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Svetlana Tsikhanovskaïa, candidate à la présidentielle par amour, devenue le visage de la révolte biélorusse
Cette mère de famille, que l’autocrate Alexandre Loukachenko a laissée se présenter au scrutin d’août par mépris, a finalement entraîné la rue.
Par Claire Gatinois Publié le 21 août 2020
Svetlana Tsikhanovskaïa, le 9 août, dans son bureau de vote.
Intimidée ? Un peu. Evasive ? Parfois, dès qu’elle était interrogée sur sa propre sécurité. Mais déterminée. Pour la première fois depuis son arrivée précipitée à Vilnius, Svetlana Tikhanovskaïa, candidate à l’élection présidentielle biélorusse le 9 août, s’est présentée devant la presse, vendredi 21 août. Sans s’appesantir sur son propre sort, elle a formulé l’espoir que « le bon sens l’emportera », et qu’un dialogue s’instaurera, en vue d’un nouveau scrutin, entre l’opposition et le régime d’Alexandre Loukachenko. Mais son message est clair : le peuple « n’acceptera jamais plus le leadership actuel ».
Pendant ce temps, celui-ci promettait une résolution de la crise « dans les jours qui viennent ». Les premiers membres du conseil de coordination de l’opposition étaient convoqués par la police, dans le cadre d’une enquête pour tentative de coup d’Etat.
Le 17 août, dans une vidéo, Svetlana Tikhonovskaïa avait accepté sa mue personnelle, encore inimaginable il y a quelques mois. « Je suis prête à agir en tant que chef de la nation (…) afin que le pays s’apaise et revienne à la normale. Afin que nous puissions libérer tous les prisonniers politiques et préparer un cadre juridique », disait-elle.
Candidate à l’élection présidentielle par amour, Mme Tsikhanovskaïa, 37 ans, s’est présentée devant les électeurs sans y croire. Comment imaginer qu’elle, mère de famille des plus ordinaires, pourrait déstabiliser un autocrate à la tête du pays depuis vingt-six ans ? Et pourtant. C’est, à l’issue d’élections massivement falsifiées, qu’elle a fait vaciller Alexandre Loukachenko, entraînant la rue à se mobiliser pour défendre son vote.
Portée par la colère
Le destin de cette mère au foyer bascule au mois de mai. Son mari, le blogueur Sergueï Tsikhanovski, vient d’être arrêté. Emprisonné pour trouble à l’ordre public, l’homme est en réalité coupable d’avoir osé défier le régime en révélant la disgrâce de M. Loukachenko auprès de la population. Pendant des semaines, il a parcouru le pays filmant, dans les villes et les campagnes, les griefs des habitants à l’encontre du chef de l’Etat. Un président qui aime à se faire appeler « Batka » (« le père »), mais refuse de protéger son peuple contre le Covid-19, qu’il considère comme une psychose que l’on soigne au grand air. Il se lance ainsi dans la campagne présidentielle avec pour seul programme de mettre fin au règne du « cafard ». Lorsqu’il est mis derrière les barreaux, Mme Tsikhanovskaïa, portée par la colère, le remplace.
La suite est réservée aux abonnés.
Cette mère de famille, que l’autocrate Alexandre Loukachenko a laissée se présenter au scrutin d’août par mépris, a finalement entraîné la rue.
Par Claire Gatinois Publié le 21 août 2020
![Svetlana Tsikhanovskaïa, le 9 août, dans son bureau de vote. Svetlana Tsikhanovskaïa, le 9 août, dans son bureau de vote.](https://img.lemde.fr/2020/08/20/0/0/4587/3054/688/0/60/0/fa77e96_641744659-806655.jpg)
Svetlana Tsikhanovskaïa, le 9 août, dans son bureau de vote.
Intimidée ? Un peu. Evasive ? Parfois, dès qu’elle était interrogée sur sa propre sécurité. Mais déterminée. Pour la première fois depuis son arrivée précipitée à Vilnius, Svetlana Tikhanovskaïa, candidate à l’élection présidentielle biélorusse le 9 août, s’est présentée devant la presse, vendredi 21 août. Sans s’appesantir sur son propre sort, elle a formulé l’espoir que « le bon sens l’emportera », et qu’un dialogue s’instaurera, en vue d’un nouveau scrutin, entre l’opposition et le régime d’Alexandre Loukachenko. Mais son message est clair : le peuple « n’acceptera jamais plus le leadership actuel ».
Pendant ce temps, celui-ci promettait une résolution de la crise « dans les jours qui viennent ». Les premiers membres du conseil de coordination de l’opposition étaient convoqués par la police, dans le cadre d’une enquête pour tentative de coup d’Etat.
Le 17 août, dans une vidéo, Svetlana Tikhonovskaïa avait accepté sa mue personnelle, encore inimaginable il y a quelques mois. « Je suis prête à agir en tant que chef de la nation (…) afin que le pays s’apaise et revienne à la normale. Afin que nous puissions libérer tous les prisonniers politiques et préparer un cadre juridique », disait-elle.
Candidate à l’élection présidentielle par amour, Mme Tsikhanovskaïa, 37 ans, s’est présentée devant les électeurs sans y croire. Comment imaginer qu’elle, mère de famille des plus ordinaires, pourrait déstabiliser un autocrate à la tête du pays depuis vingt-six ans ? Et pourtant. C’est, à l’issue d’élections massivement falsifiées, qu’elle a fait vaciller Alexandre Loukachenko, entraînant la rue à se mobiliser pour défendre son vote.
Portée par la colère
Le destin de cette mère au foyer bascule au mois de mai. Son mari, le blogueur Sergueï Tsikhanovski, vient d’être arrêté. Emprisonné pour trouble à l’ordre public, l’homme est en réalité coupable d’avoir osé défier le régime en révélant la disgrâce de M. Loukachenko auprès de la population. Pendant des semaines, il a parcouru le pays filmant, dans les villes et les campagnes, les griefs des habitants à l’encontre du chef de l’Etat. Un président qui aime à se faire appeler « Batka » (« le père »), mais refuse de protéger son peuple contre le Covid-19, qu’il considère comme une psychose que l’on soigne au grand air. Il se lance ainsi dans la campagne présidentielle avec pour seul programme de mettre fin au règne du « cafard ». Lorsqu’il est mis derrière les barreaux, Mme Tsikhanovskaïa, portée par la colère, le remplace.
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