Rêve.
Il me semblait que tout fût brumeux et nacré autour de moi,
avec des présences multiples et indistinctes,
parmi lesquelles cependant se dessinait assez nettement la seule figure d'un homme jeune
dont le cou trop long semblait annoncer déjà par lui-même le caractère à la fois lâche et rouspéteur du personnage. Le ruban de son chapeau était remplacé par une ficelle tressée.
Il se disputait ensuite avec un individu que je ne voyais pas,
puis, comme pris de peur, il se jetait dans l'ombre d'un couloir.
Une autre partie du rêve me le montre marchant en plein soleil devant la gare Saint-Lazare.
Il est avec un compagnon qui lui dit : «tu devrais faire ajouter un bouton à ton pardessus.»
Là-dessus, je m'éveillai.
Pronostication.
Lorsque viendra midi, tu te trouveras sur la plate-forme arrière d'un autobus
où s'entasseront des voyageurs parmi lesquels tu remarqueras un ridicule jouvenceau :
cou squelettique et point de ruban au feutre mou.
Il ne se trouvera pas bien, ce petit.
Il pensera qu'un monsieur le pousse exprès, chaque fois qu'il passe des gens qui montent ou descendent.
Il le lui dira, mais l'autre ne répondra pas, méprisant.
Et le ridicule jouvenceau, pris de panique, lui filera sous le nez, vers une place libre.
Tu le reverras un peu plus tard, cour de Rome, devant la gare Saint-Lazare.
Un ami l'accompagnera, et tu entendras ces paroles :
«ton pardessus ne croise pas bien ; il faut que tu y fasses ajouter un bouton.»
L'arc-en-ciel.
Un jour, je me trouvai sur la plate-forme d'un autobus violet.
Il y avait là un jeune homme assez ridicule : cou indigo, cordelière au chapeau.
Tout d'un coup, il proteste contre un monsieur bleu.
Il lui reproche notamment, d'une voix verte,
de le bousculer chaque fois qu'il descend des gens.
Ceci dit, il se précipite, vers une place jaune, pour s'y asseoir.
Deux heures plus tard, je le rencontre devant une gare orangée.
Il est avec un ami qui lui conseille de faire ajouter un bouton à son pardessus rouge.
Hésitations.
Je ne sais pas très bien où ça se passait… dans une église, une poubelle, un charnier ?
Un autobus peut être ?
Il y avait là… mais qu'est-ce qu'il y avait donc là ? Des œufs, des tapis, des radis ? Des squelettes? Oui, mais avec encore leur chair autour, et vivants. Je crois bien que c'est ça. Des gens dans un autobus. Mais il y en avait un (ou deux ?) qui se faisait remarquer, je ne sais plus très bien par quoi. Par sa mégalomanie ? Par son adiposité ? Par sa mélancolie ? Mieux… plus exactement… par sa jeunesse ornée d'un long… nez ? menton ? pouce ? non : cou, et d'un chapeau étrange, étrange, étrange. Il se prit de querelle, oui c'est ça, avec sans doute un autre voyageur (homme ou femme ? enfant ou vieillard ?) Cela se termina, cela finit bien par se terminer d'une façon quelconque, probablement par la fuite de l'un des deux adversaires. Je crois bien que c'est le même personnage que je rencontrai, mais où ? Devant une église ? devant un charnier ? devant une poubelle ? Avec un camarade qui devait lui parler de quelque chose, mais de quoi ? de quoi ? de quoi ?
Précisions.
Dans un autobus de la ligne S, long de 10 mètres, large de 2,1, haut de 3,5, à 3 km. 600
de son point de départ, alors qu'il était chargé de 48 personnes, à 12 h. 17,
un individu de sexe masculin, âgé de 27 ans 3 mois 8 jours, taille de 1 m 72 et pesant 65 kg
et portant sur la tête un chapeau haut de 17 centimètres dont la calotte était entourée d'un ruban long de 35 centimètres,
interpelle un homme âgé de 48 ans 4 mois 3 jours et de taille 1 m 68 et pesant 77 kg.,
au moyen de 14 mots dont l'énonciation dura 5 secondes et qui faisaient allusion
à des déplacements involontaires de 15 à 20 millimètres.
Il va ensuite s'asseoir à quelque 2 m. 10 de là.
118 minutes plus tard il se trouvait à 10 mètres de la gare Saint-Lazare, entrée banlieue,
et se promenait de long en large sur un trajet de 30 mètres
avec un camarade âgé de 28 ans,taille 1 m. 70 et pesant 71 kg.
qui lui conseilla en 15 mots de déplacer de 5 centimètres, dans la direction du zénith,
un bouton de 3 centimètres de diamètre.