Deux cas de ce virus ont été détectés dans les Antilles françaises, et le risque de le voir s'installer en métropole est jugé « réel ».
L'alerte a été émise samedi par la Direction générale de la santé: le virus zika est arrivé en Guyane et en Martinique, où ont été identifiés «deux premiers cas de personnes contaminées» par cette nouvelle maladie émergente qui pourrait aussi prendre pied en métropole.
Les autorités sanitaires sont mobilisées pour «mettre en œuvre toutes les mesures permettant de surveiller et de limiter la dissémination du virus et de prendre en charge les personnes concernées», précise le ministère de la Santé.
La menace est sérieuse:
cet été, le Haut Conseil à la santé publique estimait dans un avis que le risque de transmission du virus Zika était «élevé dans les départements français d'Amérique» et «réel à La Réunion et à Mayotte» ainsi que «dans les départements métropolitains où (le moustique) Aedes albopictus est implanté».
Car le virus zika, qui appartient à la même famille que la fièvre jaune, la dengue, mais aussi l'hépatite C ou la peste porcine, s'est trouvé un nouveau véhicule: Aedes albopictus, alias le redouté moustique tigre, désormais installé un peu partout dans le monde (notamment en France métropolitaine), est capable de transmettre le virus zika tout autant qu'Aedes aegypti, essentiellement répertorié dans les zones tropicales.
Épidémie inaperçue
La preuve en a été apportée en 2014 dans la revue PlosOne par des chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD, Montpellier) et du Centre international de recherches médicales de Franceville (Gabon). Les chercheurs ont été intrigués par l'ampleur de deux épidémies de zika survenues en 2007 dans les îles Yap, en Micronésie (Océanie), dont trois quarts des habitants avaient été infectés, puis en Polynésie française en 2013, où 50.000 personnes (un cinquième de la population) avaient été testées positives au virus.
En réanalysant plus de 4300 prélèvements sanguins de malades et 4600 moustiques capturés lors d'une épidémie de dengue et de chikungunya qui avait touché 20.000 personnes en 2007 au Gabon,
les chercheurs se sont aperçus que les malades avaient en fait été contaminés par le virus zika «avec la même fréquence que par les virus de la dengue ou du chikungunya», bien que le diagnostic n'ait alors pas été posé, et que les moustiques tigres pouvaient être vecteurs.
Cette association du virus avec «un vecteur hautement invasif dont l'expansion géographique continue à s'étendre autour du globe» fait donc de lui «une nouvelle menace émergente», estimaient alors les auteurs.
Zika est souvent confondu avec la dengue ou le chikungunya
Identifiée pour la première fois en 1947 sur un macaque rhésus dans une forêt ougandaise qui lui a donné son nom, la fièvre zika est pourtant restée négligée jusqu'aux épidémies micronésiennes et polynésiennes. Notamment parce que son diagnostic est loin d'être évident.
Près de 80 % des personnes infectées ne présentent pas de symptômes, ce qui ne les empêche pas de propager le virus en étant piquées par un moustique vecteur.
Quant aux malades, ils souffrent de symptômes de type grippal (fièvre, céphalées, courbatures) avec des éruptions cutanées ou une conjonctivite, et le diagnostic biologique est difficile.
Zika est donc souvent confondu avec la dengue ou le chikungunya, et il n'existe aucun vaccin préventif ni traitement, hormis la prise en charge des symptômes (paracétamol essentiellement).
La guérison est le plus souvent spontanée, mais le Haut Conseil à la santé publique note «une fréquence inhabituelle de complications neurologiques à type de syndrome de Guillain-Barré» et des cas de microcéphalie chez des bébés lui sont associés au Brésil.
Lutter contre le vecteur
La seule chose à faire est donc de lutter contre le vecteur . Il faut, d'une part, empêcher la population de moustiques de proliférer, en particulier en éliminant au maximum tous les dépôts d'eaux dormantes que les moustiques utilisent comme sites de ponte.
D'autre part, il faut éviter de se faire piquer en se protégeant par le port de vêtements longs et par l'usage de moustiquaires et produits répulsifs, même en journée. Les malades doivent éviter de voyager et être isolés dans une pièce aux fenêtres fermées, pour ne pas propager la maladie ni l'importer dans des zones qui en sont exemptes. «Vous protéger des piqûres de moustiques, c'est protéger votre entourage, insiste le ministère de la Santé: le moustique transmet la maladie après avoir piqué une personne déjà malade.»
le Brésil déclare l'état d'urgence sanitaire
Une épidemie de microcéphalie frappe le Brésil.
Le ministère de la Santé a identifié un possible lien avec avec le virus zika, transmis par les moustiques comme la dengue et le chikungunya.
Tatiana Viana arbore un beau ventre rond de 33 semaines de grossesse. Elle compte les jours avant l'arrivée de Martin, qui devrait naître à la veille du carnaval début février. Mais la jeune femme ne cache pas son angoisse depuis que le Brésil a déclaré l'état d'urgence sanitaire du fait d'une épidémie de microcéphalie.
Il s'agit d'une anomalie congénitale qui se manifeste durant la grossesse, le bébé naissant avec une boîte crânienne inférieure à la taille normale. Quand il survit, l'enfant connaît de graves retards moteurs et intellectuels.
Entre 2010 et 2014, le pays a dénombré 150 à 200 cas par an. Mais, à la mi-décembre de cette année, 2 401 cas ont été détectés dans vingt États du pays, selon le ministère de la Santé. Une véritable explosion.
Bien que la maladie puisse découler de multiples facteurs (héréditaires, impact de substance chimique ou de bactéries), le ministère de la Santé a identifié un «possible lien» avec le virus zika, transmis par le moustique Aedes aegypti qui véhicule aussi la dengue et le chikungunya. La dengue est installée au Brésil depuis des décennies, mais zika ne s'est déclaré qu'en avril 2015, peut-être arrivé pendant la Coupe du monde de football.
Passé inaperçu en Polynésie
«Le lien entre zika et la microcéphalie a été démontré grâce à l'analyse du liquide amniotique des fœtus malades», souligne le directeur du département de surveillance épidémiologique du ministère de la Santé, Claudio Maierovitch.
Si la relation n'était pas apparue en Colombie et en Polynésie française, où zika est présent depuis plus longtemps, c'est probablement du fait de l'autorisation d'avorter en cas de malformation du fœtus, ce qui est interdit au Brésil.
Rivaldo Venancio Cunha, de la Fundation Oswaldo Cruz, explique: «Quand nous avons fait savoir que nous avions perçu cette nouvelle manifestation clinique de la maladie, les autorités sanitaires de Polynésie française se sont replongées dans leurs banques de données, et elles ont remarqué une hausse du nombre de microcéphalies jusqu'alors passée inaperçue.»
Parallèlement aux microcéphalies, le Brésil a relevé chez les personnes infectées par le virus zika une augmentation des cas de syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique qui provoque une paralysie musculaire pouvant entraîner la mort.
#semzika
Comme beaucoup de futures mamans, Tatiana ne met plus le nez dehors sans s'asperger de produits anti-moustique.
Pour le moment, aucune malformation n'est visible à l'échographie, mais le risque perdure pendant toute la grossesse.
Elle voudrait que tout le monde se protège pour ne pas propager la maladie. «Mais même si cette maladie peut marquer toute une génération, les personnes qui n'attendent pas d'enfant ne font pas attention à l'épidémie», dit-elle.
C'est pourquoi la jeune femme a décidé de militer pour une plus grande prise de conscience. Tatiana a pris en photo son ventre, sur lequel elle a écrit «Martin #semzika» (Martin sans zika) et a posté le cliché sur les réseaux sociaux. En créant le hashtag «# semzika», elle incite toutes les femmes enceintes à faire de même.
Outre ces protections individuelles, la lutte passe aussi par l'éradication des moustiques vecteurs de la maladie.
Une bataille d'autant plus compliquée à mener que la crise économique a réduit considérablement les moyens des municipalités.
Depuis l'année dernière, la Fondation Oswaldo Cruz teste également des moustiques génétiquement modifiés: lâchés dans la nature, ils devraient attirer les femelles pour copuler, mais leur progéniture n'atteindra pas l'âge adulte. Ce qui devrait réduire la population de l'Aedes aegypti.
http://sante.lefigaro.fr/actualite/...-zika-bresil-declare-letat-durgence-sanitaire
mam
L'alerte a été émise samedi par la Direction générale de la santé: le virus zika est arrivé en Guyane et en Martinique, où ont été identifiés «deux premiers cas de personnes contaminées» par cette nouvelle maladie émergente qui pourrait aussi prendre pied en métropole.
Les autorités sanitaires sont mobilisées pour «mettre en œuvre toutes les mesures permettant de surveiller et de limiter la dissémination du virus et de prendre en charge les personnes concernées», précise le ministère de la Santé.
La menace est sérieuse:
cet été, le Haut Conseil à la santé publique estimait dans un avis que le risque de transmission du virus Zika était «élevé dans les départements français d'Amérique» et «réel à La Réunion et à Mayotte» ainsi que «dans les départements métropolitains où (le moustique) Aedes albopictus est implanté».
Car le virus zika, qui appartient à la même famille que la fièvre jaune, la dengue, mais aussi l'hépatite C ou la peste porcine, s'est trouvé un nouveau véhicule: Aedes albopictus, alias le redouté moustique tigre, désormais installé un peu partout dans le monde (notamment en France métropolitaine), est capable de transmettre le virus zika tout autant qu'Aedes aegypti, essentiellement répertorié dans les zones tropicales.
Épidémie inaperçue
La preuve en a été apportée en 2014 dans la revue PlosOne par des chercheurs de l'Institut de recherche pour le développement (IRD, Montpellier) et du Centre international de recherches médicales de Franceville (Gabon). Les chercheurs ont été intrigués par l'ampleur de deux épidémies de zika survenues en 2007 dans les îles Yap, en Micronésie (Océanie), dont trois quarts des habitants avaient été infectés, puis en Polynésie française en 2013, où 50.000 personnes (un cinquième de la population) avaient été testées positives au virus.
En réanalysant plus de 4300 prélèvements sanguins de malades et 4600 moustiques capturés lors d'une épidémie de dengue et de chikungunya qui avait touché 20.000 personnes en 2007 au Gabon,
les chercheurs se sont aperçus que les malades avaient en fait été contaminés par le virus zika «avec la même fréquence que par les virus de la dengue ou du chikungunya», bien que le diagnostic n'ait alors pas été posé, et que les moustiques tigres pouvaient être vecteurs.
Cette association du virus avec «un vecteur hautement invasif dont l'expansion géographique continue à s'étendre autour du globe» fait donc de lui «une nouvelle menace émergente», estimaient alors les auteurs.
Zika est souvent confondu avec la dengue ou le chikungunya
Identifiée pour la première fois en 1947 sur un macaque rhésus dans une forêt ougandaise qui lui a donné son nom, la fièvre zika est pourtant restée négligée jusqu'aux épidémies micronésiennes et polynésiennes. Notamment parce que son diagnostic est loin d'être évident.
Près de 80 % des personnes infectées ne présentent pas de symptômes, ce qui ne les empêche pas de propager le virus en étant piquées par un moustique vecteur.
Quant aux malades, ils souffrent de symptômes de type grippal (fièvre, céphalées, courbatures) avec des éruptions cutanées ou une conjonctivite, et le diagnostic biologique est difficile.
Zika est donc souvent confondu avec la dengue ou le chikungunya, et il n'existe aucun vaccin préventif ni traitement, hormis la prise en charge des symptômes (paracétamol essentiellement).
La guérison est le plus souvent spontanée, mais le Haut Conseil à la santé publique note «une fréquence inhabituelle de complications neurologiques à type de syndrome de Guillain-Barré» et des cas de microcéphalie chez des bébés lui sont associés au Brésil.
Lutter contre le vecteur
La seule chose à faire est donc de lutter contre le vecteur . Il faut, d'une part, empêcher la population de moustiques de proliférer, en particulier en éliminant au maximum tous les dépôts d'eaux dormantes que les moustiques utilisent comme sites de ponte.
D'autre part, il faut éviter de se faire piquer en se protégeant par le port de vêtements longs et par l'usage de moustiquaires et produits répulsifs, même en journée. Les malades doivent éviter de voyager et être isolés dans une pièce aux fenêtres fermées, pour ne pas propager la maladie ni l'importer dans des zones qui en sont exemptes. «Vous protéger des piqûres de moustiques, c'est protéger votre entourage, insiste le ministère de la Santé: le moustique transmet la maladie après avoir piqué une personne déjà malade.»
le Brésil déclare l'état d'urgence sanitaire
Une épidemie de microcéphalie frappe le Brésil.
Le ministère de la Santé a identifié un possible lien avec avec le virus zika, transmis par les moustiques comme la dengue et le chikungunya.
Tatiana Viana arbore un beau ventre rond de 33 semaines de grossesse. Elle compte les jours avant l'arrivée de Martin, qui devrait naître à la veille du carnaval début février. Mais la jeune femme ne cache pas son angoisse depuis que le Brésil a déclaré l'état d'urgence sanitaire du fait d'une épidémie de microcéphalie.
Il s'agit d'une anomalie congénitale qui se manifeste durant la grossesse, le bébé naissant avec une boîte crânienne inférieure à la taille normale. Quand il survit, l'enfant connaît de graves retards moteurs et intellectuels.
Entre 2010 et 2014, le pays a dénombré 150 à 200 cas par an. Mais, à la mi-décembre de cette année, 2 401 cas ont été détectés dans vingt États du pays, selon le ministère de la Santé. Une véritable explosion.
Bien que la maladie puisse découler de multiples facteurs (héréditaires, impact de substance chimique ou de bactéries), le ministère de la Santé a identifié un «possible lien» avec le virus zika, transmis par le moustique Aedes aegypti qui véhicule aussi la dengue et le chikungunya. La dengue est installée au Brésil depuis des décennies, mais zika ne s'est déclaré qu'en avril 2015, peut-être arrivé pendant la Coupe du monde de football.
Passé inaperçu en Polynésie
«Le lien entre zika et la microcéphalie a été démontré grâce à l'analyse du liquide amniotique des fœtus malades», souligne le directeur du département de surveillance épidémiologique du ministère de la Santé, Claudio Maierovitch.
Si la relation n'était pas apparue en Colombie et en Polynésie française, où zika est présent depuis plus longtemps, c'est probablement du fait de l'autorisation d'avorter en cas de malformation du fœtus, ce qui est interdit au Brésil.
Rivaldo Venancio Cunha, de la Fundation Oswaldo Cruz, explique: «Quand nous avons fait savoir que nous avions perçu cette nouvelle manifestation clinique de la maladie, les autorités sanitaires de Polynésie française se sont replongées dans leurs banques de données, et elles ont remarqué une hausse du nombre de microcéphalies jusqu'alors passée inaperçue.»
Parallèlement aux microcéphalies, le Brésil a relevé chez les personnes infectées par le virus zika une augmentation des cas de syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique qui provoque une paralysie musculaire pouvant entraîner la mort.
#semzika
Comme beaucoup de futures mamans, Tatiana ne met plus le nez dehors sans s'asperger de produits anti-moustique.
Pour le moment, aucune malformation n'est visible à l'échographie, mais le risque perdure pendant toute la grossesse.
Elle voudrait que tout le monde se protège pour ne pas propager la maladie. «Mais même si cette maladie peut marquer toute une génération, les personnes qui n'attendent pas d'enfant ne font pas attention à l'épidémie», dit-elle.
C'est pourquoi la jeune femme a décidé de militer pour une plus grande prise de conscience. Tatiana a pris en photo son ventre, sur lequel elle a écrit «Martin #semzika» (Martin sans zika) et a posté le cliché sur les réseaux sociaux. En créant le hashtag «# semzika», elle incite toutes les femmes enceintes à faire de même.
Outre ces protections individuelles, la lutte passe aussi par l'éradication des moustiques vecteurs de la maladie.
Une bataille d'autant plus compliquée à mener que la crise économique a réduit considérablement les moyens des municipalités.
Depuis l'année dernière, la Fondation Oswaldo Cruz teste également des moustiques génétiquement modifiés: lâchés dans la nature, ils devraient attirer les femelles pour copuler, mais leur progéniture n'atteindra pas l'âge adulte. Ce qui devrait réduire la population de l'Aedes aegypti.
http://sante.lefigaro.fr/actualite/...-zika-bresil-declare-letat-durgence-sanitaire
mam