15.000 scientifiques tirent la sonnette d'alarme sur l'état de la planète

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Sciences et Avenir : Vous faites partie des 15 000 scientifiques à adresser un deuxième avertissement à l'humanité qui, si elle continue à détruire l'environnement, connaîtra bientôt " une misère généralisée et une perte catastrophique de biodiversité ". Justement, quelle est la place de l'océan dans notre environnement?

Jean-Pierre Gattuso : L'océan joue un rôle majeur dans la machine climatique. Il absorbe en effet 93% de l'excès de chaleur provenant de l'augmentation de l'effet de serre et 30% du dioxyde de carbone émis par l'homme. Enfin, il reçoit la quasi-totalité de l'eau de fonte des calottes et des glaciers. Il est ainsi une véritable chance pour l'humanité, car il nous débarrasse de la chaleur, du CO2 et de l'excès d'eau. En même temps, l'océan ne va pas bien. Son réchauffement entraîne la migration des espèces et des épisodes de mortalité massive dans les récifs coralliens.

L'absorption du dioxyde de carbone entraîne l'acidification des océans, ce qui pose un problème notamment pour les organismes ayant un squelette ou une coquille calcaire. Quant à la montée des eaux, elle provoque des désastres côtiers comme on a pu le voir lors des récents épisodes de tempêtes et de cyclones.

Cette prise de conscience du rôle de l'océan est-elle nouvelle ?
Oui. Le déclencheur a été le dernier rapport du GIEC(2014) qui, contrairement aux précédents, prenait en compte le rôle de l'océan et analysait bien les impacts du changement climatique sur lui. De plus, son rôle essentiel dans la machine climatique a été mis en avant lors de la COP21 à Paris, en 2015, sous l'impulsion de plusieurs scientifiques dont je faisais partie. Après cette mobilisation qui a permis de faire le constat de la catastrophe à venir, je vais à la COP23 pour désormais proposer des solution.

Quelles sont-elles ?
Si l'accord de Paris est mis en place rapidement et en totalité, on peut éviter ce qui serait une véritable catastrophe. Mais si les émissions de CO2 continuent pendant encore plusieurs décennies, ce sera désastreux pour les océans. Et même si on limite l'augmentation moyenne des températures de 1,5°C à 2°C, il y aura quand même des dommages. Il faut donc associer une politique ambitieuse d'atténuation des émissions de CO2 à une politique ambitieuse d'adaptation, de reconstruction, de protection pour aider les organismes marins à survivre. Nous voulons montrer que tout n'est pas perdu si on s'y met tout de suite.

Mais les solutions à l'échelle régionale ne seront pas suffisantes. La solution majeure à prendre immédiatement à l'échelle du globe, c'est de réduire considérablement les émissions et qu'elles deviennent nulles en 2050. Car la marge de manœuvre de l'humanité se réduit rapidement au fur et à mesure que la concentration de CO2 augmente dans l'atmosphère

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