Visas : le ton monte entre Rabat et Paris:
L’annonce par la France de la réduction de moitié du nombre de visas accordés aux ressortissants marocains a suscité l’incompréhension, voire l’agacement des autorités du royaume, qui estiment que Paris se défausse à bon compte sur Rabat.
À la fin du mois de septembre, le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, annonçait la réduction de moitié du quota de visas accordés aux Marocains, en réponse, a-t-il expliqué, au faible nombre de laissez-passer consulaires délivrés par le royaume à ses ressortissants faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (138 laissez-passer pour 3301 personnes en situation irrégulière).
Si Rabat n’a pas réagi aussi vivement qu’Alger, les positions françaises et marocaines semblent assez peu conciliables, chacun se renvoyant la balle.
Un problème récurrent entre Paris et Rabat, qui avait, entre autres, motivé la visite de Gérald Darmanin en octobre 2020. Le ministre français de l’Intérieur avait alors déclaré « qu’il était normal […] qu’ils [les ressortissants du royaume en situation irrégulière, NDLR] reviennent sur le territoire marocain ».
De même qu’il fallait continuer de protéger les mineurs en les ramenant « auprès de leur famille au Maroc ou dans des centres éducatifs marocains ».
Visiblement, les autorités françaises ont jugé la réponse marocaine insuffisante. Interrogé par JA, le député Jérôme Lambert (Parti socialiste), qui siège au sein du groupe d’amitié France-Maroc, estime qu’il est nécessaire que le royaume « accepte d’assumer ses responsabilité dans le retour de ses ressortissants ».
« Situation de chantage »
Même son de cloche du côté de la majorité présidentielle, avec le député Belkhir Belhaddad, lui aussi membre du groupe d’amitié parlementaire entre les deux pays : « Il faut bien sûr maintenir des relations cordiales avec le Maroc, mais aussi un partenariat exigeant en matière de lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine ».
On a l’impression d’une véritable « zemmourisation » de la vie politique »
Bien que Jérôme Lambert estime « malheureux d’en arriver à une situation de chantage », il se dit assez peu surpris par cette annonce, dont il affirme qu’elle aurait pu intervenir beaucoup plus tôt, car les difficultés ne datent pas d’aujourd’hui. Il y voit un moyen de pression sur les trois pays du Maghreb central pour leur faire accepter le retour de leurs ressortissants.
« Ce qui a évolué, c’est la manière de poser le problème », explique-t-il. À ses yeux, le moment choisi pour cette annonce laisse supposer qu’à l’approche de l’élection présidentielle, le gouvernement veut montrer qu’il sait faire preuve de fermeté sur des questions qui préoccupent l’opinion publique française.
Du côté marocain, c’est l’incompréhension, voire l’agacement. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a ainsi qualifié cette mesure « d’injustifiée ».
Une source diplomatique marocaine contactée par JA dénonce « une décision française prise sans aucune concertation ni information préalable du Maroc ». Et d’indiquer que la « responsabilité de l’exécution des mesures de rapatriement en partance du territoire français relève de la compétence exclusive et directe des autorités françaises ».
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