En plein débat sur l'identité nationale, la polémique autour d'une loi interdisant le port du voile intégral pointe à nouveau le bout de son nez. Lancée le 1er juillet dernier, la mission parlementaire d'information sur cette question a tenu mercredi sa dernière séance d'auditions en recevant trois ministres, Brice Hortefeux (Intérieur), Éric Besson (Immigration) et Xavier Darcos (Travail). Une séance en forme de point d'orgue à six mois d'auditions d'experts de tous horizons : une quarantaine de sociologues, responsables musulmans, historiens, juristes, maires, féministes, et même une femme habituellement voilée qui a témoigné à visage découvert, mais à huis clos.
Face à ces "témoins", trente-deux députés de toutes tendances doivent rendre leur copie fin janvier. Le président de la mission, le député PCF du Rhône André Gerin , parle de "préconisations". Mais l'hypothèse d'une loi agite la classe politique. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, juge "indispensable" une loi pour interdire [le voile intégral]". Dans une tribune publiée mercredi dans Le Figaro et cosignée par la députée du Calvados Nicole Ameline, le député de l'Aube François Baroin, coprésidents du groupe de travail UMP sur le voile intégral, et Éric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, il estime qu'avec le voile intégral "des extrémistes testent la République en encourageant une pratique qu'ils savent contraire aux principes essentiels de notre pays". Il refuse "la banalisation comme la stigmatisation".
Ce débat sur le voile, ajoute-t-il, ne vise pas l'immigration ni la liberté religieuse. "Tous les spécialistes de l'islam nous l'ont confirmé : cette pratique n'est pas une prescription coranique. Elle est donc rejetée dans la plupart des pays musulmans. Il est donc absurde de rattacher cette question à un débat sur la laïcité ou la place de l'islam : non à l'instrumentalisation de la religion !", écrit l'édile de Meaux. Et d'ajouter : "Nous défendrons le principe d'une loi, précédée d'une phase de dialogue et d'explication. La loi rappellera juste ce qui était, jusqu'à présent, si évident qu'il n'y avait pas besoin de l'inscrire dans notre droit : la visibilité du visage dans l'espace public est une condition essentielle du vivre ensemble et un gage de sécurité." "Je pense qu'on peut interdire la burqa sans qu'il y ait besoin de faire une loi", estime de son côté François Hollande l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste.
Islamologues et musulmans mettent en garde
Dans ce sens, des juristes entendus par les parlementaires ont argumenté sur les fondements d'une éventuelle loi d'interdiction. À quel titre légiférer ? Au nom du respect du droit des femmes : mais alors que faire si elles sont consentantes ? Pour trouble à l'ordre public : un choix vestimentaire en est-il un ? Sur le respect de la personne humaine ? Sur l'obligation d'être identifiable ? Plusieurs ont relevé qu'une telle loi serait difficile à appliquer : "À quand une cellule de dévoilement à côté des cellules de dégrisement dans les commissariats ?" a ironisé l'un d'eux.
De leur côté, les responsables du culte musulman en France ont clairement dit que c'est aux musulmans, eux-mêmes, de mettre fin à la "pratique ultraminoritaire" du port du voile intégral, par "la persuasion et l'éducation" plutôt que par la contrainte. Selon les estimations des spécialistes, elles seraient 2.000 en France à porter le voile intégral, le niqab importé d'Arabie saoudite. Jeunes pour la plupart, ces femmes sont inspirées par les musulmans salafistes qui prônent un retour à l'islam des origines et un refus du contact avec le monde non musulman. Islamologues et musulmans ont aussi mis en garde les députés contre une mesure d'interdiction qui serait comprise comme une stigmatisation de l'islam dans son ensemble.
Nicolas Sarkozy, qui, le 22 juin à Versailles, a dit devant le Congrès son hostilité au voile intégral , s'est par ailleurs adressé début décembre dans les colonnes du Monde aux Français musulmans pour dire qu'il ferait "tout pour qu'ils se sentent des citoyens comme les autres", mais aussi pour demander des pratiques religieuses sans "ostentation" ni "provocation". Une nouvelle façon de condamner le port du voile intégral sans trancher sur la manière de l'interdire.
Le point
Face à ces "témoins", trente-deux députés de toutes tendances doivent rendre leur copie fin janvier. Le président de la mission, le député PCF du Rhône André Gerin , parle de "préconisations". Mais l'hypothèse d'une loi agite la classe politique. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, juge "indispensable" une loi pour interdire [le voile intégral]". Dans une tribune publiée mercredi dans Le Figaro et cosignée par la députée du Calvados Nicole Ameline, le député de l'Aube François Baroin, coprésidents du groupe de travail UMP sur le voile intégral, et Éric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, il estime qu'avec le voile intégral "des extrémistes testent la République en encourageant une pratique qu'ils savent contraire aux principes essentiels de notre pays". Il refuse "la banalisation comme la stigmatisation".
Ce débat sur le voile, ajoute-t-il, ne vise pas l'immigration ni la liberté religieuse. "Tous les spécialistes de l'islam nous l'ont confirmé : cette pratique n'est pas une prescription coranique. Elle est donc rejetée dans la plupart des pays musulmans. Il est donc absurde de rattacher cette question à un débat sur la laïcité ou la place de l'islam : non à l'instrumentalisation de la religion !", écrit l'édile de Meaux. Et d'ajouter : "Nous défendrons le principe d'une loi, précédée d'une phase de dialogue et d'explication. La loi rappellera juste ce qui était, jusqu'à présent, si évident qu'il n'y avait pas besoin de l'inscrire dans notre droit : la visibilité du visage dans l'espace public est une condition essentielle du vivre ensemble et un gage de sécurité." "Je pense qu'on peut interdire la burqa sans qu'il y ait besoin de faire une loi", estime de son côté François Hollande l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste.
Islamologues et musulmans mettent en garde
Dans ce sens, des juristes entendus par les parlementaires ont argumenté sur les fondements d'une éventuelle loi d'interdiction. À quel titre légiférer ? Au nom du respect du droit des femmes : mais alors que faire si elles sont consentantes ? Pour trouble à l'ordre public : un choix vestimentaire en est-il un ? Sur le respect de la personne humaine ? Sur l'obligation d'être identifiable ? Plusieurs ont relevé qu'une telle loi serait difficile à appliquer : "À quand une cellule de dévoilement à côté des cellules de dégrisement dans les commissariats ?" a ironisé l'un d'eux.
De leur côté, les responsables du culte musulman en France ont clairement dit que c'est aux musulmans, eux-mêmes, de mettre fin à la "pratique ultraminoritaire" du port du voile intégral, par "la persuasion et l'éducation" plutôt que par la contrainte. Selon les estimations des spécialistes, elles seraient 2.000 en France à porter le voile intégral, le niqab importé d'Arabie saoudite. Jeunes pour la plupart, ces femmes sont inspirées par les musulmans salafistes qui prônent un retour à l'islam des origines et un refus du contact avec le monde non musulman. Islamologues et musulmans ont aussi mis en garde les députés contre une mesure d'interdiction qui serait comprise comme une stigmatisation de l'islam dans son ensemble.
Nicolas Sarkozy, qui, le 22 juin à Versailles, a dit devant le Congrès son hostilité au voile intégral , s'est par ailleurs adressé début décembre dans les colonnes du Monde aux Français musulmans pour dire qu'il ferait "tout pour qu'ils se sentent des citoyens comme les autres", mais aussi pour demander des pratiques religieuses sans "ostentation" ni "provocation". Une nouvelle façon de condamner le port du voile intégral sans trancher sur la manière de l'interdire.
Le point