En jouant avec les formes, les couleurs et les tissus, les femmes cherchent à sortir de l’anonymat dans lequel la société rigoriste veut les enfermer.
Abou nafkha [le Rengorgé] n’est pas le surnom d’un chef de bande ou d’un joueur de foot, mais un nouveau genre de voile, à la mode depuis peu parmi les étudiantes yéménites. Il est aussi l’objet de pas
mal de polémiques. Ce nom s’explique par le renflement qu’il forme à l’arrière de la tête, en raison de postiches que les demoiselles y placent afin de suggérer une chevelure abondante. Tout cela est donc une affaire
d’illusions. Et alors que le rôle supposé du voile est d’assurer la discrétion, abou nafkha attire l’attention.
La mode est venue des pays du Golfe. Des chanteuses saoudiennes,dont la plus connue est Haïfa Hussein, l’ont adoptée. Mais c’est une particularité de la rue yéménite qui lui a valu son appellation. Car, au Yémen, les vêtements ont des surnoms et les différentes manières de porter le voile ne font pas exception.
Il en est ainsi des “je-te-défie-dem’avoir”, des “gâte-moi” et d’autres désignés selon des vedettes, telles que les chanteurs de variétés Kadem Saher [Irakien], Alissa, Nancy Ajram [chanteuses libanaises en vogue], ou les héros de feuilletons télévisés, tels Mohanad et Nour [héros d’un feuilleton turc très populaire dans le monde arabe ; voir CI n° 926, du 31 juillet 2008].
Quand ce nouveau voile, qui cache les cheveux tout en en suggérant davantage qu’il n’y en a en réalité, a commencé à envahir l’université de Sanaa, ses ennemis se sont mis à fourbir leurs armes. Des extrémistes,
dont certains appartenant à des groupes religieux, d’autres en électrons libres, combattent le phénomène par des fatwas, des communiqués, des tracts et des afiches, afirmant que ses adeptes “ne verront pas le paradis,
même de loin”. Avec toutes les mises en garde et les dessins pour illustrer
le danger qu’on voit à l’université, on a l’impression qu’abou nafkha est une grave maladie qui risque à tout instant de tourner à l’épidémie.
Un des commentaires les plus amusants sur ce voile est celui de Hamza, étudiant en histoire, selon lequel toutes celles qui le portent “sont probablement chauves. Sinon, pourquoi ces simagrées ?” Manal en revanche,qui n’en porte pourtant pas, estime que “les gens devraient avoir une totale liberté dans le choix de leurs vêtements. Tant qu’ils ne sortent pas à poil…”
De son côté, Souad Al-Qudsi, présidente d’une association de femmes,explique que “les jeunes femmes ne choisissent pas davantage leurs vêtements que leur religion, leurs études ou leur mari”.
“L’effet principal du voile est d’effacer la personnalité et l’identité. Cela fait naître le sentiment de ne pas vraiment exister en tant qu’individu. C’est un sentiment mortel, qui enferme dans un isolement dangereux. En mettant un abou nafkha, ces jeunes illes veulent attirer l’attention et dire ‘J’existe.’ Comme elles doivent rester dans le cadre du voile, elles jouent avec ses codes en variant les tissus, les couleurs et les formes. Abou nafkha est un signe de révolte”, ajoute-t-elle.
Ghamdan Al-Youssoufi pour courrier international
Abou nafkha [le Rengorgé] n’est pas le surnom d’un chef de bande ou d’un joueur de foot, mais un nouveau genre de voile, à la mode depuis peu parmi les étudiantes yéménites. Il est aussi l’objet de pas
mal de polémiques. Ce nom s’explique par le renflement qu’il forme à l’arrière de la tête, en raison de postiches que les demoiselles y placent afin de suggérer une chevelure abondante. Tout cela est donc une affaire
d’illusions. Et alors que le rôle supposé du voile est d’assurer la discrétion, abou nafkha attire l’attention.
La mode est venue des pays du Golfe. Des chanteuses saoudiennes,dont la plus connue est Haïfa Hussein, l’ont adoptée. Mais c’est une particularité de la rue yéménite qui lui a valu son appellation. Car, au Yémen, les vêtements ont des surnoms et les différentes manières de porter le voile ne font pas exception.
Il en est ainsi des “je-te-défie-dem’avoir”, des “gâte-moi” et d’autres désignés selon des vedettes, telles que les chanteurs de variétés Kadem Saher [Irakien], Alissa, Nancy Ajram [chanteuses libanaises en vogue], ou les héros de feuilletons télévisés, tels Mohanad et Nour [héros d’un feuilleton turc très populaire dans le monde arabe ; voir CI n° 926, du 31 juillet 2008].
Quand ce nouveau voile, qui cache les cheveux tout en en suggérant davantage qu’il n’y en a en réalité, a commencé à envahir l’université de Sanaa, ses ennemis se sont mis à fourbir leurs armes. Des extrémistes,
dont certains appartenant à des groupes religieux, d’autres en électrons libres, combattent le phénomène par des fatwas, des communiqués, des tracts et des afiches, afirmant que ses adeptes “ne verront pas le paradis,
même de loin”. Avec toutes les mises en garde et les dessins pour illustrer
le danger qu’on voit à l’université, on a l’impression qu’abou nafkha est une grave maladie qui risque à tout instant de tourner à l’épidémie.
Un des commentaires les plus amusants sur ce voile est celui de Hamza, étudiant en histoire, selon lequel toutes celles qui le portent “sont probablement chauves. Sinon, pourquoi ces simagrées ?” Manal en revanche,qui n’en porte pourtant pas, estime que “les gens devraient avoir une totale liberté dans le choix de leurs vêtements. Tant qu’ils ne sortent pas à poil…”
De son côté, Souad Al-Qudsi, présidente d’une association de femmes,explique que “les jeunes femmes ne choisissent pas davantage leurs vêtements que leur religion, leurs études ou leur mari”.
“L’effet principal du voile est d’effacer la personnalité et l’identité. Cela fait naître le sentiment de ne pas vraiment exister en tant qu’individu. C’est un sentiment mortel, qui enferme dans un isolement dangereux. En mettant un abou nafkha, ces jeunes illes veulent attirer l’attention et dire ‘J’existe.’ Comme elles doivent rester dans le cadre du voile, elles jouent avec ses codes en variant les tissus, les couleurs et les formes. Abou nafkha est un signe de révolte”, ajoute-t-elle.
Ghamdan Al-Youssoufi pour courrier international