François Baroin : effraction, piège à **** !
LE PLUS. Fait rarissime, la séance de questions au gouvernement a été levée mardi. C'est François Baroin qui a mis le feu à l'Assemblée nationale. Mais quand on porte des accusations graves, il faut soi-même être irréprochable. Est-ce bien le cas ?
François Baroin a créé un véritable incident mardi à l'Assemblée nationale en accusant les socialistes d'avoir pris le pouvoir "par effraction" en 1997
Voilà donc comment le ministre de l'Économie considère la victoire des socialistes aux élections législatives de 1997, consécutives à la fameuse dissolution de l'Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac quelques semaines plus tôt.
Un vol, une spoliation, une conquête irrégulière du pouvoir
Cette victoire par les urnes serait une effraction, c'est à dire tout à la fois un vol, une spoliation, une conquête irrégulière du pouvoir : rien de moins qu'un déni de démocratie qui a provoqué la colère de ses collègues socialistes au point que Bernard Accoyer, président de l'Assemblée nationale, a dû suspendre puis lever la séance de questions au gouvernement.
On se demande un peu ce qu'il a pris à François Baroin, certainement emporté par la charge qu'il était en train de mener contre le PS. Ceci dit, c'est sur quelques mots prononcés par le ministre un peu plus tôt dans la même phrase que je me suis plus particulièrement arrêté. La voici dans son intégralité :
"Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité, de vous accrocher à des vieilles lunes socialistes qui vous ont certes conduit par effraction au pouvoir en 1997 ?".
Le 12 août, François Baroin nous chantait une berceuse
Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité... Ces quelques mots m'ont renvoyé quelques mois en arrière. C'était au mois d'août, le 12 pour être précis, et François Baroin nous chantait une berceuse en maintenant la prévision de croissance à 2% pour 2011 alors qu'elle n'avait été que de 0,9% au 1er trimestre et nulle au 2e trimestre :
Il ne fallait pas être spécialement doué en économie pour se rendre compte que cet objectif de croissance était quasiment impossible à atteindre. Mais François Baroin entretenait volontairement l'illusion. Aujourd'hui, on sait que le chiffre de 1% de croissance à la fin de l'année sera le bout du monde.
Je vous retourne la question
"Est-ce du courage de mentir, de basculer dans la démagogie, de taire la vérité...". Je vous retourne donc la question François Baroin. Ce jour-là vous avez sciemment menti et c'est justement ce point de croissance manquant qui a obligé votre gouvernement à annoncer lundi dernier un plan de rigueur. Plan de rigueur sur lequel portait la question du député socialiste qui a déclenché votre répartie violente dans l'hémicycle.
La boucle est bouclée.
Par Florian Courgenouil.