L'AMITIÉ ENTRE LES DEUX SEXES
L'Islam propose une organisation des relations humaines dans la société. Il considère la relation entre l'homme et la femme avec un intérêt particulier: il fixe des frontières et des limites qui protègent cette relation et lui permettent d'évoluer dans un milieu sain qui ne favorise pas la naissance des problèmes et des déviations dans la société. L'amitié est l'une des formes de ces relations sociales qui peuvent avoir lieu entre l'homme et la femme dans diverses situations. Si l'on veut étudier, du point de vue de la légalité religieuse, cette question de l'amitié entre les deux sexes, on doit prendre en considération la finalité légale du mode proposé par l'Islam pour l'organisation des relations humaines entre l'homme et la femme. Nous constatons, en le faisant, que le souci de l'Islam est de sauvegarder la propreté et la pureté des relations des deux points de vues des sentiments et des pratiques. Il semble que l'affirmation, par la Loi, de cette dimension de la question, est fondée sur la nécessité de suivre le droit chemin dans la voie de la réalisation des buts escomptés par l'Islam et qui consistent à ce que les serviteurs de Dieu adoptent un mode de vie conforme à la volonté de Dieu.
On remarque, par exemple, que l'Islam interdit l'adultère. En l'interdisant, il cherche à mettre cette interdiction au service d'un but bien déterminé: éviter l'adultère et vivre dans un climat de pudeur. Cela permet à l'homme de s'assurer les moyens et les conditions nécessaires pour s'écarter des expériences et des épreuves perverses.
Pour cette raison, le Noble Coran affirme l'obligation, pour les Croyants comme pour les Croyantes, de baisser le regard.
Il en est de même pour ce qui est de la nécessité d'éviter l'ornement et la mise en valeur de la beauté physique et ce dans le souci d'éloigner l'homme et la femme des situations susceptibles d'attiser les sensations et les envies de l'instinct et de les orienter vers une direction dangereuse. On trouve, à ce sujet, des Traditions légales qui évoquent le caractère répréhensible des rencontres seul à seul d'un homme et d'une femme. La qualification légale considérant ce genre de rencontres comme répréhensibles peut se muter en une qualification légale les considérant comme totalement illicites dans le cas où l'on sait pertinemment qu'elles auront des conséquences négatives, ou même lorsqu'on sait que de telles conséquences sont probables. Face à la Tradition attribuée à az-Zahra' (p) disant:
"Il vaut mieux pour les femmes de ne pas voir les hommes et de ne pas être vues par eux", ce qui se présente à l'esprit ce n'est pas le refus de la vision considérée dans sa signification littérale, mais plutôt le refus de la promiscuité dans la mesure où cette dernière est susceptible d'avoir des conséquences négatives du fait qu'elle permet à l'homme et à la femme de s'approcher de l'expérience difficile à travers l'échange des regards ou des sentiments intimes.
Nous parlons de ces faits dans le but d'introduire la question principale consistant à s'interroger sur la signification de ce terme qu'est l'amitié. La question qu'on peut poser est la suivante: ce que l'on entend par le mot "amitié" est-il l'existence d'une relation entre un homme et une femme toute semblable à la relation entre un homme et un autre homme ou entre une femme et une autre femme, relation du genre qu'on trouve dans le domaine des conversations, dans celui des études ou dans celui des affaires sociales, relation où les sentiments s'arrêteraient devant des frontières bien déterminées avant d'aborder le côté sensuel et instinctif?
S'agit-il d'une amitié qui donne aux deux parties l'impression d'une relation fondée sur la compréhension et le respect mutuel, d'une relation qui répond au besoin des deux parties de se rencontrer dans des buts du genre culturel, social ou politique ? S'il s'agit d'une amitié de ce genre, les réserves que peuvent nous suggérer certains climats islamiques moraux ou certaines qualifications islamiques ne concernent que deux points de nature différente.