Yazid Sabeg prend les rênes dAltis
A la fois homme daffaires et commissaire à la Diversité et à lEgalité des chances, lindustriel a racheté lentreprise. Mais le plan de financement global comporte encore des zones dombre.
LE Parisien 14.08.2010
Après des années de réunions, dannonces démenties et despoirs déçus, la société Altis serait-elle enfin sauvée? Yazid Sabeg, à la fois commissaire à la Diversité et à lEgalité des chances et chef dentreprise, a racheté jeudi lusine de semiconducteurs située à Corbeil-Essonnes et au Coudray-Montceaux.
La transaction, annoncée par un communiqué jeudi soir, porte sur un montant total de 200 M.
Dès 2007, les entreprises américaine et allemande IBM et Infineon, les copropriétaires dAltis, officialisaient leur intention de se séparer de la société avant fin 2009. Plusieurs acquéreurs se sont manifestés sans quune vente se concrétise. Jusquà Yazid Sabeg, qui a racheté cette semaine la totalité dAltis Semiconductor via sa société baptisée Altis International.
La vente repose sur un puzzle financier compliqué de 200 M. A priori, les anciens propriétaires, Infineon et IBM, participent à hauteur de 82 M. Yazid Sabeg apporte 40 millions financés, disent des rumeurs, par des emprunts personnels. Le montage sappuierait sur plusieurs emprunts, dont certains garantis par lEtat, et une participation pas encore actée du Fonds stratégique dinvestissement (FSI) de 20 M. Enfin, un investisseur international doit être associé au projet. Le conglomérat industriel russe Sistema, annoncé initialement, nen sera pas. Ce financeur international pourrait être une société du Qatar.
« Cest deux ans de travail qui aboutissent. On a trouvé un futur à Altis et sauvé les finances de la ville et de lagglomération », se réjouissait hier Jean-Pierre Bechter, le maire UMP de Corbeil, qui rappelle le travail sur ce dossier de lindustriel, ancien maire et toujours sénateur Serge Dassault. « Si nous navions pas gagné les dernières municipales il y a deux ans, Altis ne serait plus là », assure lédile.
Si Altis reste ouvert, cette reprise comporte aussi une face sombre. Sur les 1300 emplois, 400 vont être supprimés. Le 30 juillet, le comité dentreprise (CE) avait dailleurs émis un avis défavorable au projet de reprise, dénonçant sa « fragilité financière » et les suppressions de postes.
« On a toujours un souci au niveau financier. Pour nous, ce nest pas clair. Et on cherche toujours le plan industriel qui est derrière », rappelait hier Hervé Judith, délégué CFTC. Une prudence partagée par Thierry Mandon, vice-président PS du département. « Sauver Altis est vital, mais doù proviennent les fonds? Il faut clarifier le plan financier et le projet industriel. » « Lalternative, cétait la fermeture, tempère Frédéric Brunier, secrétaire général CFDT du CE. Cette reprise, cest mieux que 1300 personnes à la porte. »
Yazid Sabeg a beaucoup dambition pour Altis, dont les produits sont intégrés dans les téléphones mobiles, les smartphones et les tablettes tactiles. Il entend étendre ses activités à de nouvelles formes de puces et faire passer le chiffre daffaires de 170 millions prévus pour 2010 à 250 ou 300 millions dici à 2013. En attendant, un comité dentreprise est prévu le 23 août pour louverture du plan social concernant les 400 emplois supprimés.
Le Parisien