La crise économique et financière génère la xénophobie Version imprimable Suggérer par mail
La crise économique a, après coup, des effets pervers qui ne se limitent pas seulement à un protectionnisme économiques des états.
Ainsi les travailleurs polonais qui faisaient les petits (et sales) boulots en Grande-Bretagne ont perdu progressivement leur travail, officiellement par manque de qualification, et ont commencé à retourner chez eux.
En Irlande, où ces mêmes polonais avaient allègrement participé à la croissance économique de l'île verte et qui, grâce notamment à leurs sentiments profondément catholiques, s'étaient parfaitement intégrés à la culture locale, sont maintenant victimes du racisme des Irlandais qui, face aux fermetures d'usines, veulent renvoyer les étrangers chez eux.
En Hongrie, ce pays en quasi-état de cessation de paiement, des groupes d'extrême-droite, avec l'approbation tacite de la population, s'en prennent aux gitans, ces nomades qui, bien sûr, sont à l'origine de tous les maux.
L'Italie, ce pays qui par tradition a toujours été une terre d'accueil et de tolérance, voue maintenant aux gémonies les Africains et les Roumains, coupables de tous les maux.
La France, pourtant mère de la civilisation des Droits de l'homme, voit, sans de trop grandes manifestations d'indignation, un fou furieux soi-disant humoriste, accueillir dans son spectacle-poubelle un négationniste. Ledit psychopathe, toujours soi-disant amuseur public, a lancé l'idée qu'un animateur juif (qui ne le savait pas) finançait, par ses revenus, la politique israélienne.
Les dégâts ont été tels que l'animateur en question qui, par plaisir, avait décidé de se produire sur scène, a vu plusieurs de ces spectacles empêchés ou supprimés par des fauteurs de troubles, qui sous le couvert de la défense d'un peuple « opprimé » expriment souvent un antisémitisme larvé. Et on a lu, dans un respectable journal parisien, le plaidoyer de ce « cosmopolite », pour justifier sa « francitude ». Quel spectacle lamentable !
Elle voit aussi un journaliste d'investigation, crédité auparavant de sérieux, attaquer un ancien humanitaire devenu ministre, sur son comportement, mais en utilisant dans ses textes, un mot que l'on croyait réservé à la droite maurrassienne des années 30 : le cosmopolitisme, vecteur sous-jacent de toutes les compromissions, de toutes les traîtrises.
La Belgique, ce pays multiculturel qui auparavant était montré en exemple pour son art du compromis, son surréalisme et son épicurisme breughélien, voit depuis quelques années une frange de la population se dresser contre l'autre. Récemment, des « supporters » d'un club de football ont traités la grosse minorité d'étrons de pédophiles, sans que l'organe de régulation du football belge ne réagisse fermement. Si l'affaire Dutroux a traumatisé le petit Royaume, il est scandaleux que plus de dix ans après, on stigmatise une partie de la population pour des crimes qu'elle n'a pas commis et qu'elle a ressentis, plus que d'autres, au plus profond d'elle-même.
Si ce dernier paragraphe peut vous sembler anodin, rappelons que certains spécialistes de la géopolitique et de l'histoire font remonter le début de la guerre civile en Yougoslavie à un affrontement entre « supporters » d'équipes de football de régions différentes.
Prenons garde car le ventre, d'où sortirait la bête immonde, est toujours fécond.
W.H.