Le Maroc avance, personne ne le conteste, roi compris. Le Maroc connaît des problèmes, personne ne pense le contraire, roi compris. Dans son discours du Trône du 30 juillet, le roi Mohammed VI a relevé d’une manière tout fait réaliste un certain nombre de points d’ombre, de questions et de questionnements indiquant que le Maroc, à l’instar des autres pays, connaît des points forts mais aussi des défaillances, de nombreuses défaillances.
Or, voici qu’une mal7ama a été diffusée le 29 juillet à l’occasion de la fête du trône sur les chaînes nationales et sur YouTube, intitulée Maghreb Mochreq . Un clip long à n’en pas finir, insupportable de grandiloquence et d’insignifiance, évoquant vaguement les « grandes œuvres » de la non moins grande famille Kim de Corée du Nord. Et ça tombe à plat si on lit le discours royal qui, lui, est bien plus réaliste et sérieux.
Alors pourquoi une telle Mal7ama qui nous fait revenir aux périodes les plus sombres de l’histoire récente du pays quand, à force de vouloir nier l’évidence, on se laissait aller à une méthode Coué de fort mauvais aloi ?Tout va bien Madame la Marquise, chantent en substance les artistes, avec des images d’Epinal sorties tout droit des brochures de tourisme élaborées par un fonctionnaire aussi incompétent que consciencieux et soucieux de sa carrière.Naïma Samih, Hatim Amor, Jamal Debbouze, Jannat, Mohamed El Idrissi, Abdelfattah Grini et autre Najat Atabou, sous l’œil averti, ou perverti, du réalisateur Moncef Malzi,sont venus nous présenter sur des rythmes dissonants, presqu’effrayants, une réalité qui n’existe que dans quelques imaginations myopes.
sont venus nous présenter sur des rythmes dissonants, presqu’effrayants, une réalité qui n’existe que dans quelques imaginations myopes.
On y voit un Maroc sous ses meilleurs atours, des trains qui roulent, des bateaux qui rugissent, de beaux, de très beaux soldats qui défilent, des usines aux cheminées fumantes, des artistes souriants de toutes leurs belles dents blanches … autant de choses qui ne convaincraient pas le dernier des sots de ce qu’on s’est donné comme objectif de lui faire croire.
Quand on pense que le souci principal du Maroc et des Marocains est leur sacro-sainte image extérieure, on peut dire que cette image pourrait être sérieusement écornée par ce machin, érigé en œuvre artistique, au nom pompeux de Malhama (l’épopée)…
Bref, de la propagande de très mauvais goût, dont nous nous serions bien passés. Parfois, on se demande qui gère la com dans ce pays. Le Maroc n’est pas une marque commerciale dont on vante les mérites, mais une société avec ses problèmes, un gouvernement avec ses manquements, une classe politique avec ses (très nombreuses) défaillances. Reconnaître cela aurait été une preuve de maturité, le masquer est un signe de stupidité… car, autrement, si tout allait si bien dans le meilleur des mondes, le roi n’aurait pas commandé une étude sur la valeur globale du Maroc. A moins qu’il ne se trompe et que les commanditaires de ce machin aient, eux, raison…
http://www.panorapost.com/avait-on-vraiment-besoin-dune-telle-mal7ama/