"Pour l’élue de la République, si le fiché S – dont la proximité avec le fondamentalisme islamique est documentée – est inquiété, c’est parce qu’il est « musulman »…"
Et quand ceux qui sont chargés de ficher les gens ( sans avocat , sans procès) se retrouvent sur des groupes Whatsapp pour partager leur affection pour le troisiéme Reich ?
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Utilisé pour « procéder à la surveillance de ceux sur lesquels ne repose aucune incrimination pénale, mais qui peuvent, par leur activité, représenter à un moment ou à un autre un risque de trouble à l'ordre public ou une atteinte à la sûreté de l’État », le fichier « S » est principalement alimenté par la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Les fiches sont classées en différents types matérialisés par des chiffres allant de « S1 » à « S16 ». Le niveau ne correspond pas au classement de la « dangerosité » d’une personne mais aux actions à entreprendre pour le membre des forces de l’ordre qui contrôle cette personne6.
Le fichier « S » mélange les personnes condamnées, suspectes et innocentes. Cette hétérogénéité soulève un débat sur l'utilisation des fiches : peut-on licencier de l'emploi public, soumettre à un suivi judiciaire (pointage plusieurs fois par jour au commissariat), voire emprisonner administrativement (c'est-à-dire préventivement) les personnes fichées qui sont seulement soupçonnées ou surveillées ?
En novembre 2015, Manuel Valls, ancien Premier ministre français, affirme que 20 000 personnes font l'objet d'une fiche S en France, dont 10 500 pour leur appartenance ou leurs liens supposés avec la mouvance islamiste (djihadistes, salafistes, etc.)7. Au 11 décembre 2018, 29 973 personnes feraient l'objet d'une fiche .
Les autres personnes fichées S peuvent être des personnes liées à des mouvements terroristes (Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la ligue liée à des mouvements tamouls, la branche militaire du Hezbollah), des écologistes (zadistes comme des activistes contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, anti-nucléaire ou anarchiste), des hooligans (supporteurs de football violents), des membres des Black blocs, membres d'ultradroite ou d'ultragauche ou toute personne en lien avec elles de façon non fortuite.
En septembre 2016, le procureur de la République de Paris, François Molins, estime que l'idée lancée par certaines personnalités politiques de placer en rétention les individus fichés « S » par les services de renseignement n'est pas envisageable : « Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d'une procédure pénale. C'est le socle de l'État de Droit. On ne peut pas détenir quelqu'un avant qu'il ait commis une infraction ». De même, Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste, juge ce sujet « aberrant » : «
Ficher S ça ne veut rien dire, on ne peut pas incarcérer des individus sans preuves, juste avec un nom sur une liste. Qui va décider du degré de radicalisation ? Je ne veux pas vivre dans un pays où on mettra en prison quelqu'un parce que les services de renseignement auront mis son nom sur une liste »