Voltaire - Le Fanatisme, ou Mahomet le prophète

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Je me demandais s'il était encore possible en Europe ou ailleurs de jouer cette pièce actuellement ?

Une pièce de théâtre datant du 16ème siècle, excellente au demeurant, qui traite de la religion en générale et prend comme prétexte de la critique religieuse le personnage de Omar et de Mahomet.


Pour rappel, le prophète des musulmans y est dépeint comme un être vil, perfide, manipulateur et surtout violent qui commanditera le meurtre de Zopire ( un des notables de la Mecque) en jouant sur l'amour d'un de ses esclaves et d'une promesse de liberté.


Est-ce encore possible ? Où va-t-on crier à l'islamophobie de Voltaire ?
 
Bon une fois n'est pas coutume, je vais mettre un petit extrait de wikipédia sur le sujet, juste histoire d'expliquer de quoi il s'agit (et par fainéantise aussi...).

Le Fanatisme ou Mahomet est une tragédie de Voltaire écrite en 1736 et jouée pour la première fois à Lille le 25 avril 1741 au théâtre de la rue de la Vieille Comédie, puis à Paris le 9 août 1742.Cette pièce sera ensuite interdite par un Arrêt du Parlement de Paris.

Avec Mahomet, charge frontale contre la religion musulmane dans laquelle l’auteur dénonce, à travers le personnage de Mahomet, le fanatisme et l’intégrisme religieux de l’islam, du moins en apparence, Voltaire a rencontré un succès particulièrement retentissant dès la première représentation de la pièce.
Comme souvent chez Voltaire, c'était pourtant « l'intolérance de l'Église catholique et les crimes commis au nom du Christ » qui étaient les premiers visés par le philosophe des Lumières1. C'est bien ce qu'avoue Voltaire lui-même dans une lettre de 1742 : « Ma pièce représente, sous le nom de Mahomet, le prieur des Jacobins mettant le poignard à la main de Jacques Clément2 ». Voltaire s'est d'ailleurs immédiatement retrouvé dans la ligne de tir des dévots, qui ne s'y sont pas trompés. Il a aussi été attaqué en justice pour impiété et scélératesse, et a dû retirer sa pièce.

Voltaire précisa sa pensée en 1748 dans un article sur le Coran paru à la suite de sa tragédie de Mahomet : « Si son livre est mauvais pour notre temps et pour nous, il était fort bon pour ses contemporains, et sa religion encore meilleure. Il faut avouer qu’il retira presque toute l’Asie de l’idolâtrie »3.

Selon Raymond Trousson, Voltaire était tout à fait « conscient de l'entorse donnée à la vérité historique » et il parlera par la suite tout autrement de Mahomet dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des Nations4.
On ne saurait toutefois attribuer à Voltaire lui-même, comme s'il exprimait là sa propre pensée, l'apologie de Mahomet qu'il prête à un Turc dans Il faut prendre un parti (1772) 5.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Fanatisme_ou_Mahomet
 
Est-ce encore possible ? Où va-t-on crier à l'islamophobie de Voltaire ?

Si la représentation de la pièce n'est pas précédée d'une explication sur le sujet et sur les réelles intentions de Voltaire, oui on risque sûrement de voir des hordes de musulmans défiler dans les rues, brûler des drapeaux et compagnie et qui n'auront même pas pris la peine de creuser plus en profondeur... comme ce fut le cas avec l'autre film là...

Je dis ça je dis rien.
 
Si la représentation de la pièce n'est pas précédée d'une explication sur le sujet et sur les réelles intentions de Voltaire, oui on risque sûrement de voir des hordes de musulmans défiler dans les rues, brûler des drapeaux et compagnie et qui n'auront même pas pris la peine de creuser plus en profondeur... comme ce fut le cas avec l'autre film là...

Je dis ça je dis rien.

Même si c'est vrai que la pièce de Voltaire parle en fait davantage de la situation de l'Église au XVIIIème siècle, on peut tout à fait en faire une relecture pour aujourd'hui. Sa pièce, qui n'est pas en soi un grand chef-d'oeuvre, a acquis une nouvelle actualité.

Ou alors un autre Voltaire d'aujourd'hui écrit une pièce sur «Paul et le fanatisme» pour faire semblant de dénoncer les chrétiens, tout en dénonçant en fait les musulmans (les islamistes plutôt). :rolleyes:
 
j'attends d'autres réactions d'autres bladinettes et bladinautes
et je remonte ce post tout à fait intéressant...

mam
 
Je me demandais s'il était encore possible en Europe ou ailleurs de jouer cette pièce actuellement ?

Une pièce de théâtre datant du 16ème siècle, excellente au demeurant, qui traite de la religion en générale et prend comme prétexte de la critique religieuse le personnage de Omar et de Mahomet.


Pour rappel, le prophète des musulmans y est dépeint comme un être vil, perfide, manipulateur et surtout violent qui commanditera le meurtre de Zopire ( un des notables de la Mecque) en jouant sur l'amour d'un de ses esclaves et d'une promesse de liberté.


Est-ce encore possible ? Où va-t-on crier à l'islamophobie de Voltaire ?

Je ne le pense pas. Il n'y a hélas pas le recul nécessaire aujourd'hui en terre d'islam. Le musulman lambda réagit trop souvent comme le catholique romain de l'époque...
 
Le musulman lambda réagit trop souvent comme le catholique romain de l'époque...

Je ne suis pas aussi pessimiste que toi...

Le problème n'est pas le "musulman lambda", mais ceux qui vont le manipuler (de même que sous Voltaire ou un siècle avant, avec Molière, ce n'est pas le "petit peuple", mais les "gardiens de l'ordre", l'Eglise et les dévots qui s'offusquent).

Dans un excès d'optimisme cynique, je dirais qu'il faut parfois des fous de Dieu pour que justement le "croyant de base" dise: "Ça, c'est pas ma religion". Il faut des Ben Laden, des salafistes, des wahhabites bref des intégristes, pour que des personnes finissent par dire "C'est pas mon islam" et prennent le recul nécessaire pour dépassionner des polémiques comme celles des caricatures.
 
Je ne suis pas aussi pessimiste que toi...

Le problème n'est pas le "musulman lambda", mais ceux qui vont le manipuler (de même que sous Voltaire ou un siècle avant, avec Molière, ce n'est pas le "petit peuple", mais les "gardiens de l'ordre", l'Eglise et les dévots qui s'offusquent).

Dans un excès d'optimisme cynique, je dirais qu'il faut parfois des fous de Dieu pour que justement le "croyant de base" dise: "Ça, c'est pas ma religion". Il faut des Ben Laden, des salafistes, des wahhabites bref des intégristes, pour que des personnes finissent par dire "C'est pas mon islam" et prennent le recul nécessaire pour dépassionner des polémiques comme celles des caricatures.

L’immense majorité des musulmanes et des musulmans pensent exactement comme toi. Trop, c'est vraiment trop.
Si on fait un référendum au Maroc et on demande à la population en toute âme et conscience s'ils veulent que leur pays devienne comme l'Arabie saoudite ou l'Afghanistan des Talibans la réponse seraient très clair.
 
L’immense majorité des musulmanes et des musulmans pensent exactement comme toi. Trop, c'est vraiment trop.
Si on fait un référendum au Maroc et on demande à la population en toute âme et conscience s'ils veulent que leur pays devienne comme l'Arabie saoudite ou l'Afghanistan des Talibans la réponse seraient très clair.

Oui. Cependant en Egypte et en Tunisie, malgré l'aspiration à plus de liberté et de lumière ceux qui surnagent une fois la fumée dissipée sont... les islamistes radicaux.

Il n'y a qu'à voir la folie furieuse qui s'rest déchainée suite à la projection du (très beau) film Persépolis. Aucun recul hélas.
 
Oui. Cependant en Egypte et en Tunisie, malgré l'aspiration à plus de liberté et de lumière ceux qui surnagent une fois la fumée dissipée sont... les islamistes radicaux.

Il n'y a qu'à voir la folie furieuse qui s'rest déchainée suite à la projection du (très beau) film Persépolis. Aucun recul hélas.

Ce sont des minorités qui s'agitent et qui se mettent dans tous leurs états sinon, la majorité ou presque la quasi majorité est silencieuse.
 
Salam aleykoum,

http://www.egaliteetreconciliation.fr/I-L-achevement-de-la-centralisation-8437.html

Dans le post que j'ai ouvert, et qui en a endormi certains :sournois:, il est question de voltaire
C’est un lieu commun de dire que le supplice de Damiens a scandalisé l’Europe des Lumières.
Pour ce qui regarde la France, on chercherait vainement qui a pu dire quelque chose de décent à propos de cette barbarie [1]. Voltaire a abondamment parlé de Damiens [2], mais on ne trouve pas, dans le récit détaillé qu’il fit de son supplice, la moindre dénonciation. S’il passe pour avoir été le promoteur de ce qui deviendra les droits de l’Homme, c’est qu’il promut avec enthousiasme un opuscule intitulé « Traité des délits et des peines » paru en France en 1766 et signé d’un jeune juriste italien nommé Cesare Beccaria.
« Si donc je démontre que, dans l’état ordinaire de la société, la mort d’un citoyen n’est ni utile ni nécessaire, j’aurai gagné la cause de l’humanité. » affirme le jeune homme. Les contempteurs de la barbarie judiciaire de l’ancien régime s’enthousiasmeront pour l’invention des travaux forcés à perpétuité, venus remplacer l’inutile et irréversible peine de mort.

Or il y a un problème. C’est que, dans la version originale du traité de Beccaria, il n’est pas question de travaux forcés à perpétuité, mais de mise en esclavage [3]. Et l’argument retenu pour remplacer l’un par l’autre n’est pas que la seconde est plus humaine que la première, mais qu’elle l’est moins : « Beaucoup d’hommes envisagent la mort d’un œil ferme… Mais le fanatisme et la vanité abandonnent le criminel dans les chaînes, sous les coups, dans une cage de fer : et le désespoir ne terminera pas ses maux, mais les commence. »
Utilitaire. Là est la base de l’argumentation qui assurera que les Lumières firent progresser la justice.
« Il est évident que vingt voleurs vigoureux condamnés à travailler aux ouvrages publics toute leur vie, servent l’Etat par leur supplice, et que leur mort ne fait de bien qu’au bourreau (…) Rarement les voleurs sont-ils punis de mort en Angleterre. On les transporte dans les colonies… Forcez les hommes au travail, vous les rendrez honnêtes gens. »
Et d’ajouter, « Ce n’est pas à la campagne que se commettent les grands crimes, excepté peut-être quand il y a trop de fêtes, qui forcent l’homme à l’oisiveté et le conduisent à la débauche [4]. »
Interdire au peuple de s’amuser de peur qu’il ne tire au flanc et déporter les voleurs vers les colonies, lumineux programme.

Au moins Voltaire s’éleva-t-il contre la torture. « Tous les hommes (…) s’élèvent contre les tortures qu’on fait souffrir aux accusés dont on veut arracher l’aveu…Quoi, j’ignore encore si tu es coupable, et il faudra que je te tourmente pour m’éclairer ? Chacun frissonne à cette idée. »
Or, au plus fort des plus grands procès, - Affaire des Poisons, affaire Damiens -, jamais la torture ne fut appliquée autrement qu’après condamnation et juste avant l’exécution pour que, n’ayant plus rien à perdre, le condamné nomme ses complices.
« Réservez au moins cette cruauté pour des scélérats avérés qui auront assassiné un père de famille ou le père de la patrie. »
L’humanisme de Voltaire consiste à justifier les pires supplices dans certains cas, rejeter la peine de mort parce qu’il y a pire et plus utile, inventer le bagne et l’esclavage pour les voleurs, et enfin à demander l’abolition d’une pratique qui n’avait pas cours.


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Il n'y a qu'à voir la folie furieuse qui s'rest déchainée suite à la projection du (très beau) film Persépolis. Aucun recul hélas.

Si ça ne concernait que le domaine de la Culture (films, livres etc.), ce serait grave mais là on va bien au-delà: c'est tout le rapport aux sciences en général qui est problématique.

Prenons l'Histoire religieuse: les savants musulmans se substituent aux historiens! La théologie devient l'Histoire. :eek:

Pour un chrétien ou un juif, c'est impensable: il y a deux siècles que l'on travaille sur la Bible, que l'on s'interroge sur sa constitution, l'influence des cultures proches, l'existence ou non de personnages comme Abraham ou Moïse.

Et en 2000, on voit qu'un chercheur est obligé pour ne pas risquer sa vie de prendre un pseudo ( Christoph Luxenberg) pour publier sa thèse sur les origines de l'islam...:prudent:

Il y a chez certains musulmans un rapport trop fusionnel avec leur religion et on sait que tôt ou tard, ce type de rapport ne peut qu'engendrer le fanatisme...
 
Suite [...]
http://www.egaliteetreconciliation.fr/XIII-L-humanisme-des-Lumieres-revisite-Voltaire-9721.html

Voltaire fut en tout cas le chantre de la liberté d’expression. N’a-t-il pas écrit : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
De plus en plus nombreux sont ceux qui savent que jamais, au grand jamais il n’a dit une chose pareille. Et dans la pratique, il fit exactement le contraire puisqu’il s’évertua à réduire au silence tout gêneur qui eut le malheur de lui faire de l’ombre. L’une de ses victimes, Lefranc de Pompignan, fut ainsi obligé de quitter Paris pour échapper au torrent de sarcasmes vipérins dont il le harcela pour le punir d’avoir, lors de sa réception à l’Académie, émis un jugement critique contre les Lumières.
Voltaire fut impitoyable pour l’honnête critique littéraire Elie Fréron, qui jamais n’eut la bassesse de transiger sur ce qui lui semblait essentiel : rendre compte de la qualité des œuvres dont il rédigeait des analyses. Voltaire ne lui épargna rien : calomnies, libelles injurieux, cabales ordurières, diffamations publiques ou lettres de dénonciation auprès des autorités (auxquelles il communiquait l’adresse de ce monsieur…) Il réussit à faire interdire plusieurs fois « L’année littéraire » et même embastiller son directeur, pourtant chargé de famille et ne vivant que de sa plume.
Comme il avait usé ses fonds de culotte sur les mêmes bancs que quelques très hauts personnage (le maréchal-duc de Richelieu, les frères d’Argenson, tous deux ministres, avaient été avec lui à Louis-le-Grand), obtenir une lette de cachet pour un importun était pour lui un jeu d’enfant. Il en usa plusieurs fois pour faire embastiller La Beaumelle, qui eut l’outrecuidance de critiquer un de ses livres. Jamais Voltaire ne pardonna à ce valeureux jeune homme, qu’il poursuivit de sa haine jusqu’au tombeau et dont il réussit à faire pilonner un des livres.
On pourrait croire, pourtant, que les deux hommes partageaient certaines valeurs. En 1762, La Beaumelle s’était levé, à Toulouse, contre la condamnation d’un innocent nommé Jean Calas. Messieurs de Toulouse le bannirent de la ville pour ce courage, dont seuls aujourd’hui les Protestants français gardent le souvenir. La postérité ne se souviendra que de Voltaire, assurément bien meilleur en relations publiques que l’obscur et courageux La Beaumelle.
 
Une pièce de théâtre datant du 16ème siècle, excellente au demeurant, qui traite de la religion en générale et prend comme prétexte de la critique religieuse le personnage de Omar et de Mahomet.

Un extrait d'un article sur Bakchich qui pourrait t'intéresser :


<< VOLTAIRE, TROP CANDIDE ?



Je me garderai bien de souffler sur les braises de ce conflit de civilisations. Je me contente, notez-le bien, de faire observer que nos universaux ne sont pas universels. Cela n’a sans doute jamais été le cas, mais jadis, chacun était chez soi et gardait ses chèvres comme il l’entendait (ça fait : « bêêee… »). Entre hautes sphères, de roi à sultan, on cultivait des usages raffinés, on s’offrait des vases de Sèvres et des chameaux, on cultivait même un libertinage très blasphématoire avec ou sans Casanova aux manettes, la diplomatie, c’est la face humaine de la guerre. Mais à part quelques massacres organisés dans une plaine ad hoc par des généraux adverses, mais compétents, il n’y avait guère de contacts populaires. A ce moment là, des imbéciles ont cru bon de vouloir généraliser leur humanisme perso, avec une grande générosité, dans le fond, et au nom de la Raison. On était au XVIIIe siècle, il y avait de l’émancipation dans l’air, et Voltaire écrivait une tragédie en vers intitulée Mahomet ou le fanatisme, dont le dernier vers prête au Prophète cette terrible sentence (Acte V, scène 4) : « Mon empire est détruit si l'homme est reconnu. » Gonflé, le Voltaire. Maintenant, il n’est plus qu’un boulevard de Paris, ou peu s’en faut, mais à l’époque, c’était un vrai croisé de l’Humanité. Il faut dire que lorsqu’il fit jouer sa pièce, il ne risquait pas d’avoir, le lendemain, une manif de musulmans devant le théâtre. En d’autres termes, tant que les cultures sont géographiquement distantes, chacun peut cultiver sa conception de l’humanité ou de l’inhumanité. Mais le choc, c’est quand elles cohabitent. Dans le même pays, dans la même ville, dans le même quartier. Et ça, Voltaire ne l’avait pas prévu. >>

L'intégralité de l'article sur :
http://www.bakchich.info/france/2012/09/22/humanite-bonne-fete-61706
 
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