cette rhétorique ne vous dit rien ?
Nous l’avons déjà relevé, tout au long de cette lecture : L’éloge de la « france qui se lève tôt » et qui « travaille plus pour gagner plus », le grand « non à la repentance », l’invitation à « aimer la france » et à la servir, le mythe du « ensemble tout devient possible », ce sont tous les mots d’ordres sarkozystes qui se trouvent condensés dans ce slam. Abd al malik ne fait ici rien d’autre que donner, de ces mots d’ordre, une traduction littérale dans cette langue simplette et simpliste qu’avec un profond dédain on assimile à la (bien plus riche et, pour le coup, bien plus diverse et variée) « langue des jeunes de banlieue ».
Abd al malik, « traducteur attitré du président sarkozy auprès des populations indigènes » ?
« le fadela amara du slam » ?
à ces référents déjà accablants, s’en ajoute malheureusement un autre, pour celles et ceux qui ont un peu de mémoire. Car enfin, la coïncidence est troublante : Si l’on résume le mouvement général de « c’est du lourd », nous avons, dans l’ordre :
Une apologie du travail, d’abord, valorisé abstraitement comme une vertu en soi (avec la dénonciation connexe de l’oisiveté comme mère de tous les vices et de toutes les misères) ;
puis une valorisation du modèle traditionnel de la famille, avec le mâle qui va travailler afin de rapporter de l’argent « propre » et ainsi nourrir sa femme enceinte ;
et enfin une glorification et une exaltation de la patrie, derrière laquelle tous sont sommés de s’unir, riches et pauvres, exploités et exploiteurs main dans la main.
Travail, famille, patrie… du lourd, en effet.
Historiquement, politiquement, oui, sans conteste : C’est du lourd.
Et oui, assurément, ce « truc » – je veux dire cette assimilation intégrale de la francité la plus réactionnaire et raciste de la part d’un enfant d’immigré africain – est bel et bien, au sens littéral,