Usine de betterave à sucre fonctionne avec l’électricité à base de déchet de canne

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Betterave: Bientôt des «usines vertes»

· De l’électricité à base de déchet de canne pour traiter la betterave à sucre

· Réduction de 20.000 tonnes de rejets de dioxyde de carbone

· Le projet en phase finale d’enregistrement au MDP

Le groupe des sucreries du Gharb et Loukkos (Sunabel) innove et lance un projet de production d’énergie propre. Disposant de 2 sites mitoyens, dans la zone de Mechraâ Bel Ksiri, l’un de canne, l’autre de betterave à sucre, le projet de valoriser le surplus de bagasse vient donc à point nommé. «Il est l’aboutissement logique des synergies créées entre les différentes filiales depuis leur acquisition en 2005 par le groupe Cosumar», indique Abdeljalil Kaddoury, directeur général adjoint de Sunabel.

D’autant plus que la sucrerie de canne arrive désormais à dégager d’importantes quantités de bagasse. Ce résidu organique qui est recueilli après broyage de la canne et extraction du jus. Le surplus était tout simplement stocké à l’air libre puis incinéré. Situation ô combien paradoxale. Car, juste à 800 mètres se trouve l’usine de betterave dont le fonctionnement nécessite de grosses quantités de charbon. D’où la construction d’une chaudière à vapeur alimentée par la bagasse provenant du site canne. «Le projet a été lancé en juillet 2007 avec ingénierie et construction à 100% marocaines», signale Ali El Moujahid, directeur développement et appui technique à Sunabel. Les essais de mise au point ont été effectués à la fin de la campagne 2008 et la production industrielle a commencé avec le démarrage de la saison en cours. «Ce projet qui a coûté près de 50 millions de DH se veut un modèle de synergie industrielle mais surtout de lutte contre les gaz à effet de serre», se réjouit Mohamed Jawad Khattabi, directeur général de Sunabel. D’ailleurs, il a été présenté au conseil en charge du Mécanisme de développement propre (MDP) aux Nations unies et est en phase finale d’enregistrement pour bénéficier des crédits carbone prévus par le protocole de Kyoto. Et pour cause! La bagasse est une biomasse complètement neutre en CO2. Ce qui signifie qu’elle n’augmente pas les taux de dioxyde de carbone présents dans l’atmosphère. Mieux encore, la bagasse est dépourvue de dioxyde de soufre et ne dégage que le CO2 fixé par la canne lors de sa croissance. D’où son éligibilité au MDP dont le principe est de récompenser l’instauration de technologies visant la réduction d’émissions dans les pays en voie de développement.

Ces derniers peuvent être rémunérés pour l’équivalent des tonnes de CO2 non émises. Pour rappel, le Maroc a mis en place, depuis 2002, l’autorité nationale désignée du MDP. Cette autorité constitue le représentant de l’Etat vis-à-vis des opérateurs nationaux et organismes étrangers concernés par le MDP.
Actuellement, la valeur de la tonne de dioxyde de carbone est négociée entre 7 à 10 dollars. Quelles en seraient alors les retombées sur Sunabel?

«Nous n’avons pas encore le recul nécessaire pour procéder à une évaluation économique du projet», répond Khattabi. En revanche, le gain sur le plan environnemental est réel, précise le DG de Sunabel. Pour la campagne 2009, la réduction des rejets de la sucrerie est estimée à 20.000 tonnes de CO2. Et l’objectif est d’atteindre 50.000 tonnes dès la prochaine saison d’usinage.

Car, faut-il le rappeler, la culture betteravière a été particulièrement affectée cette année par les intempéries qu’a connues le Gharb. Pas moins de 4.000 ha de betterave ont été systématiquement perdus suite aux inondations. Et l’excédent pluviométrique (+1.100 mm) enregistré dans la zone du Loukkos a impacté de manière négative les rendements. Du coup, les tonnages traités ont baissé d’environ 50%.

Reste maintenant à mener le projet à bon port. Autrement dit, l’enregistrer auprès du conseil du MDP. A cet effet, Sunabel s’est entouré de toutes les garanties exigées dans le cas d’espèce. A commencer par la disponibilité d’un personnel hautement qualifié et dédié exclusivement au projet. Le groupe se fait également accompagner par un cabinet spécialisé, «Ecosécurité», en l’occurrence. Surtout que le bénéfice des crédits carbone est soumis à des normes et procédures on ne peut plus draconiennes. L’enregistrement tout comme la sauvegarde de l’agrément requièrent une traçabilité à toute épreuve du process industriel.

L'economiste
 
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