Le printemps arabe ne cesse de nous surprendre. Des dictatures tombent et la population réclame des changements radicaux.
Lulu,le pseudonyme dune lesbienne de la banlieue dAlger, a adressé, en 2011, une lettre, forte de ton et claire de contenu, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lui disant:
«Je suis très préoccupée par le fait que l'homosexualité reste toujours un délit passible de peines de prison (article 338 du Code pénal). Cet état de fait: arrêter des personnes bien et les maintenir en détention et faire d'eux des criminels alors qu'ils ne le sont en aucun cas. Les détenus sont exposés à tous les dangers dans des prisons surpeuplées et sont sujets à des agressions par le personnel des pénitenciers et les autres détenus»
De son coté «Mec» (30 ans, architecte de formation) croit que «ce Code pénal ne sert quà une seule chose: la protection des violeurs».
Et il ajoute:
«Nombreux sont ceux qui violent des homos car ils savent que la loi ne les protège pas.»
Les «non-dits» du drame:
De nombreux homosexuels que nous avons rencontré nous ont raconté des histoires touchantes, voire choquantes, sur le regard méprisant et la violence quils subissent des autres.
Nadir, 22 ans, étudiant en anglais à la faculté de Bouzeréah, avoue:
«Un jour, me baladant, un peu tard, sur les trottoirs de la rue Audin, en plein centre-ville dAlger, un automobiliste sest brusquement arrêté devant moi. Il ma proposé de me ramener chez moi. Jai gentiment refusé. Il insistait et jai compris son intention. A la fin, au bout de quelques minutes, se rendant compte quil ne pourrait pas assouvir son désir avec moi, il ma insulté: "sale gay".»
Alors que Malik, âgé de 23 ans, stagiaire dans un centre de formation professionnelle, se souvient encore du jour où il a été, au sein dune clinique privée, harcelé par un barbu quinquagénaire, qui voulait absolument coucher avec lui.
«Aujourdhui, les islamistes ont le droit de tout faire», commente-t-il.
Au-delà de lingratitude sociale, les homosexuels dAlger essaient de mener leur vie dune façon ordinaire. Ils se sont engagés à défendre leurs choix.
«Nous nous rencontrons de temps en temps, surtout le weekend, dans un bar à Alger centre et parfois dans un salon de thé à Sidi Yahia, près dHaydra. On organise des excursions dans des villes côtières, comme Oran et Annaba, pour changer la routine», nous apprend Mounir (25 ans), administrateur de la page Facebook HomoDz qui a été, il y a deux mois, attaquée puis fermée par un hacker, après avoir reçu un tas de menaces.
Mounir est convaincu par son choix et assume pleinement son homosexualité, en dehors de la maison, loin des regards de ses parents. Son dernier obstacle est «son père». Il nous explique:
«Je suis prêt à déclarer mon choix et à publier ma photo sur les journaux. Mais un seul rempart mempêche: mon père. Jai peur de sa réaction. Je suis sûr quil me comprendra mal. Il dépasse aujourdhui la soixantaine et je ne veux pas le choquer.»
Ils continuent leur engagement et affirment leur volonté de mettre fin à ce statu quo, en espérant que le vent du changement qui sapproche, petit à petit, de la capitale du pays apportera une vie meilleure, où ils pourraient sexprimer et imposer leur différence dans une ville qui essaie de vivre en harmonie en dépit de toutes les contradictions.
Saïd Khatibi
http://www.slateafrique.com/90127/faut-il-bruler-les-homosexuels-defense-homophobie
Lulu,le pseudonyme dune lesbienne de la banlieue dAlger, a adressé, en 2011, une lettre, forte de ton et claire de contenu, au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lui disant:
«Je suis très préoccupée par le fait que l'homosexualité reste toujours un délit passible de peines de prison (article 338 du Code pénal). Cet état de fait: arrêter des personnes bien et les maintenir en détention et faire d'eux des criminels alors qu'ils ne le sont en aucun cas. Les détenus sont exposés à tous les dangers dans des prisons surpeuplées et sont sujets à des agressions par le personnel des pénitenciers et les autres détenus»
De son coté «Mec» (30 ans, architecte de formation) croit que «ce Code pénal ne sert quà une seule chose: la protection des violeurs».
Et il ajoute:
«Nombreux sont ceux qui violent des homos car ils savent que la loi ne les protège pas.»
Les «non-dits» du drame:
De nombreux homosexuels que nous avons rencontré nous ont raconté des histoires touchantes, voire choquantes, sur le regard méprisant et la violence quils subissent des autres.
Nadir, 22 ans, étudiant en anglais à la faculté de Bouzeréah, avoue:
«Un jour, me baladant, un peu tard, sur les trottoirs de la rue Audin, en plein centre-ville dAlger, un automobiliste sest brusquement arrêté devant moi. Il ma proposé de me ramener chez moi. Jai gentiment refusé. Il insistait et jai compris son intention. A la fin, au bout de quelques minutes, se rendant compte quil ne pourrait pas assouvir son désir avec moi, il ma insulté: "sale gay".»
Alors que Malik, âgé de 23 ans, stagiaire dans un centre de formation professionnelle, se souvient encore du jour où il a été, au sein dune clinique privée, harcelé par un barbu quinquagénaire, qui voulait absolument coucher avec lui.
«Aujourdhui, les islamistes ont le droit de tout faire», commente-t-il.
Au-delà de lingratitude sociale, les homosexuels dAlger essaient de mener leur vie dune façon ordinaire. Ils se sont engagés à défendre leurs choix.
«Nous nous rencontrons de temps en temps, surtout le weekend, dans un bar à Alger centre et parfois dans un salon de thé à Sidi Yahia, près dHaydra. On organise des excursions dans des villes côtières, comme Oran et Annaba, pour changer la routine», nous apprend Mounir (25 ans), administrateur de la page Facebook HomoDz qui a été, il y a deux mois, attaquée puis fermée par un hacker, après avoir reçu un tas de menaces.
Mounir est convaincu par son choix et assume pleinement son homosexualité, en dehors de la maison, loin des regards de ses parents. Son dernier obstacle est «son père». Il nous explique:
«Je suis prêt à déclarer mon choix et à publier ma photo sur les journaux. Mais un seul rempart mempêche: mon père. Jai peur de sa réaction. Je suis sûr quil me comprendra mal. Il dépasse aujourdhui la soixantaine et je ne veux pas le choquer.»
Ils continuent leur engagement et affirment leur volonté de mettre fin à ce statu quo, en espérant que le vent du changement qui sapproche, petit à petit, de la capitale du pays apportera une vie meilleure, où ils pourraient sexprimer et imposer leur différence dans une ville qui essaie de vivre en harmonie en dépit de toutes les contradictions.
Saïd Khatibi
http://www.slateafrique.com/90127/faut-il-bruler-les-homosexuels-defense-homophobie