Après d¹interminables négociations avec les colons, le gouvernement a finalement décidé d¹agir et d¹expulser de force les colons qui s¹étaient installés dans une maison de Hebron. Comme souvent, les colons ont décidé de se venger en prenant pour cible des Palestiniens. Le journaliste a assisté à la scène de l¹intérieur. Récit. Ce soir (samedi), Shalom Arshav manifestait pour exiger l¹expulsion des colons de la ville de Hebron.]
Ha¹aretz, 4 décembre 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/1043795.html
Pogrom, pas d¹autre mot pour désigner les actes des colons à Hebron Avi Issacharoff
Traduction : Gérard pour La Paix Maintenant
Une famille palestinienne innocente, qui compte une vingtaine de personnes.
Tous des femmes et des enfants, sauf trois hommes. La famille est encerclée par quelques dizaines de Juifs masqués qui cherchent à les lyncher. Un pogrom. Je ne joue pas sur les mots, il n¹y a pas de double sens. Il s¹agit d¹un pogrom au pire sens du terme. D¹abord, les hommes masqués mettent le feu à la buanderie qui se trouve dans la cour. Puis ils tentent de mettre le feu à l¹une des pièces de la maison. Les femmes crient à l¹aide, "Allahou Akhbar." Mais les voisins ont trop peur pour s¹approcher de la maison, effrayés par les membres de la milice venue de [la colonie de] Kiryat Arba, qui avaient scellé la maison et qui insultaient les journalistes qui voulaient rendre compte de ce qui se déroulait.
Les cris pleuvent comme les volées de pierres lancées par les hommes masqués en direction de la famille Sa¹afan, terrée dans la maison. Quelques secondes s¹écoulent et un groupe de journalistes, pourtant habitués à ces moments difficiles, décide d'intervenir. Ils s¹engouffrent dans la maison au secours des gens qui se trouvent à l¹intérieur. Le cerveau a besoin d¹une ou deux minutes pour assimiler ce qui est train de passer. Des femmes et des enfants pleurent, leurs visages renvoient une expression d¹horreur, sentant leur mort prochaine, suppliant les journalistes de les sauver. Des pierres atteignent le toit, les fenêtres et les portes. Des flammes s¹engouffrent par l¹entrée sud de la maison. La cour est jonchée de pierres lancées par les hommes masqués. Les fenêtres ont volé en éclats, les enfants ont peur.
Tout autour, comme s¹ils assistaient à un concert de rock, des centaines de témoins juifs observent les événements avec un grand intérêt, offrant même leurs conseils aux jeunes juifs dans la cour sur la meilleure façon de faire mal à la famille. On ne voit ni police, ni armée.
Dix minutes auparavant, alors que les forces de sécurité étaient occupées à disperser les émeutiers près de la maison de Hebron [évacuée de force], de la fumée noire s¹était élevée du wadi qui sépare Kiryat Arba de Hebron. Pour une raison inconnue, aucun des officiers de haut rang, de la police ou de l¹armée, n¹a été perturbé par ce qui transpirait déjà en contrebas de Kiryat Arba. Or, quiconque se trouvait à plusieurs centaines de mètres pouvait remarquer que des dizaines d¹émeutiers étaient en train de grimper sur le toit de la maison des Abou Sa¹afan en lançant des pierres. Quelques instants plus tard, on avait compris qu¹il y avait des gens à l¹intérieur de la maison.
Je dévale rapidement le wadi et accoste trois soldats : "Qu¹est-ce que tu me veux ? Nous sommes responsables à trois de tout ce secteur", dit l¹un deux, en montrant la totalité du wadi."Utilise la procédure d¹urgence radio", lui dis-je. Il répond qu¹il n¹est pas équipé de radio.
Un groupe de journalistes s¹approche de la maison. Problème : que faire ? Il n¹y a aucune force de sécurité alentour, et maintenant, ces fauteurs de troubles juifs ont décidé de cibler les journalistes. Nous en appelons aux miliciens de Kiryat Arba pour qu¹ils interviennent et stoppent le lynchage.
Mais ils encerclent la maison pour empêcher un « secours palestinien ».
La maison est détruite. La peur est palpable sur le visage des enfants.
L¹une des femmes, Jihad, est étendue sur le sol, à demi consciente. Le fils, qui agrippe un gros bâton, se prépare au moment où il devra affronter les émeutiers. Tahana, l¹une des filles, n¹arrive pas à se calmer : "Regardez ce qu¹ils ont fait à la maison, regardez."
Tess, la photographe, éclate en sanglots alors que les événements se déroulent autour d¹elle. Ce ne sont pas des larmes de peur. C¹est de la honte, à la vue de ce qui se produit, des actes de ces jeunes qui se prétendent juifs. Honte de ce que nous partagions la même religion. A 17h 05, un peu plus d¹une heure après le début des événements, une unité spéciale de la police arrive pour disperser le groupe d¹hommes masqués. Les membres de la famille palestinienne refusent de se calmer. En quittant la maison, on entend un colon hurler à un officier de police : "Nazis, honte à vous !" Oui. Honte à vous.