (son Âme) est l’un des premiers textes philosophiques publiés qui nous sont parvenus, près de 1500 ans avant ceux de Platon.
L’« être ou ne pas être » d’Hamlet est bien une des plus anciennes et profondes questions de l’humanité. Elle a été mise au jour dans Le Dialogue d’un homme avec son Ba, grâce à la découverte de la docteure en égyptologie de l’Université Johns Hopkins de Baltimore.
Le papyrus égyptien conservé dans la capitale allemande, l’un des trésors historiques les plus importants du monde, a été découvert dans les années 1830, et traduit et publié en 1896 par l’égyptologue et lexicographe allemand, fondateur de l’école d’égyptologie de Berlin, Adolf Erman. Le document a par la suite été analysé par de nombreux chercheurs, sans pouvoir en dégager un sens définitif.
L’universitaire espagnole explique : « Il manquait la première partie, c’est pourquoi cela n’a pas été bien compris. On ne savait pas pourquoi cette conversation avait eu lieu. Le fragment de Majorque, en précisant qu’il s’agit d’un mourant, le révèle. »
Une nuit de travail tardif, elle compare le fragment du Musée biblique de Majorque avec le parchemin du musée berlinois sur son ordinateur. l’illumination tomba comme un éclair sur un arbre : la disposition des textes, les colonnes, les images, le sens, « C’est le même scribe ! » Elle envoie ces découvertes à ses directeurs de thèse de Baltimore. Elle est installée à Liverpool en Angleterre, où elle enseigne les lettres classiques, l’histoire ancienne et l’égyptologie.
Elle publie les premiers résultats de ses recherches dans la revue allemande spécialisée Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde en 2017. Bernard Mathieu s’est appuyé sur certaines des conclusions du chercheur dans son volume 3 de La Littérature de l’Égypte ancienne, édité aux Belles Lettres en juin 2023.
Le Musée biblique de Majorque, toujours lié à l’Évêché, rassemble depuis 1913 des éléments historiques autour des Saintes Écritures. Elle conserve entre autres la plus ancienne collection de papyrus hiératiques d’Espagne, qui comprend des parties du célèbre Livre des Morts.
Outre une partie du Dialogue d’un homme avec son Ba, les morceaux de Papyrus conservés à Majorque comportent des extraits du Conte du Pasteur, qui raconte la rencontre entre un éleveur de bétail et une déesse, ou encore du Livre des Morts, qui énumère les bénédictions que chaque défunt doit prononcer lors de sa traversée du royaume des trépassés.
L’« être ou ne pas être » d’Hamlet est bien une des plus anciennes et profondes questions de l’humanité. Elle a été mise au jour dans Le Dialogue d’un homme avec son Ba, grâce à la découverte de la docteure en égyptologie de l’Université Johns Hopkins de Baltimore.
L'âme en peine
Marina Escolano-Poveda décrit le texte : « Il parle d’émotions et de peurs sur un ton intime, de savoir si cela vaut la peine de vivre ou non lorsque l’on se trouve dans des circonstances défavorables. » Ce Dialogue d’un homme avec son Ba est, comme son nom l'indique, une conversation entre un malade et sa propre âme : « Le poids de la trouvaille réside dans les données sur la conception égyptienne de la mort qu’elle nous transmet », assure la chercheuse. Et d’ajouter : « C’est un texte rare, dans le sens où c’est une composition littéraire, et à cette époque il y en avait très peu. »Le papyrus égyptien conservé dans la capitale allemande, l’un des trésors historiques les plus importants du monde, a été découvert dans les années 1830, et traduit et publié en 1896 par l’égyptologue et lexicographe allemand, fondateur de l’école d’égyptologie de Berlin, Adolf Erman. Le document a par la suite été analysé par de nombreux chercheurs, sans pouvoir en dégager un sens définitif.
L’universitaire espagnole explique : « Il manquait la première partie, c’est pourquoi cela n’a pas été bien compris. On ne savait pas pourquoi cette conversation avait eu lieu. Le fragment de Majorque, en précisant qu’il s’agit d’un mourant, le révèle. »
Eurêka !
En 2010, Marina Escolano-Poveda se rend à Palma pour donner une conférence sur l’importance qu’eut la langue copte dans le déchiffrement de l’écriture hiéroglyphique. Elle en profite pour visiter le Musée Biblique de la ville, où on lui montre plus de soixante petits fragments. Personne n’avait encore étudié ces pièces de l'Egypte antique, lui explique-t-on.Une nuit de travail tardif, elle compare le fragment du Musée biblique de Majorque avec le parchemin du musée berlinois sur son ordinateur. l’illumination tomba comme un éclair sur un arbre : la disposition des textes, les colonnes, les images, le sens, « C’est le même scribe ! » Elle envoie ces découvertes à ses directeurs de thèse de Baltimore. Elle est installée à Liverpool en Angleterre, où elle enseigne les lettres classiques, l’histoire ancienne et l’égyptologie.
Elle publie les premiers résultats de ses recherches dans la revue allemande spécialisée Zeitschrift für Ägyptische Sprache und Altertumskunde en 2017. Bernard Mathieu s’est appuyé sur certaines des conclusions du chercheur dans son volume 3 de La Littérature de l’Égypte ancienne, édité aux Belles Lettres en juin 2023.
La plus ancienne collection d'Espagne
S’il est soupçonné que le papyrus aurait été vendu aux enchères à Londres et incorporé à la collection berlinoise en 1843, difficile de retracer le parcours de son autre partie jusqu'à l'île espagnole de Majorque. El Pais nous apprend que l’essentiel de la collection du Musée biblique est dû à un évêque majorquin passionné par l’Ancien Testament, et qui a participé à des fouilles archéologiques au Proche-Orient, Bartolomé Pascual Marroig.Le Musée biblique de Majorque, toujours lié à l’Évêché, rassemble depuis 1913 des éléments historiques autour des Saintes Écritures. Elle conserve entre autres la plus ancienne collection de papyrus hiératiques d’Espagne, qui comprend des parties du célèbre Livre des Morts.
Outre une partie du Dialogue d’un homme avec son Ba, les morceaux de Papyrus conservés à Majorque comportent des extraits du Conte du Pasteur, qui raconte la rencontre entre un éleveur de bétail et une déesse, ou encore du Livre des Morts, qui énumère les bénédictions que chaque défunt doit prononcer lors de sa traversée du royaume des trépassés.
Une égyptologue révèle l'un des textes les plus anciens de l'humanité
L’égyptologue espagnole Marina Escolano-Poveda a percé le mystère d’un papyrus qu’on pensait définitivement incompréhensible. Cette dernière a découvert que des bribes de parchemin conservées au Musée biblique de Majorque, et datées d’au moins 4000 ans, étaient en réalité la partie manquante...
actualitte.com